Venu à Toronto pour présenter son documentaire à succès Une vérité qui dérange, l'ancien vice-président américain Al Gore a vivement dénoncé le plan du gouvernement canadien de lutte aux changements climatiques. M. Gore est allé jusqu'à qualifier le plan dévoilé la semaine dernière de " fraude totale ".
Venant d'un simple militant écologiste, une telle charge n'aurait pas fait sourciller. Mais de la part d'un homme qui a gouverné, qui sait donc que la politique est l'art du possible, que le juste équilibre entre environnement et économie est difficile à trouver, on se serait attendu à plus de retenue.
Retournons à Kyoto, il y a 10 ans. La délégation américaine fait l'objet de fortes pressions de la part de l'Europe, qui voudrait de sa part un engagement plus contraignant. Le plus haut représentant du gouvernement Clinton - un certain Al Gore... - explique alors à l'assemblée que les États-Unis " ne promettront pas ce que nous ne pouvons pas faire ".
Ça ne vous dit pas quelque chose? C'est exactement le point de vue que défend aujourd'hui le gouvernement de Stephen Harper. Celui-ci a conclu, comme bien des spécialistes, qu'il est devenu impossible pour le Canada d'atteindre les cibles de Kyoto dans les délais prévus. D'où les réductions échelonnées dans le temps proposées par le ministre de l'Environnement, John Baird.
La position de l'administration Clinton-Gore sur Kyoto avait un autre point en commun avec celle des conservateurs canadiens : Washington ne voulait pas ratifier le protocole tant que la Chine et l'Inde ne se seraient pas eux aussi engagés à contrôler leurs émissions de gaz à effet de serre (GES). M. Gore a réitéré ce point de vue le 11 novembre 1998, jour où les États-Unis ont signé le protocole de Kyoto : " La signature, bien qu'elle représente une étape importante, n'impose aucune obligation à notre pays. Nous ne soumettrons pas le protocole au Sénat pour ratification avant que des pays en développement clés participent de façon significative à la lutte aux changements climatiques. " Ça aussi, c'est la vérité : alors qu'il était au gouvernement, Al Gore défendait les intérêts de son pays en même temps que ceux de l'environnement.
Le plan conservateur n'est pas assez audacieux. Mais c'est un début correct qui tient compte des réalités particulières du Canada, notamment du fait que nous avons connu au cours des dernières années une croissance économique bien plus forte que la plupart des signataires de Kyoto et que le pays est un producteur de pétrole de plus en plus important.
On tend, au Québec, à dénoncer la production de pétrole en Alberta comme si celle-ci était la seule responsable des émissions de GES au Canada. En réalité, c'est le secteur des transports qui est le plus grand émetteur de gaz au pays. C'est-à-dire... nous et nos automobiles!
Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a accusé le gouvernement conservateur de sacrifier l'environnement au profit de l'industrie pétrolière de l'Alberta. Paradoxalement le Bloc, dans le dossier du déséquilibre fiscal, n'a cessé d'exiger que la formule de péréquation tienne compte de la richesse pétrolière de l'Ouest. Autrement dit, il voulait que le Québec puisse profiter de l'exploitation du pétrole albertain.
Le récent budget Flaherty a annoncé la réforme de la péréquation souhaitée par le Bloc. Grâce à cela, Québec recevra des centaines de millions de plus chaque année. Et M. Duceppe voudrait freiner la production de pétrole?
Voilà une autre vérité qui dérange : le Canada - notamment le Québec - ne peut se permettre de se priver des bénéfices économiques et fiscaux que lui promet cette mine d'or noir. Le gouvernement fédéral doit, bien entendu, pousser l'industrie à développer des méthodes d'exploitation plus propres. C'est cet équilibre que vise - trop timidement mais légitimement - le plan Baird.
D'autres vérités qui dérangent
De Kyoto à Bali
André Pratte878 articles
[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8a...
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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]
[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.
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