D’où vient l’idée du référendum?

Référendum III

Dans Vigile et d’autres sites, des faussetés surgissent encore à propos de l’origine de l’idée du référendum comme mode d’accession à la souveraineté. Je vais tenter une fois de plus de rétablir les faits, de sorte qu’on en finisse avec certaines légendes.
En 1966 ou 1967, c’est Jean-Jacques Bertrand, avant même de devenir premier ministre, qui songea d’abord à l’idée de requérir, par référendum, l’appui des citoyens pour les positions constitutionnelles du Québec, jusque-là presque toujours avancées par des politiciens. Lorsqu’il devient premier ministre, j’étais son sous-ministre des Affaires intergouvernementales. Il me demanda, ainsi qu’à mon équipe, de réfléchir à une loi qui pourrait encadrer le recours au référendum. Accaparé par d’autres problèmes (notamment la langue) et défait aux élections de 1970, il n’eut pas le temps de pousser ce projet plus loin.
On était alors en pleine négociation constitutionnelle (1968-1971) et les représentants d’Ottawa nous laissaient parfois entendre que les positions défendues par nous ne reflétaient pas nécessairement la volonté réelle de la population qui, nous soulignaient-ils, votait aussi pour Trudeau ! Sauf qu’en discutant informellement avec des hauts fonctionnaires fédéraux, j’en vins à découvrir qu’Ottawa redoutait au plus haut point un éventuel recours au référendum, méthode de consultation populaire peu usitée en régime parlementaire britannique, mais pratiquée dans plusieurs pays. La possibilité que le Québec mise sur l’assentiment du public les perturbait. Ils finirent par reconnaître que, si un référendum sur un enjeu constitutionnel se révélait positif, il confèrerait une légitimité telle aux réclamations québécoises que le gouvernement fédéral ne pourrait désormais plus les considérer comme de simples vœux émanant de politiciens «provinciaux» en quête de pouvoir et de prestige. D’une façon ou d’une autre, il devrait en tenir compte. La dynamique politique en serait transformée.
L’idée de faire servir le référendum non pas seulement à la consolidation des positions constitutionnelles du Québec, mais aussi à la souveraineté m’est venue quelques années plus tard, au moment où j’adhérai au PQ, en grande partie parce que je savais combien cette voie, à cause de sa portée politique, inquiétait les fédéraux. Dans Mes premiers ministres (pages 482-485) et dans L’Affaire Morin (pages 201-205), je raconte comment cette approche m’a été involontairement et ironiquement «suggérée» par la peur qu’elle soulevait chez les plus influents conseillers fédéraux et, je n’en doutai pas une seconde, chez leurs patrons politiques. Une peur de fait confirmée par leur comportement tant en 1980 qu’en 1995.
Par contre, je ne parviens pas à comprendre que des gens aient pu si mal lire mes livres. Qu’ils aient tellement compris de travers ce que j’y écrivais et que d’autres, sur la foi de racontars et sans être eux-mêmes allés aux sources, en soient arrivés à la conclusion saugrenue que l’idée du référendum émanait de stratèges fédéralistes qui m’auraient plus ou moins donné instruction de la faire inscrire au programme du PQ !
À supposer que la voie référendaire soit si perverse et si contre-indiquée que d’aucuns aiment se l’imaginer, il y a belle lurette qu’elle serait disparue du programme du PQ. Elle s’y trouve encore parce qu’elle est un instrument sans pareil d’affirmation politique et aussi pour une autre raison : la première condition qu’on imposera, pour le reconnaître, à un Québec voulant accéder à la souveraineté ce sera de démontrer hors de tout doute qu’une majorité significative de sa population est vraiment d’accord avec cette orientation précise, ce qui n’est possible que par référendum. Je le dis sans détour : dans l’état actuel du monde et nonobstant tel ou tel «précédent» exotique parfois évoqué, il est illusoire de penser et irresponsable de laisser croire que la souveraineté du Québec serait reconnue sous prétexte qu’une majorité de députés d’un parti, surtout s’il est élu avec une minorité du vote populaire, aurait voté une déclaration unilatérale d’indépendance, et ce sans avoir obtenu au préalable, sur cet enjeu bien identifié, le consentement manifeste de sa population. Le Québec est un État démocratique. On s’attendra qu’il continue à l’être.
Il n’est en effet pas exagéré de penser que beaucoup de ceux qui rejettent la voie référendaire le font moins pour des motifs juridiques ou pour s’en tenir, comme ils le disent, aux règles du parlementarisme britannique, mais bien parce qu’ils cherchent un moyen de parvenir à la souveraineté sans s’astreindre à l’assentiment populaire.
Suite: [D’où vient l’idée du référendum ?
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19 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    10 avril 2008

