Louis-Gilles Francoeur - Selon le PQ, la mine projetée par Adriana Resources, la plus importante du Plan Nord, pourrait bénéficier d’un tarif de 3,6 ¢/kWh alors que le prix accordé aux industriels qui transforment les ressources au Québec s’élève à 4,5 ¢/kWh.
Des groupes écologistes ont demandé hier au gouvernement Charest de «forcer» Hydro-Québec à dévoiler les contrats de fourniture d'électricité «au rabais» que cette société d'État serait en train de négocier avec des minières du Grand Nord, jugeant inacceptable la simple possibilité qu'on puisse flouer le public avec une autre génération de contrats secrets.
L'affaire a commencé cette semaine à l'Assemblée nationale lorsque la chef péquiste, Pauline Marois, a laissé entendre que la mine projetée par Adriana Resources, la plus importante du Plan Nord, pourrait bénéficier d'un tarif de 3,6 ¢ du kilowattheure (kWh) alors que le prix accordé aux industriels qui transforment les ressources au Québec s'élève à 4,5 ¢/kWh. Les kilowattheures tirés des derniers projets de centrales hydroélectriques comme la Romaine sur la Basse-Côte-Nord oscillent autour de 10 ¢/kWh.
Le premier ministre Jean Charest a qualifié les allusions de la chef de l'opposition de «fabulation» jusqu'à ce que son ministre des Ressources naturelles, Clément Gignac, convienne lors d'un point de presse que 3,6 ¢ était le prix mis de l'avant par Adriana Resources. Mais, ajoutait aussitôt le ministre, c'était l'«hypothèse de travail» avancée par la minière et Hydro-Québec n'avait jamais accepté ce tarif.
Le Parti québécois a répliqué en divulguant le rapport déposé auprès des Autorités canadiennes des valeurs mobilières par Adriana Resources. On y lit que «depuis 2006, Adriana a poursuivi des négociations avec Hydro-Québec et qu'elle a fourni comme derniers chiffres un prix de 3,6 ¢ du kilowattheure», un prix sur lequel sont basées toutes ses prévisions de coûts.
«Soit Hydro-Québec a réellement négocié sur cette base avec Adriana Resources Inc., soit Adriana Resources Inc. a induit ses actionnaires en erreur. Dans les deux cas, il s'agit d'un événement grave concernant le plus gros projet minier du Plan Nord», indique le communiqué du PQ.
La crédibilité du Plan Nord
Pour la Coalition Québec meilleure mine, «à partir des données fragmentaires disponibles, c'est un potentiel de pertes de revenus ou de subventions déguisées aux minières qui pourraient se calculer en centaines de millions, voire en milliards de dollars», estime le porte-parole du groupe, Ugo Lapointe.
«Avec des infrastructures routières financées par l'État, avec le refus d'exiger la transformation des ressources au Québec, de relever le niveau des redevances ou de prévoir une plus grande participation de l'État dans les entreprises, c'est toute la crédibilité du Plan Nord en tant qu'entreprise profitable aux Québécois qui est en jeu ici», ajoute le porte-parole.
Christian Simard, de Nature Québec, estime de son côté qu'en raison des rumeurs de tarifs exceptionnellement bas qui auraient été accordés à une autre minière, Acelor Mittal, «Jean Charest nous doit des explications claires et appuyées en ce qui a trait à la publication des récents contrats d'Hydro-Québec, et ce, rapidement».
La Coalition Québec meilleure mine revendique pour le Québec une «politique intégrée des ressources naturelles», inspirée du modèle norvégien, qui utilise les revenus des ressources naturelles pour garnir un fonds souverain des générations, pour qu'elles profitent aussi des mines que nous aurons vidées. La Coalition appuie l'idée de l'ancien premier ministre Jacques Parizeau, qui réclame une part équivalente des actions des minières pour tous les investissements publics dont elles profiteront, routes, ports, etc., en plus de limiter l'accès aux ressources minières aux seules sociétés qui accepteront de réaliser ici les deuxièmes et troisièmes transformations afin de véritablement concourir à l'économie québécoise.
Plan Nord
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