COVID-19: à la banque alimentaire pour la première fois de leur vie

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Par ses mesures excessives, Legault a plongé le Québec dans la pauvreté


Un peu partout au Québec, des nouveaux visages se présentent dans les banques alimentaires pour y trouver de quoi manger après avoir perdu leur emploi en raison de la crise du coronavirus. Les demandes de dépannage sont même appelées à doubler rapidement préviennent les banques alimentaires du Québec.


À en croire la file d’attente qui s’étirait longuement hier devant l’organisme La Bouchée Généreuse de Québec, il faudra ajouter la faim à la longue liste des contrecoups de la COVID-19. Des dizaines de personnes, plusieurs occupant un emploi jusqu’à cette semaine et n’ayant jamais mis les pieds dans des organismes d’aide, y attendaient de quoi nourrir leurs familles.


«On ne pensait pas avoir besoin de faire appel à des ressources alimentaires un jour. Mais là, on n'a pas le choix», racontent Willy Alcis et Laurianna Florian, qui travaillent dans la restauration et en hôtellerie.


«On a trois enfants, le logement, deux autos à payer, des paiements à gauche et à droite. J’ai fait mes demandes de chômage, mais pour l’instant, je n’ai toujours pas de réponse», explique M. Alcis, qui se retrouve dans l’incertitude comme des milliers d’autres Québécois.



Willy Alcis et Laurianna Florian ont tous deux perdu leur emploi et doivent maintenant demander de l’aide dans les banques alimentaires pour nourrir leurs trois enfants.

Photo Jérémy Bernier

Willy Alcis et Laurianna Florian ont tous deux perdu leur emploi et doivent maintenant demander de l’aide dans les banques alimentaires pour nourrir leurs trois enfants.




Même chose pour Noucha Parent, qui n’aurait jamais cru elle non plus avoir besoin d’utiliser ce genre de service. «Mon conjoint et moi, on a tous les deux perdu nos emplois à cause du coronavirus, alors on n’a plus le choix», raconte la mère de deux enfants.


Le frigo et les poches vides


À Beauport, parmi la dizaine de personnes qui faisait la file devant la banque alimentaire l’Entraide Agapè, Luc, un carrossier de 59 ans faisait le pied de grue pour la toute première fois de sa vie.


La mise sur pause du Québec et la fermeture du garage où il travaille cette semaine l’ont «pris de court». «Je n’ai pu ben ben d’argent donc j’ai décidé d’arrêter», lâche-t-il.


Luc n’a pas entendu l’appel du premier ministre qui a invité les gens dans le besoin à ne pas être gênés et à se rendre dans les banques alimentaires, mais il représente exactement le type de gens ciblés par le message de François Legault.



Luc, un carrossier qui s’est présenté dans une banque alimentaire pour la première fois de sa vie, jeudi, a reçu une boîte pleine de nourriture.

Photo Nicolas Saillant

Luc, un carrossier qui s’est présenté dans une banque alimentaire pour la première fois de sa vie, jeudi, a reçu une boîte pleine de nourriture.




«Ça ne me fait pas plaisir d’être ici, fait valoir le carrossier, mais il faut bien qu’on mange. Si on n’a pas d’argent, on n’ira pas voler de la nourriture». Le frigo et les poches vident, Luc a tout simplement décidé d’arrêté à l’Entraide Agapè quand il a vu les gens faire la file.


Cinq minutes après être entré à l’intérieur, Luc en est ressorti avec une boite remplie de denrées, et même, un sourire aux lèvres. «Je vais être bon pour un bout, je suis content».


Deux fois plus de demandes


C’est pour ces sourires que le directeur général de l’Entraide Agapè indique avoir réduit les critères d’admissibilité au dépannage. Habituellement l’organisme vient en aide à environ 150 personnes par semaine, parfois 200, mais cette semaine, ce sera 300, probablement plus.


«On voit beaucoup de dépannage pour la première fois, des gens qu’on n’aurait pas vu autrement», indique Daniel Régimbal, qui assure toutefois avoir la capacité d’aider. «On a des réserves pour deux semaines au moins et on fait des collectes dans les épiceries chaque jour. On peut aider encore plus».


Du côté de l’organisme des Banques Alimentaires du Québec, on soutient que les demandes d’aide risquent de rapidement doubler. «En temps normal, on dessert environ 450 000 personnes par semaine. [...] On remarque déjà une hausse, on devrait maintenant desservir plus de 800 000 personnes par semaine avec des paniers, des repas et de l'aide directe pendant la crise», explique Claudia Gastonguay.


«Il y a 42% de la population qui vit paye par paye, donc ces personnes-là ne peuvent pas se permettre d'aller faire des surplus en épicerie.»


— Avec la collaboration de Pierre-Paul Biron et Roxane Trudel


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