    M.Morin, d'abord je veux vous remercier pour le travail accompli. Bien sûr ce ne fut pas parfait, il y a certaines zones d'ombre mais votre actif dépasse à mon avis largement votre passif . Je me souviendrai toujours du travail par vous tous, toutes accompli. Nous sommes ceux et celles qui vous avons accordé notre confiance et dans l'ensemble, je considère que vous avez livré la marchandise. Je reprocherai à notre parti de s'être coupé de sa base comme si quand les choses se corsent, deviennent sérieuses, il n'y a plus que les élites et les vedettes du parti qui soient à même de mener les affaires. Qu'en est-il aujourd'hui? Je ne sais pas trop, cela pourrait faire l'objet d'un autre échange. L'idée du référendum vient dans la foulée du mouvement souverainiste, de la tentative d'appropriation par notre société de ses leviers de développement de la prise de contrôle du plus grand nombre possible de ses pouvoirs pour en arriver ultimement aux pleins pouvoirs. Vous étiez au coeur de ce formidable projet, un artisan de notre émancipation comme peuple. Notre peuple n'était pas prêt à cette époque. Le deuxième référendum nous a été volé, je me souviens et " Monsieur " avait raison quand il a dit ce qu'il a dit sauf que, à mon avis, le moment n'était pas idéal pour le dévoilement de cette évidente vérité. Ce n'est pas vous seul qui n'avez pas remporté la victoire, ce sont tout nos compatriotes qui veulent le vrai changement qui ont dû encaisser les piètres résultats des consultations populaires. Si nous avions été meilleurs collectivement, plus unis, solidaires, persuasifs, nous serions maintenant souverains. Nous avons progressé et pouvons continuer à avancer jusqu'au but, ensemble. Si nous ne parvenons pas à resserrer les rangs, si nous nous divisons davantage nous reculerons davantage. Je souhaite que nous soyons unis dans un seul et même combat vers l'autodétermination de notre peuple. C'est tellement facile de placer un "x" au bon endroit quand il s'agit de nous donner notre propre pays. Si nous sommes capables de faire baisser l'indice de peurs au Québec je crois que la majorité d'entre nous agiront positivement. Comment pouvons-nous faire baisser l'indice de peurs...en cessant de nous blâmer mutuellement de nous excommunier de nous mépriser. Continuons le combat rien n'est perdu, au contraire! Tout est possible si nous le voulons.

