D'une chambre à l'autre

Chronique de Patrice Boileau


Avouons que l’éthique et le monde politique québécois ne se portent pas bien du tout ces derniers temps. Les magouilles se multiplient tellement entre les pouvoirs publics et ceux qui gravitent autour que les contribuables semblent maintenant avoir lancé la serviette.
C’est l’ex-ministre de la Santé Philippe Couillard qui a parti le bal. Ce symbole de l’intégrité politique en a déçu plus d’un, lorsqu’il a été clairement démontré qu’il a menti en jurant ne pas avoir préparé son passage à l’entreprise privée, alors qu’il occupait toujours son fauteuil ministériel.
Ce fut au tour de Jean Charest et de Monique Jérôme-Forget d’éclabousser la profession honorable de politicien, en feignant, durant la dernière campagne électorale, ne pas savoir ce qui se passait à la Caisse de dépôt. Au même moment, ceux-ci juraient qu’il n’y aurait pas de déficit budgétaire. Une fois réélus, les Québécois furent mis devant le fait accompli..
Puis, les différents projets en mode PPP ont montré que ce type de partenariat était loin d’être la panacée. Les dépassements de coûts dans le chantier de construction du pont de l’autoroute 25 seront finalement assumés par la population. Quant au CHUM, Québec semble dorénavant dans l’obligation de se porter garant du crédit que son partenaire privé peine à obtenir des institutions financières. Qu’adviendra-t-il si ce dernier devait finalement acquitter une facture plus salée? Et que dire de cette dernière tuile concernant ce consortium espagnol, celui qui doit construire les deux ponts devant servir à parachever le projet de prolongement de l’autoroute 30? Lui aussi éprouve des difficultés à obtenir un prêt d’un milliard de dollars, à cause d’un lourd passif. Québec devra-t-il aussi endosser ce partenaire privé?
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La ville de Montréal est également secouée par des scandales aux odeurs de corruption. Après le douteux contrat d’installation de compteurs d’eau, voilà maintenant qu’apparaissent plusieurs cas de transactions rocambolesques entre la Société d’habitation et de développement de la Ville de Montréal et des promoteurs immobiliers plutôt proches de hauts administrateurs municipaux. Voilà qui n’aide pas à solidifier le lien de confiance entre la société civile et ses institutions politiques. Car ce qui s’observe présentement dans la métropole québécoise laisse penser qu’à Québec, ce n’est pas plus propre.
Tout comme le maire Gérald Tremblay, le premier ministre Jean Charest ne se formalise pas outre mesure de tous ces dossiers nauséabonds. La langue de bois guide ces hommes vers des réponses qui banalisent la dilapidation des fonds publics. En ces temps de récession économique qu’une crise financière a déclenchée, il serait bon de redonner confiance aux gens. Les convaincre en effet qu’il existe encore des administrateurs honnêtes, soucieux des fonds qu’on leur confie.
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Face à tout ce gâchis, cette histoire d’idylle sulfureuse qui a éclaté au grand jour la semaine dernière, à l’Assemblée nationale, a presque pris la forme d’un vent de fraîcheur! Ainsi, la vice-première ministre du gouvernement libéral, Nathalie Normandeau, vivrait une histoire d’amour avec l’adéquiste François Bonnardel. Il y a là pourtant un nouveau problème d’éthique. Certes, ce n’est rien d’aussi grave que des contrats octroyés sans appel d’offres ou des nominations douteuses. Reste que la ministre des Affaires municipales est un des piliers du gouvernement Charest, quelqu’un qui pourrait éventuellement être tentée de succéder à l’actuel premier ministre. Le député de la circonscription de Shefford devra alors questionner sérieusement son allégeance à l’ADQ.
Pour l’heure, cette relation amoureuse qui secoue le Parlement de Québec fait plutôt sourire. Des blagues surgissent ici et là à ce sujet, dont les miennes! Ainsi, après le débat à la chambre d’assemblée, place aux ébats dans l’autre chambre… Sans doute que la période des questions y est plutôt courte! Présentement, le député adéquiste ne veut pas devenir membre du parti de madame Normandeau. Mais le sien s’intéresse aux siennes… Souhaitons-lui que Gilles Taillon, son futur chef, ne lui impose pas finalement la loi qui évoque son nom, en s’inspirant de la déclaration colorée du député adéquiste de Beauce-Nord : Janvier Grondin. Ce dernier, qui accordait sa bénédiction à son collègue de Shefford, a en effet avoué aux médias que les élus masculins « ne devaient pas passer chez le médecin se faire castrer pour ne pas regarder les autres chevaux. »
Il y a assurément des chambres beaucoup plus agréables que celle qui regroupe les élus québécois. D’autres sont néanmoins plus austères. Celles qui risquent d’accueillir les victimes de ce nouveau virus par exemple. Il y a aussi la chambre des tortures qui rebute. Avouons qu’il serait bon parfois d’y envoyer ceux qui contribuent à nous faire perdre confiance en nos institutions politiques.
Patrice Boileau


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