Au lendemain du référendum de 1995, je me retrouvai, par hasard, chez mes
parents. Mon père qui était né pour un petit pain, m’accueillit à la
porte en se tapant dans les mains, tout sourire, et me dit : Il l’a perdu
son référendum ton Parizeau. Sans hésitation je lui répondis : tant et
aussi longtemps qu’on chiera dans notre froc, on restera des moutons qui
ne savent que suivre docilement. Je ne sais trop pourquoi, mes paroles lui
firent perdre son sourire et il ne pipa mot du reste de la journée.
D’emblée, je dois m’en confesser, je ne suis pas péquiste parce que
je n’arrive pas à leur pardonner le sucre qu’ils ont cassé sur le dos
des enseignants (moi qui ai œuvré dans cette noble profession pendant 34
ans) et des autres employés de la fonction publique, au début des années
1980. Je ne le suis pas non plus parce que je suis un tenant de la
décentralisation et de la sociale démocratie. Lorsque j’entends le
normatif ministre des Finances M.Marceau nous servir ses budgets, je n’y
vois pas l’ombre d’un social-démocrate. Tant qu’à me confesser
aussi bien le dire, je suis un nationaliste dans l’âme et que suis fier
d’appartenir à ce que René Lévesques appelait : Quelque chose comme un
grand peuple.

Alors, je ne peux pas croire, suivant avec intérêt la campagne
électorale actuelle, que la stratégie de peur, de chasse aux sorcières
et de chimères qu’alimente M. Couillard du parti libéral, aura prise
une fois de plus.

Comment peut-on oublier que c’est cette stratégie dont usa Bourassa, le
libéral, lors de la campagne de 1976 voyant qu’il perdrait les
élections; c’est à cette même peur que fit appel Trudeau, le libéral,
lorsqu’il demanda aux Québécois de voter NON au référendum de 1980 et
que cela voudrait dire OUI (on sait ce qui est advenu pour le Québec); ce
sont ces mêmes spectres que réveilla Jean Chrétien, le libéral, au
référendum de 1995, usant de stratégies quasi mafieuses pour financer le
camp du non; et c’est aussi cette peur qu’alimenta Jean Charest, le
libéral, pour avoir les deux mains sur le volant et l’on voit avec la
Commission Charbonneau comment il a conduit le Québec pendant 9 ans,
allant, en catimini, jusqu’à se faire verser un salaire supplémentaire
par son propre parti; et aujourd’hui, le libéral Couillard ressort le
spectre de la peur pour appeler le vote en sa faveur.
Eh bien moi, vous ne me faites pas peur avec vos balivernes et vos
soi-disant fantômes dans le placard.

Oui le Parti Québécois est un parti souverainiste, tout le monde le sait.
Et je vous dirais qu’ils ne sont pas les seuls à vouloir « devenir
quelque chose comme un grand peuple », Québec Solidaire et Option
Nationale le clament plus haut et plus fort que ne le fait le P.Q. Alors
vous ne nous apprenez rien, M. Couillard, en disant qu’éventuellement il
pourrait y avoir un référendum. Monsieur, si ce n’est pas le P.Q qui le
tiendra, ce sera d’autres qui prendront la relève.
Bien que je n’aie pas peur, je suis outré!
J’en ai ma claque vous entendre radoter que c’est l’économie et
particulièrement l’emploi qui est prioritaire et que vous allez créer
250,000 emplois sur 5 ans. Monsieur Couillard vous nous prenez pour des
idiots. Peu importe la couleur du gouvernement en place, sachez que dans
des conditions normales le Québec génère approximativement 50,000
emplois/an. Et c’est l’économiste Ph.D que je suis qui vous le
confirme.

Je suis outré d’entendre l’un de votre trio d’économistes
s’écouter triturer les statistiques pour nous dire qu’il y a eu perte
d’emplois au Québec. L’économiste que je suis a beau regarder de tous
les angles les statistiques d’emploi sur le site officiel du gouvernement
du Québec et je vois qu’il y a eu création d’emplois par trimestre et
par mois. Qui plus est les emplois à temps plein ont supplanté ceux à
temps partiel.

Monsieur votre trio d’économistes provenant du secteur de la finance ne
m’impressionne pas du tout. Au contraire, ils me font peur par leur
suffisance et leur arrogance et surtout si l’on se rappelle ce que ce
secteur a créé comme crise financière mondiale en 2008. Crise dont nous
nous sortons à peine. Mais encore, ils prétendent relancer l’économie
du Québec par des travaux d’infrastructure. Monsieur le 21e siècle
n’en est plus à l’asphalte et au béton. Nous nous devons d’avoir
une vision long terme pour toutes questions d’infrastructure et penser un
développement durable en respect de l’environnement.

Monsieur Couillard, je suis outré de vous avoir vu tergiverser sur la
question de la laïcité, cherchant plus la voie qui appellerait les votes
pour votre parti, que celle qui serait le plus pertinente pour un Québec
de la Révolution tranquille gagnée de chaudes luttes. Pour votre
gouverne, je vous demanderais d’entendre l’inspirant mémoire du
professeur émérite M.Guy Rocher qui fut l’un des participants à la
Commission sur la Charte des valeurs. Je vous inviterais, aussi, à lire «
L’identité malheureuse » du philosophe Alain Finkielkraut qui traite,
sagement et sans intentionnalité, de la question de la laïcité.
Monsieur Couillard vos chimères ne me font pas peur et comme le dit si
bien John Lennon dans «Imgine» : You may say Im a dreamer, but Im not the
only one.

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