  • Archives de Vigile Répondre

    10 avril 2008

    Dans D’où vient l’idée du référendum, Claude Morin (Vigile, 6-04-08) en précise la genèse et défend la pertinence d’un référendum dans un processus de négociation constitutionnelle. Tout ce qu’il écrit répète ce qu’il a toujours avancé.
    Que cette idée ait été partagée par de hauts fonctionnaires fédéraux, cela n’en fait pas les géniteurs de son insertion dans le paysage péquiste en 1974. Claude Morin, après discussion avec certains d’entre eux à diverses occasions, a tout simplement soumis un rapport au Conseil exécutif national, qui signalait la pertinence de cette voie. Préalablement, Robert Marceau avait déposé un document, peu avant le Congrès, qui préconisait de procéder par étapes pour faire valoir la social-démocratie et la souveraineté.
    Au Congrès de novembre 1974, le PQ intégra le référendum à son programme comme modalité d'accession à la souveraineté. Ce n’est qu’en 1976, à l’occasion du dévoilement de la plate-forme électorale de ce parti, qu’est apparue l’idée de bonne gouvernance pour réaliser des réformes et la tenue, en fin de mandat, d’un référendum. Il en découla une mise au rancart du mode d’accès à la souveraineté à la suite d’une prise du pouvoir et de la tenue, peu après, d’un référendum sur un projet de constitution.
    Aujourd’hui, cette idée revient. Certains estiment qu’une déclaration d’indépendance, avec une majorité de députés sans une majorité de soutien des électeurs, est suffisante pour négocier la sécession du Québec du Canada, quitte s’il y a blocage, à recourir à un référendum sur une constitution ou, le cas échéant, à chercher un appui venant de pays reconnus. L’argument de base des tenants de ces thèses est qu’ainsi procédèrent les Pères de la Confédération sur la base des règles du régime parlementaire britannique devenu nôtre.
    Morin a raison de questionner leur thèse. Sans soutien majoritaire des électeurs, ce sera l’impasse. Je dirais plus. Les Pères de la Confédération le devinrent parce que la Grande-Bretagne exigea l’expression d’une majorité de députés de l’ex-Bas-Canada pour que soit créé le Dominion of Canada. En d’autres termes, ce n’est pas la procédure utilisée qui conduisit à la création de l’entité politique qu’est le Canada, mais l’aval donné à cette procédure par la Grande-Bretagne.
    Revenons maintenant à l’idée, chère à Claude Morin, selon laquelle un référendum « est un instrument sans pareil d’affirmation politique » la seule façon « de démontrer hors de tout doute qu’une majorité significative de sa population est vraiment d’accord » avec la souveraineté.
    Effectivement, un référendum est un instrument valable, que les Nations unies privilégient et auquel recourent plusieurs pays pour trancher des questions internes. Ce n’est toutefois pas le seul moyen. Une élection portant sur un thème précis, notamment celui de faire du Québec un pays souverain au sens international du terme, ce qui veut dire un pays indépendant du Canada, a autant de valeur. C’est ce qu’a clairement démontré Viva Ona Bargkus dans The Dynamic of Secession (1999).
    Aussi, suis-je surpris que Claude Morin persiste à soutenir que le seul moyen est un référendum, surtout qu’il sait très bien que, depuis la Loi sur la clarté (2000), le Canada est devenu le maître du jeu en matière référendaire et que, de l’avis des juristes internationaux, son recours nécessite, au préalable, une entente entre les entités en cause sur la question, le pourcentage, les modalités de réalisation et la supervision à la fois du déroulement et des suites au référendum.
    Les cas récents d’accession à l’indépendance réalisée à la suite d’un référendum, dont ceux du Timor-Leste et du Monténégro, l’ont été dans le cadre d’une entente préalable portant sur ces points précis. Entre le Québec et le Canada, il n’existe pas une telle entente, de telle sorte que recourir à un référendum pour enclencher le processus d’accession à l’indépendance peut conduire à une impasse. Dans un tel contexte, le seul moyen d’éviter l’impasse est une élection décisionnelle, ce que j’ai expliqué dans Pour sortir de l’impasse référendaire (2005).
    Une telle élection implique de procéder seulement s’il y a un soutien (50 % + 1) majoritaire des électeurs lors d’une élection au cours de laquelle les partis prônant l’indépendance du Québec font de celle-ci leur priorité. Un tel soutien, s’il y a un pacte entre ces partis, conduira à l’élection une majorité de députés. Il en découlera que le peuple québécois aura choisi, par voie électorale, de se doter d’un pays et, point des plus importants, les députés élus auront en toute légitimité le mandat de procéder.
    Le Conseil nationale du PQ n’a pas évacué de son programme, ce que rappelle Claude Morin, l’idée de tenir un référendum. Il a plutôt décidé de sursoir à son recours de façon obligeante et, depuis, inscrit sa démarche dans l’esprit des thèses mises de l’avant par Robert Marceau, misant sur une révision de la social-démocratie, un renflouement de l’identitaire et le discours.
    Cette démarche, à mes yeux, a pour mire le rétroviseur plus que le pare-brise. Elle fait l’économie de revenir à l’essentiel, qui est de créer démocratiquement un pays, seule façon de construire au Québec un avenir à la hauteur de nos aspirations. Elle le fait parce que ce parti refuse de revoir une démarche prônée en 1974 et piégée depuis à la faveur d’une élection décisionnelle qui permettrait de ramener l’indépendance du Québec comme objet de lutte politique. Ce qu’elle est.

  • Raymond Poulin Répondre

    9 avril 2008

    On le constate une fois de plus en lisant certains commentaires: il est facile de juger l'Histoire à posteriori, comme si ce qui devient évident 10, 20, 30 ans après les faits pouvait l'être au moment où ils ont eu lieu. Cela se nomme de l'anachronisme.

  • Archives de Vigile Répondre

    9 avril 2008

    Je ne serai pas gentille pour M. Morin. Il prétend avoir suggéré le référendum parce que ce moyen semblait faire peur aux fédéraux. Le problème de M. Morin, c'est sa lecture des stratégies des fédéraux. Il a constamment voulu jouer au plus fin avec eux. Il a également fait cela lorsqu'il a accepté d'être informateur pour la GRC. Il croyait obtenir davantage d'informations qu'il n'en donnerait, a-t-il expliqué. Nous n'avons aucun moyen de savoir qui a reçu plus que l'autre, dans cette étrange histoire.
    Et aujourd'hui nous n'avons aucun motif de faire confiance à quelqu'un qui s'est montré présomptueux à ce point dans le passé, et qui s'est trompé aussi grossièrement.
    Monsieur Morin nous pardonnera notre scepticisme à son égard.

