Pétrole

Marois veut 50 % des bénéfices pour l'État

«Nous allons nous inspirer de ce qui se fait en Norvège», dit la chef du PQ

PLAN NORD - gérer nos richesses naturelles



La chef du Parti québécois, Pauline Marois, était entourée des députés Scott McKay, Bernard Drainville et Martine Ouellet, ainsi que du candidat dans Sainte-Marie–Saint-Jacques, Daniel Breton, au moment d’annoncer, hier, à Montréal, ses intentions en matière de ressources naturelles.

Dévoilant un autre volet de la future politique énergétique d'un gouvernement du Parti québécois, la chef de l'opposition, Pauline Marois, s'est engagée hier à faire en sorte que «si le Québec produit du pétrole, la collectivité s'assurera qu'au moins 50 % de la richesse créée reviendra aux Québécois».
Dans une conférence de presse destinée à expliquer comment un gouvernement du PQ redonnerait aux Québécois à la fois le contrôle de leurs richesses naturelles et un «meilleur partage» de ses richesses naturelles, Mme Marois a précisé qu'en matière d'exploitation du pétrole, «nous allons nous inspirer de ce qui se fait en Norvège, un pays producteur de pétrole que j'ai visité et qui est exemplaire en matière d'environnement».
La Norvège place l'essentiel des bénéfices tirés de l'extraction du pétrole en Mer du Nord dans un fonds souverain pour permettre aux générations futures de toucher, elles aussi, une part des bénéfices de l'exploitation actuelle de cette richesse dont l'extraction entre dans sa phase d'épuisement.
À l'évidence, le PQ veut éviter d'avoir à nationaliser à grands frais les droits d'exploitation du pétrole d'Anticosti, cédés en partie par Hydro-Québec à Pétrolia, laquelle détient ces droits d'exploration avec Corridor Resources. Cette dernière voudrait amorcer l'exploration des fonds marins du golfe Saint-Laurent sur la frontière Terre-Neuve et Québec, au site Old Harry.
Pour Pauline Marois, tout le pétrole exploité au Québec devrait participer à la richesse collective, ce qui mettrait fin aux exemptions qu'obtiennent certaines sociétés qui tirent du pétrole du sous-sol québécois, sans redevances, sous prétexte qu'il s'agit d'exploration et non d'exploitation.
Qu'il s'agisse de minerai ou de pétrole, a précisé la chef du PQ, «aucune extraction» ne sera permise sans payer une juste part à la société québécoise.
«Avec un gouvernement du Parti québécois, déclare Mme Marois, aucune entreprise ne pourra extraire des ressources minières sans payer de redevances, comme le fait le gouvernement Charest. Nous mettrons en place un régime de redevances inspiré de ce qui se fait en Australie. Nos ressources naturelles serviront à s'enrichir collectivement».
En Australie, les minières vont devoir verser à la collectivité une redevance de 30 % sur leurs bénéfices, ce qui constitue un compromis par rapport au projet initial du gouvernement Gillard, qui ciblait initialement une redevance de 40 %. Cette taxe vise une trentaine de multinationales milliardaires comme BHP Billiton, Rio Tinto et Xstrata qui vont ainsi devoir verser environ 11 milliards en trois ans. Ce projet de redevances est combattu avec acharnement par les conservateurs australiens, qui ont promis de l'abolir s'ils sont élus l'an prochain.
Les intentions du Parti québécois dans le domaine du pétrole vont de pair avec les autres volets de sa politique énergétique, qui visent à redonner à la collectivité globalement le contrôle et l'essentiel des bénéfices de l'exploitation des richesses naturelles, tout en accordant la priorité absolue aux économies d'énergie.
L'éolien confié à Hydro-Québec
Ainsi, Hydro-Québec se verrait confier le monopole du développement de l'énergie éolienne en lieu et place du secteur privé, qui est présentement propriétaire des parcs autorisés. Seule entorse à ce monopole, précise Mme Marois: le PQ autoriserait les parcs éoliens créés par les corps publics et les coopératives.
Si le développement des énergies renouvelables est appelé à connaître un développement important dans ce scénario, ce serait par contre la fin du nucléaire au Québec avec le démantèlement de Gentilly-2, le reclassement des employés dans d'autres secteurs d'Hydro-Québec et la mise en place d'une stratégie de diversification économique pour la région d'accueil.
En même temps, par contre, les stratégies environnementales et d'efficacité énergétique du PQ l'amèneraient à s'attaquer radicalement à la consommation de pétrole au Québec par un virage important au profit du transport en commun, de l'électrification de ces services autant à Montréal qu'ailleurs, et du parc automobile lui-même. En lieu et place du «béton et de la garnotte» dans lequel, dit-elle, le Québec a beaucoup investi, un gouvernement Marois mettrait en place un fonds de développement technologique et de recherche pour stimuler l'innovation et la mise au point de produits québécois en transport électrique.
Pauline Marois insiste beaucoup sur le fait que la consommation de pétrole au Québec engendre une exportation de capitaux de 69 millions par jour.
«Ce sont, dit-elle, 1,3 milliard de dollars qui vont sortir du Québec d'ici le Jour de la Terre, le 22 avril prochain.» Pauline Marois a d'ailleurs exhorté les Québécois de «toutes les générations» à participer à la manifestation du 22 avril, lancée par les adversaires de l'exploitation des gaz de schiste, à qui elle promet d'ailleurs un «moratoire complet». Se sont ajoutés à cette manifestation tous les groupes qui s'opposent à la cession au rabais des ressources naturelles québécoises aux plus offrants.
Pauline Marois s'est d'autre part engagée à modifier le système de planification des projets énergétiques d'Hydro-Québec dans une logique apparentée à la «planification intégrée des ressources». En vertu de cette logique, au lieu d'examiner chaque projet à la pièce, chacun se situe dans un plan d'ensemble qui accorde la priorité à ceux dont les coûts cachés pour la société et l'environnement sont les moins élevés.
Les institutions, qui concourent à cette planification, comme la Régie de l'énergie et le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement, ajoute Pauline Marois, verront leurs mandats modifiés afin de permettre plus de transparence, de rigueur et de participation du public. Dans ce domaine, promet Mme Marois, «il y a pas mal de ménage à faire», une allusion au mécontentement de plusieurs groupes à l'endroit de la Régie de l'énergie, dont plusieurs trouvent les examens trop partiaux et pas assez ouverts.


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