Chouinard, Tommy - Québec - S'il est porté au pouvoir, le Parti québécois fera des "gestes de souveraineté" avant même la tenue d'un référendum, affirme Pauline Marois. La chef péquiste a en effet pris position dans un débat qui secoue les troupes souverainistes au sujet de la stratégie référendaire.
Elle a décidé d'appuyer une proposition soumise par le coprésident du Conseil de la souveraineté, Gérald Larose. L'ancien syndicaliste a suggéré qu'un gouvernement péquiste abandonne le "référendisme" et fasse des gestes "porteurs de changements structuraux conduisant à la souveraineté": adoption d'une Constitution, création d'une citoyenneté québécoise, renforcement du statut de la langue française, rapatriement de pouvoirs.
"Je crois que ce qu'il propose est très intéressant. Ça mérite d'être débattu", a affirmé la chef péquiste dans une entrevue accordée à La Presse, hier, à son Du même coup, Pauline Marois balaie d'un revers de main la stratégie avancée par le politologue Denis Monière. Ce dernier avait proposé que le PQ n'enclenche le processus référendaire que s'il est porté au pouvoir avec au moins 45% des votes.
M. Monière avait rendu publique sa position le 21 décembre dans les pages de La Presse. Quelques jours plus tard, le 9 janvier, Gérald Larose lui a répliqué avec une missive publiée dans Le Devoir. Depuis, un débat fait rage au PQ concernant ces deux propositions. Les péquistes se rangent derrière l'un ou l'autre des deux hommes.
Pauline Marois a fait son choix. Elle donne raison à Gérald Larose et à sa stratégie plus musclée. Elle reproche à Denis Monière de "s'arrêter aux moyens et à la mécanique". M. Larose a, lui, "une vision plus large", a-t-elle plaidé.
L'idée est de "faire avancer le Québec vers plus de pouvoirs et plus de moyens" afin de le conduire à la souveraineté, a-t-elle expliqué.
Les "gestes de souveraineté" appuyés par Mme Marois sont souvent décrits comme des "gestes de rupture" avec le Canada dans les rangs péquistes, surtout chez les "purs et durs". Mais Pauline Marois rejette ce vocable. Avec les gestes de souveraineté, "il faut repousser les limites le plus loin possible, tout en restant dans la légalité".
Même si un gouvernement péquiste ferait des gestes de souveraineté, un référendum sera toujours nécessaire pour que le Québec puisse devenir effectivement un pays, a-t-elle ajouté. "Pour poser les gestes ultimes de souveraineté, exercer tous nos pouvoirs, je crois qu'il faut qu'on ait l'aval de la population québécoise car on remet en question un statut constitutionnel."
Au lendemain de son accession à la tête du PQ, en juin dernier, Pauline Marois avait précisé qu'un gouvernement péquiste pourrait attendre un, deux ou même trois mandats avant de tenir un référendum sur la souveraineté. Et depuis, la chef péquiste était demeuré évasive quant à sa stratégie souverainiste.
Certains péquistes, surtout dans le clan des purs et durs, lui ont ainsi reproché de mettre l'objectif souverainiste sous le tapis et de vouloir gouverner une province. Gérald Larose lui-même affirmait à La Presse en décembre que le plan de match de Pauline Marois au sujet de la souveraineté le laissait sur sa faim. Il réclamait une stratégie plus musclée.
La sortie de la chef péquiste n'est pas étrangère au fait qu'un rendez-vous important avec ses militants l'attend à la mi-mars. C'est lors de ce conseil national que la prochaine plateforme électorale sera débattue et adoptée. L'actuel programme du PQ indique qu'un gouvernement péquiste doit tenir un référendum "le plus tôt possible" à l'intérieur de son mandat. Pauline Marois veut biffer cette disposition et proposer sa propre feuille de route.
La souveraineté sera donc au coeur de ce conseil national qui s'annonce mouvementé.
Parti québécois
Des "gestes de souveraineté" avant un référendum
Marois choisit son camp dans un débat qui divise les militants
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