  • Archives de Vigile Répondre

    9 avril 2008

    1 - L'idée d'un référendum sur une question n'était pas mauvaise en soi. C'est sa dérive qui l'est devenue en la transformant en dogme en empêchant ainsi toute forme de souplesse et de créativité au sein du mouvement indépendantiste.
    2 - Le référendisme sur une question transformé en dogme a eu pour effet de démobiliser les meilleurs militants de l'indépendance et de sortir le discours indépendantiste du débat public. Plus besoin du débattre, d'argumenter, d'inventer, de combattre, le gouvernement va tenir un référendum sur la question. On a créé ainsi 3-4 générations de politiciens professionnels provinciaux et on leur a donné un "carré de sable" provincial pour s'amuser tout en empêchant les véritables débats dans la population. Et vous personnellement, vous en avez profité beaucoup : honneur, carrière, privilèges, argent, reconnaissance, contrats etc. Pendant ce temps-là, nous les militants, on ramassait gratuitement et bénévolement les 5$ et on donnait temps et argent pour la cause.
    3 - Depuis que le référendisme est devenu le dogme officiel du PQ, comme l'infallibilité du Pape celui de l'Église catholique, aucune élection n'a eu comme thème l'indépendance nationale de notre patrie. Aucune. Le plus grand mythe du Parti québécois est celui de la "promotion de la souveraineté" et le fameux "Sortir, parler, convaincre" a toujours été une farce grossière. Sans parler de l'échec de la fameuse École de la souveraineté qui n'a jamais été rien d'autre qu'un petit comité de travail "intra muros" ridicule et borné.
    4 - Après la Saison des idées et le XVè Congrès de 2005, tous les espoirs étaient permis de nouveau, car les militants de la base ont décidé de forcer le Parti québécois à présenter à l'électorat un "projet de pays" accompagné d'un cadre financier d'un Québec souverain suivi d'un référendum dans le premier mandat. La cinquième colonne a fait son oeuvre et voyez le résultat : Le projet de pays a pris le bord des poubelles avec l'équipe Boisclair et l'obligation référendaire l'a suivi avec l'équipe Marois.
    5 - En 2008, après 40 ans de tergiversations, exiger encore et toujours que la seule voie acceptable d'accession à l'indépendance passe par un référendum sur une question c'est comme exiger de passer un fil dans le chas minuscule d'une aiguille avec des gens qui ont la main tremblotante de peur.
    6 - Me semble qu'après toutes ces années de réflexion, il est peut-être grand temps aujourd'hui de faire aller vos méninges et d'arriver avec des idées neuves qui pourraient rallier tout le monde. Cela vous permettrait de faire d'une pierre deux coups. Vous réhabiliter auprès d'une large portion des souverainistes et faire avancer la cause au lieu de la laisser mourir à petit feu.
    7 - Dans la vie, il faut prendre des risques et essayer de changer les rapports de force. Télégraphier d'avance nos stratégies d'accession à l'indépendance nationale est une stupidité incommensurable et on le voit bien avec le Bill C-20. Être "plus catholique que le Pape" dans les circonstances présentes relève plus de la mentalité provinciale du parfait colonisé plutôt qu'une stratégie d'État moderne et intelligente.
    8 - Nous le savons toutes et tous que le mode d'accession à l'indépendance prôné par le Parti indépendantiste est loin d'être parfait. So what? Est-on là pour faire plaisir à nos adversaires ou est-on là pour faire avancer la cause de l'indépendance en la mettant à l'ordre du jour, avant, pendant et après les élections, et le matin, le midi et le soir?
    Pierre Cloutier ll.m
    avocat

  • Archives de Vigile Répondre

    8 avril 2008

    Je ne suis pas contre l'utilisation du référendum comme moyen d'accès à la souveraineté du Québec. Il est cependant très important pour le gouvernement qui fera l'indépendance du Québec de s'assurer qu'il s'agit bien de la volonté populaire afin de contrecarrer toute tentative du fédéral de diviser le peuple québécois, de le déstabiliser en contestant la valeur, l'importance de la volonté du peuple.
    Maintenant, si Trudeau et les leaders anglophones ont rapatrié la constitution sans référendum, sans vérifier la volonté populaire du peuple anglophone, je ne vois pas pourquoi le Québec ne pourrait pas utiliser la même facon de faire. Si c'est bon, légitime et légal pour eux, ce l'est aussi pour NOUS.

