Bellemarregate, une opportunité de bonne guerre ?

Commission Bastarache, pilule du lendemain pour un viol collectif

Ou un fouet à la conscience collective

Tribune libre

Record d’écoute et record de nouvelle au Québec, bientôt titreront les chroniqueurs commentant le travail de la commission Bastarache, ou plutôt le «Bellemarregate». De loin, on sera tenté de s’en réjouir, de croire que la population prend l’affaire au sérieux et veuille aller au fond des choses. Ceci est peut être vrai. Hélas, à lire nos médias, on ne peut que vite déchanter. La vitrine de la commission y est présentée dans le format de la téléréalité. Toujours la trappe du sensationnalisme médiatique à la sauce piquante de scandales avec sucrerie de bouffonneries. Nul besoin d’exemple. Assez chanté, belles cigales. Sonnez s’il vous plait la fin de la récréation.
Bellemarregate ou viol collectif
A voir la chose en profondeur, Marc Bellemarre est avec Charest dans le ring de nos institutions de bonne gouvernance. Ses révélations et son combat auront manifestement été dirigés contre Charest, qu’on dira un combat de coqs. Hélas, plus que cela, ce sont nos institutions qui absorbent les coups et qui subissent à s’y méprendre une sournoise démolition. Personnellement, je ne saurais plus considérer avec le même respect un juge, un ministre, un élu, …, non pas par soupçon d’incompétence plutôt parce que sur eux planera le spectre de copinages incestueux et d’influences indues. C’est dégoutant et c’est d’autant troublant de voir que toutes nos institutions perdent leur lustre, inexorablement une à une comme dans une télésérie dramatique. Que nous reste-t-il du capital de sympathie et de confiance envers nos ordres religieux, social, syndical, patronal, policier, politique, …, et depuis récemment, judiciaire? Avons-nous conscience des façons que tout est en train de se déconstruire?
«Tout est sous contrôle, rien de tragique, on n’est pas dans une république bananière», avons-nous à dire. Bien que j’apprécie avoir un témoignage oculaire sur la gangrène du trafic d’influences, je trouve malheureux, irresponsable, cynique et malsain qu’un juriste, avocat et ancien ministre de la justice puisse aussi spectaculairement nous vendre l’image d’un système judiciaire non indépendant. «Me voici, chère patrie, je t’ai trompé. J’ai, avec mon ancien patron violé ton âme, la voici enceinte de moi, de nous, et qui sait de plusieurs autres avant nous». Ainsi puis-je paraphraser Marc Bellemarre. N’aurait-il pas mieux fait d’œuvrer autrement à faire corriger le système, comme député d’un autre parti par exemple? Tant pis, nous prendrons la pilule Bastarache, pour arracher les avortons.
Pointe d’iceberg
Je n’ai pas qu’une perception amère du Bellemarregate. Qui sait encore compter le nombre de commissions tenues au Québec? Et combien réclamées ? Nous sommes en mode de gouvernance par commissions. Partout ca craque, plus possible de faire confiance aux institutions, aux professions. Le Québec risque d’être ingouvernable, rien qu’à voir la succession de leaders passés au passoir les dix dernières années.
Il y a un profond problème. Partout il y a des problèmes. Un des plus préoccupants, c’est que nous ne savons plus que voir des problèmes, et pire, sachant pas comment leur adresser de bonnes solutions. Très tentant de vite monter aux barricades, ou envahir les tribunaux et gaver les avocats! L’argent est ce qui manque le moins, même qu’il faille s’endetter. Hélas, c’est aussi le sou qui nous voile l’esprit. J’inviterai les formations politiques à mieux articuler leurs projets de société. Ensuite, que les médias, les élus et le gouvernement pèsent moins sur les pédales d’argents et plus sur celles de l’intelligence et de la qualité humaine, soignent l’offre de communications, d’informations et d’opinions publiques. Car les perceptions et les attitudes font partie des sources à bien de maux qui minent la gouvernance de notre destin commun.

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François Munyabagisha79 articles

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Psycho-pédagogue et économiste, diplômé de l'UQTR
(1990). Au Rwanda en 94, témoin occulaire de la tragédie de «génocides»,

depuis consultant indépendant, observateur avisé et libre penseur.





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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    5 septembre 2010

    Dans cette guerre entre fédéralistes il ne faut pas oublier que les libéraux fonctionnent comme une mafia avec l'obligation de l'Omerta ,
    Et malheur à celui qui ose transgresser l'Omerta
    De mémoire je crois que c'est une première sauf le cas Coderre qui a très vite repris le rang avec démotion pour avoir dénoncé la dictature libérale de Toronto contre le Québec