(Québec) Une grogne s'installe à l'égard du président de l'Assemblée nationale du Québec, Jacques Chagnon. Il est accusé par de nombreux parlementaires québécois d'être «le gardien du statu quo» et de participer à la perte de crédibilité de l'institution en ne cherchant pas suffisamment, estiment-ils, à améliorer son fonctionnement.
L'idée lancée récemment par le député péquiste François Gendron de bannir les applaudissements à la période des questions semble avoir ouvert une porte par laquelle se manifeste l'insatisfaction de plusieurs autres parlementaires. La plupart du temps sous le couvert de confidences, mais parfois aussi très ouvertement, à visière levée.
Le Soleil a obtenu copie d'une lettre envoyée lundi par la Coalition avenir Québec à Jacques Chagnon dans laquelle elle le somme d'agir. Elle le presse de convoquer dans les «plus brefs délais» une rencontre pour donner corps et âme au Groupe de réflexion sur le fonctionnement de l'Assemblée nationale.
Celui-ci a une existence sur papier depuis le 2 juin 2014, soit depuis 15 mois, mais pas dans les faits, déplore-t-elle. La lettre est signée par le leader parlementaire de la CAQ, François Bonnardel.
«La seule rencontre ayant eu lieu concernant ce groupe de réflexion s'est tenue le 7 octobre 2014, laquelle fut d'ailleurs très courte, écrit M. Bonnardel pour s'en désoler. Près de 11 mois après cette première et unique rencontre, aucune suite n'y a été donnée et le groupe de réflexion, ainsi que le comité technique devant l'épauler, ne sont toujours pas formés.»
Le leader parlementaire de la CAQ ne cache pas qu'il s'appuie sur la volonté de changements exprimée par François Gendron, le doyen des élus de l'Assemblée nationale. Il y fait écho, à tout le moins.
«Débuter la période de questions et réponses orales à l'heure prévue et y faire cesser les applaudissements sont certes des idées intéressantes auxquelles nous souscrivons, mais il faudra bien plus pour rehausser le respect et la confiance des citoyens envers l'Assemblée, ses commissions parlementaires et ses élus», insiste le caquiste.
«C'est pourquoi, enchaîne-t-il, nous croyons nécessaire que vous convoquiez dans les plus brefs délais une rencontre afin de former ce groupe et son comité technique et de dresser une liste complète des sujets devant y être abordés.»
Puisque tous les parlementaires semblent animés d'«une réelle volonté d'améliorer le fonctionnement de nos institutions avant la fin de la présente législature, nous devons nous mettre au travail dès maintenant», note François Bonnardel en pressant Jacques Chagnon de prendre la balle au bond.
LES DEMANDES S'ACCUMULENT
En avril, la Coalition avenir Québec, par la voix de son député Benoit Charette, avait dressé une liste de 10 propositions visant, selon elle, à «dépoussiérer» les institutions politiques et à mettre fin à la «désaffection générale» de la population envers elles. À l'instar de son chef François Legault, M. Charette avait comparé la période des questions à un «cirque».
En juin, ce même député a signé une lettre avec le péquiste Sylvain Pagé, la solidaire Françoise David et le libéral Gilles Ouimet (qui a démissionné de son poste récemment). Disant en avoir assez du chahut à l'Assemblée nationale, ces quatre élus demandaient à Jacques Chagnon qu'il prenne des «moyens pour maintenir des débats respectueux». Ils espéraient l'ouverture d'un chantier de rénovation politique et démocratique au Québec.
François Bonnardel a envoyé une copie de sa lettre à ses vis-à-vis libéral, péquiste et solidaire, Jean-Marc Fournier, Stéphane Bédard et Françoise David.
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