  • Archives de Vigile Répondre

    7 avril 2008

    N'a-t-il rien de plus éloquent qu'un peuple s'exprimant sur
    un but à atteindre, un rêve à concrétiser? Malgré le vol référendaire de 1995 les indépendantistes croient en une telle
    réussite plus que jamais. Ce référendum quoi qu'on en dise est
    la preuve indéniable que les québécois ont réussi, que le résultat bien que piraté a contribué à rassembler les plus convaincus et non le contraire.

    Nos élus divisent le Québec et ses nations.
    Certains mettent la main au cou des référendistes, voilà qui
    aura été le meilleur résultat de 1995, les loups devront se pointer le museau chaque fois qu'un homme libre votera pour son pays et nous serons là pour les abattre jusqu'au jour
    de la victoire. Moi je vote! Cet outil est trop précieux
    pour le mettre de côté, bien qu'il suscite la controverse,
    sois par lui ou son messager,je remercie ceux venant défendre ici la démocratie.

  • Archives de Vigile Répondre

    7 avril 2008

    M. Morin écrit que «l'idée du référendum» est un "mode d’accession à la souveraineté". Cette définition du référendum me semble à la fois exagérée, réductrice, un peu rigide, devenue naïve, et dans un sens doctrinaire. Le référendum est un moyen dans une panoplie de moyens. Il est loin de constituer à lui seul la clé, la seule clé, de l'accession à la souveraineté. Il n'est pas un passage obligé. Tout dépend de la menace que pourrait faire peser Ottawa sur l'exercice. Tout dépend du rapport de force, tout dépend des circonstances politiques. Je dois dire par contre, que l'expression "assentiment populaire", que M. Morin utilise à la fin de son texte me plaît. Elle me semble plus porteuse parce que c'est une expression ouverte ...et, à mon avis, cette expression n'est pas synonyme de référendum. Je lui donne donc raison sur l'exigence d'assentiment populaire, c'est indispensable.

  • Raymond Poulin Répondre

    7 avril 2008

    Ainsi, certains auront pu répandre leur fiel pour taper sur le coupable présumé de l'échec de 1980 et de tout ce qui s'est ensuivi. Et tout ce caca ne rapportera pas un vote de plus pour l'indépendance mais soulagera la conscience de ceux qui ont besoin, comme tous les faibles qui se croient forts, d'un traître appréhendé pour se consoler d'un échec qui n'est pas celui de Morin mais de tous ceux qui ont voté non, même à une question qui requérait seulement la permission de négocier. On imagine ce que ce serait si la question avait porté sur l'indépendance...

  • Fernand Lachaine Répondre

    7 avril 2008

    Comme d'autres qui se posent les mêmes questions j'aimerais que monsieur Morin nous répond clairement:

    1- Comment se fait-il que le Québec doit absolument faire un référendum pour sortir du Canada quand il n'a pas été nécessaire d'en faire un pour entrer dans le Canada.?

    2- Pourquoi le parlementarisme britannique d'alors a-t-il "permis" l'entrée du Québec dans le Canada sans aucun référendum quand maintenant nous devons faire un référendum pour respecter ce parlementarisme britannique d'aujourd'hui?
    3- Pourquoi qu'un parti qui annoncerait solennellement, lors d'élections générales, que s'il est élu et s'il obtient 50 % plus une voix il prendrait les mesures pour déclancher l'avènement du Québec à son indépendance, ne serait pas légitimement,juridiquement et légalement autorisé à le faire ?
    4- Le mouvement indépendantisme s'est maintenant éloigné de son objectif à un point où de moins en moins de québécois y songent, et est de plus en plus divisé. Ne peut-on pas affirmer que le référendum de 1980 et surtout celui de 1995 auront permis ce désengagement ?
    5- Après avoir été trompé et même volé au référendum de 1995, comment se fait-il que cette idée de référendum est encore considéré comme la seule façon à accéder à l'indépendance du Québec ?.

  • Marcel Haché Répondre

    7 avril 2008

    Vous êtes vous demandé une fois,une seule,m.Morin,quel était l'agenda constitutionnel de l'institution fédérale ?L'eussiez-vous fait que peut être vous auriez hésité à poursuive pareille chimère référendaire.
    Vous nous affirmez maintenant que c'est J.J.Bertrand--pour d'autres raisons que la souverainneté du Québec-- qui avait avancé l'dée.Que vous même,en période intense de négociations constitutionnelles,vous aviez remarqué le trouble et la "peur" des "fédéraux", à l'dée que le Québec puisse tenir un référendum qui consoliderait la position de l'institution provinciale.Vraiment ?
    L'agenda constitutionnel de l'institution fédérale depuis Wesminter(1931) était tout naturellement le rapatriement de la constitution canadienne.Et le rapatriement supposait ultimement une formule d'amendement.C'est sur une formule d'amendement que le Québec n'arrivait pas à s'entendre avec les représentants fédéraux.Pas seulement sur la formule,et pas seulement avec Ottawa.(Meech allait nous le montrer amplement bien plus tard)
    La formule(d'amendement constitutionnel) Fulton-Favreau(1964) n'était pas le fait de représentants fédéraux "apeurés" par la montée du nationalisme québécois.Les indépendantistes du temps devaient bien faire(au plus) 2 % de l'électorat québécois....Et cela précédait de loin les négociations"intenses"auxquelles vous faites allusion.
    De même,plus tard, la conférence de Victoria(1971) a montré que le Québec ne se ralliait pas à quelque formule d'amendement que ce soit. La position traditionnelle et historique du Québec étant maintenue.
    Mais comme P.E Trudeau--- lui-même grand partisan du rapatriement---faisait élire, et allait continuer de faire élire des majorités libérales importantes au Canada central,il était normal(fatal ?) que se pose la légitimité de l'opposition québécoise au rapatriement de la constitution.
    L'idée d'un référendum,en 1973(à la toute fin de la campagne électorale),ouvrait éventuellement(1976) au P.Q. les portes du pouvoir à Québec.La tactique était bonne,mais aussi,cela ouvrait à l'institution fédérale,la possibilité de contester,de combattre à visages couverts et découverts, la légitimité québécoise d'obstruction au rapatriement.Évidememnt,lors de la campagne référendaire de 1980,il ne fut pas question de rapatriement de la constitution.Fallait comprendre, cependant, que le P.Q.,en acceptant que la guerre référendaire se fasse sur son seul territoire,auprès du seul électorat québécois,exposait le Québec,en cas de revers, à l'inverse de la démarche qu'il proposait par référendum.Ce qui fut fait(1982).
    J'émets l'hypothèse que le référendum québécois de 1980 était DANS l'agenda constitutionel d'Ottawa.Nous affimer maintenant que les "patrons" à Ottawa avaient peur de notre référendum relève de beaucoup d'estime...de la démarche du gouvernement québécois de 1976-81.
    Tout cela ne fait pas de vous quelqu'un de suspect.Je reconnais et salues votre patriotisme.Sans difficulté.Sincèrement.
    Mais...Mais je ne vous reconnais pas beaucoup de crédibilité quant au processus lui-même d'accession du Québec à sa nécessaire indépendance.Après avoir manifestement sous-estimer l'adversaire dans le passé,voilà que vous le surestimez maintenant, en mettant en relief les difficultés pourtant en rien "insurmontables" de l'accession du Québec à l'indépendance sans référendum .Quant aux adversaires de l'indépendance,ils verront bien que le Québec n'a pas que des... adversaires.
    Le Québec n'est pas le Kosovo :pas besoin d'être pris en charge par l'O.N.U. pour s'affirmer.Pas besoin non plus de la bénédiction préalable de l'O.N.U.
    Et si même le gouvernement français ,demain,réajustait sa polique ni-ni,à notre grande peine,faudrait se souvenir que le gouvernement français n'est pas le peuple français,pas plus, justement, que le P.Q. ne fut jamais le peuple québécois.



  • Archives de Vigile Répondre

    7 avril 2008

    Bonjour Monsieur Morin,
    Cette mise-au-point étant faite, il reste qu’on peut encore et toujours discuter et supputer, jusqu’à la fin des temps, sur la valeur et les impacts de l’adoption du carde stratégique " étapiste ", ou plus spécifiquement de la démarche référendaire, à une époque ou une autre.
    À cet égard, refaire l’histoire à coup d’hypothèses et de " si " est une chose, mais la revisiter pour en tirer des enseignements, utiles si mis en pratique à l’aulne de la donne actuelle, en est une autre, que je m’efforcerai de privilégier ici.
    Dans cette optique, s’il y a une chose fondamentale qui ressort de l’histoire péquiste, c’est la question de la pertinence pour un parti " souverainiste " de s’adonner à la gouvernance provinciale, question qui se pose différemment avant ou après un référendum, et certainement dans des paramètres différents selon qu’on soit en 1976, en 1995 ou en 2003, par exemple.
    On peut comprendre que le PQ eut l’intention, lorsqu’il prit le pouvoir pour la première fois, de procéder à divers aménagements et réformes qui ne nécessitaient pas l’indépendance immédiate pour être mises en route. Ce qu’il fit avec succès. Mais on est aussi en droit de croire que cela eut pour effet de rendre le régime canadien plus confortable pour une certaine partie de l’électorat québécois. Qu’on le veuille ou non, c’est possible.
    Le PQ fut déterminé à trancher plus rapidement la question en 1995. Le contexte — que le PQ lui-même contribua fortement à mettre en place, ne l’oublions pas — s’y prêtait, et il est raisonnable de penser qu’au surplus, il ne restait plus grand chose d’autre à gagner à l’intérieur du régime canadien.
    Qu’en est-il aujourd’hui ? Peut-on faire de l’intendance provinciale sous l’étiquette souverainiste sans discréditer l’indépendance ?
    Peut-on, en 2008, être indépendantiste, ce qui sous-tend que l’on considère le régime canadien irréformable dans les sens des intérêts et besoins fondamentaux du Québec, et proposer du même souffle une gouvernance " souverainiste " provinciale qui consisterait justement, dit-on, à améliorer le régime, en repoussant la réalisation concrète de l’indépendance à une étape subséquente sans engagement précis ?
    À partir de quel moment le porte-à-faux que j’évoque ici devient-il contre-productif ?
    À mon sens, les deux seules propositions qui amènent un début de réponse à cette question, malgré tous les défauts qu’on peut leur trouver, sont celles de Louis Bernard et du PI.

  • Archives de Vigile Répondre

    7 avril 2008

    Je suis de ceux auxquels monsieur Morin s'en prend au début de son texte pour lequel je tiens à le remercier. Récemment il m'a écrit sur mes affirmations sur des forums de discussion sur lesquels on avait attiré son attention.
    Je passe outre à ses interpellations aux ''purs et durs'', c'est une vieille histoire de plus de 35 ans entre lui et nous. ''Les plus pressés'' serait d'ailleurs plus exact comme concept. Et ce n'est pas parce qu'ils sont pressés c'est qu'is s'interrogent sur le moyen du référendum sur la souveraineté comme seul moyen d'obtenir pour la souveraineté la majorité absolue des votes.
    Pourquoi ce questionnement ?
    1-Les Québécois se sont fais voler un pays le 30 octobre 1995 et personne de la classe politique ne semble s'en émouvoir. Il ne fait jamais plus de référendum sans carte d'électeur à puces !
    2-Une élection d'une coalition électorale de partis et d'individus d'accord sur la souveraineté et qui aurait reccueilli plus de 50% des votes pourrait être une autre vois, du moins à ne serait-ce que débattre.
    3-Le référendum au PQ, c'est vous. Et pas en 1974 comme tout le monde l'écrit. En 1973 déjà, sur la carte de rappel, le Référendum, cet engagement alors contraire aux règlements, a été pris par monsieur Lévesque : ''Si le PQ est élu il fera pas la souveraineté sans référendum.''
    Ne vous imaginez pas qu'ont était contents nous qui bavions à la distribuer cette carte qui garantissait que l'indépendance ne se fera pas même si on vote pour le PArti québécois alors que nous étions là pour cela.
    Je comprends monsieur Morin qu'il est question de votre honneur. Rosaire Morin fut un des premiers à vous ouvrir ses pages dans L'Action Nationale malgré mes objections parfois. C'est pas clair votre affaire. Si vous avez concocté l'idée du référendum pour battre Ottawa, c'est pas fort votre affaire. En 1980, le référendum a été confisqué par le Canada et en 1995 il a été savamment volé par Ottawa.
    Dans toutes vos études, sondages,analyses, mémoires et rapports qui vous passèrent entre les mains durant ces décennies à la tête des liens politiques entre Québec et Ottawa, nulle part personne qui s'est questionné sur les mauvais coups qu'Ottawa ou les fraudeurs pourraient faire ? Incroyable.
    Surtout qu'entre 1980 et 1995, il y a eu 15 ans pour ajuster nos flûtes. On le savait que les télégraphes marchaient pour le Canada.
    Je comprends de vos précisions que vous vous insurgez du fait que les gens ne vous croient pas.
    Je veux bien vous croire mais votre crédibilité en a pris pour son rhume avec l'argent que la GRC vous a donné pour que vous lui parliez.
    Mais que ce soit directement ou indirectement, il n'est pas faux de mentionner que l'idée vous avait été inspirée en cherchant à embêter Ottawa. Vous n'aviez pas pensé qu'un jour, une C-20 viendrait qui monterait les enchêres du 50%+1 ? Curieux.
    Vous êtes le seul à témoigner des faits, les autres sont morts ou silencieux.
    Ce ne sont pas que les indépendantistes pressés qui peuvent être injustes envers vous, dans la population en général, chez les gens qui suivent la politique, les idées et l'actitité québécoise les parts de votre nom ne sont pas à la hausse.
    Toutefois vous avez droit à la vérité et qu'à compter de maintenant je signalerai votre protestation à mon interprétation des faits lorsqu'elle se distancera de la vôtre.

  • Archives de Vigile Répondre

    7 avril 2008

    En 1867, est-ce qu'on s'est inquiété de savoir si la majorité de la population appuyait la décision des parlementaires? Est-ce qu'on s'est inquiété de la représentativité des "députés"?
    Pour quelle(s) raison(s) en serait-il autrement aujourd'hui?
    Des 150 nouveaux pays depuis le début du XXe siècle, combien ont accéder à leur indépendance par un référendum assorti d'un "Clarity bill"?

  • Archives de Vigile Répondre

    6 avril 2008

    Bien que je n’aie pas été d’accord avec la stratégie de 1980, principalement à cause de la question "entortillée" du référendum, je n’ai jamais pour autant douté de votre intégrité. Mais, que voulez-vous, beaucoup de déçus ont besoin d’une tête de Turc. « J’ai souvenance qu’en un pré de moines passant, je tondis de ce pré la largeur de ma langue », ça vous dit quelque chose ?

  • Archives de Vigile Répondre

    6 avril 2008

    M.Bouquet,
    Qu'est-ce qu'un «pur et dur» de l'indépendance?
    Pensez-vous qu'au KOSOVO, qui vient de proclamer son indépendance, on a parlé avant de la faire, de citoyens purs et durs de l'indépendance. Cette expression est loufoque et doit être abandonnée.
    Parlez plutôt des indépendantistes (ce que vous n'êtes pas) et des confédéralistes (ce que Claude Morin et vous êtes).
    Pierre B.

  • David Poulin-Litvak Répondre

    6 avril 2008

    Eh bien, ce qui est intéressant, à première vue, c'est qu'en fait, M. Morin n'aurait pas proposé le référendum pour affaiblir, trahir le PQ, mais pour renforcer la position souverainiste, lui adjoignant un appui populaire clair.
    La grande difficulté, pour quelqu'un de complètement ignorant sur la question comme moi, c'est que la crédibilité de M. Morin a été minée - a tort ou à raison - par le cas GRC justement. Si son implication avec la GRC s'avèrerait fondée, il faudra en conclure que ses dires n'ont que très peu de crédibilité (même s'il dit ici la vérité). Personnellement, je suis donc incapable de juger de son discours, car je ne peux situer la personne.
    Sur l'argumentaire en soi, eh bien, c'est assez normal que Ottawa craigne un renforcement de la légitimité d'un parti souverainiste par le biais d'un outil de démocratie directe. Ça se tient.
    Assez intéressant aussi, si M. Morin est non-coupable, que l'on en ait fait un bouc émissaire pour délégitimer le référendum et légitimer a contrario la voie électorale et électorale référendaire.

  • Archives de Vigile Répondre

    6 avril 2008

    Ça a l'air qu'une partie des purs et durs de l'indépendance pense que l'idée d'un référendum a éloigné la réussite de la souveraineté du Québec parce qu'ils sont frustrés des résultats et se cherchent un bouc émissaire pour expliquer l'échec.
    Votre explication est claire M. Morin. Bravo et félicitations pour avoir contribué, avec cette bonne idée, à l'élection du PQ en 1976, ce qui a apporté tant d'améliorations au Québec avec vous et tous les autres ministres péquistes de haut niveau d'efficacité.

  • webmestre Répondre

    6 avril 2008

    Note préliminaire
    En tant que modérateur, vous me permettrez d’insister sur les limites assignées aux interventions.
    Claude Morin est associé, entre autres, à deux affaires : l’étapisme et la GRC. Ce dernier point fera l’objet d’un autre débat.
    Pour le moment, tenons-nous-en à la question du référendum. Les interventions doivent porter sur le rôle de Claude Morin dans le choix de l’étapisme, du référendum, par le PQ.
    L’ancien ministre a donné sa version. À vous de la commenter en vous conformant aux règles d'usage.
    Les opinions injustifiées, les sautes d'humeur seront ignorées, de même que les propos mensongers, tendancieux ou offensants, les amalgames, insinuations ou les digressions inutiles.