Renouer avec les Québécois : de l'urgence d'agir

Un plan d'action pour sortir du désarroi et de la dispersion.

PQ - gouvernance nationale<br>Conseil national 14-15 et 16 mars


Réflexions à propos du plan de "gouvernance nationale" du PQ.
Ne réclamant pas ce mandat, le PQ ne tiendra pas de référendum. C'est une évidence qui s'impose au nom du respect des règles démocratiques.
La réaction des intégristes canadian ne surprend pas. Le [prattouillage->12219] de GESCA n'y changera rien. Benoit Pelletier, un universitaire métamorphosé en triste politicien, accuse sans surprise le PQ d'adopter une stratégie malhonnête et insidieuse. Quel faux-cul!
Mario Dumont, de son côté, s'étiole en affirmant tout et son contraire: il y voit une politique "assez bizarre", copiant l'ADQ, sabotant son autonomisme dont le PQ espèrerait l'échec pour lancer les grandes manoeuvres souverainistes. Stressé, le jeune...
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Le maître-mot de ce plan, c'est l'action. L'idée-maîtresse de ce plan, c'est de baliser le cheminement vers l'indépendance.
Il ne s'agit pas de jasing-occupationnel-sans-agir, spécialité du Déserteur, qui ne saurait mobiliser pendant quatre ans. Le moindre soupçon d'indécision, de flou ou de manipulation de la part de ce parti, et la débâcle électorale est assurée. Le PQ ne peut plus se permettre de ces discours velléitaires qui ont fait sa marque depuis deux décennies.
Il ne s'agit pas de confronter Ottawa pour exciter les Québécois dans le but de leur arracher un OUI. Ni astuce, ni tromperie. Si confrontation il y avait, elle serait le fait d'Ottawa, pour apeurer les Québécois, dans le but de leur arracher un NON... Ce qui, par contre, n'est pas dans les cartes, car à Ottawa, on n'a pas oublié la vague de l'après-Meech qui a atteint un véritable consensus pro-souveraineté. La confrontation ne serait payante que pour le peuple québécois; reconnaissons-lui au moins cette intuition. Cette conclusion est d'ailleurs confirmée par les intégristes fédéralistes toujours prompts à accuser les indépendantistes québécois d'alimenter le désaccord dans ce but, ce qu'ils redoutent par-dessus tout, et avec raison...
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Il s'agit de poser des actions, des "gestes de souveraineté". - "Une forme de première étape vers la souveraineté". Le R-III, contrairement à 1980 et 1995, ne sera pas un coup de dé, mais sera la sanction populaire d'un processus achevé, d'un consentement largement majoritaire à "tourner la page... fédéraliste"!
Le PQ doit refaire sa crédibilité auprès de sa base militante et refaire la crédibilité du projet de pays auprès des Québécois. Depuis l'échec référendaire de 1995, le PQ a cédé à l'immobilisme, tellement était fort son attachement au cadre canadian. Il lui aura fallu un échec électoral important pour le secouer et le pousser à repenser non seulement sa stratégie, mais aussi son objectif. Passer du souverainisme à l'indépendantisme.
Il doit convaincre militants et électeurs qu'il a vraiment franchi ce cap. Il n'y arrivera pas par la "simple conversation", aussi nationale soit-elle.
Il y arrivera par un leadership décidé, ce qui se montre à travers la fermeté de ses conseillers, la résolution de son chef et l'engagement de son aile parlementaire. Comme on le voit, la partie n'est pas gagnée...
Il y arrivera par une "gouvernance nationale", des actions concrètes portant sur des cibles symboliques fondamentales (constitution québécoise, citoyenneté, protection du français et intégration des immigrants (ex: cégep français)). Un plan d'action limité à des cibles significatives dont on pourrait attendre un effet de renforcement de l'estime de soi et de la confiance en soi chez le peuple québécois qui en a bien besoin.
Et pour cause. Harcelé de tous les côtés par les adversaires enhardis par le goût du sang, il glisse lentement dans la dispersion et le désarroi. Le dossier des accommodements raisonnables a permis tous les excès dans les stratégies diffamatoires de la part de ses ennemis. Les conclusions du recensement sur l'état du français, sa confirmation par le Rapport de suivi de l'OQLF, ont intensifié son insécurité identitaire.
La cuisante défaite électorale du PQ, les maladresses récentes du leadership politique, l'affolement des troupes pondeuses de minipartis de substitution, tout cela renforce un désarroi mortifère. Mais, en réaction, par instinct, tout cela aiguise heureusement la conscience de l'urgence d'agir, de l'urgence de l'indépendance nationale.
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Les souverainistes sont tannés du flou et de l'indécision. Ils veulent un plan d'action qui s'inscrit dans un horizon menant à l'indépendance.
Si le plan qu'il propose ne paraît suffisamment radical et crédible, si le leadership se révèle faible ou indécis, le PQ ne réussira pas à convaincre sur ce point. Dans ce cas, les Québécois ne voteront pas pour lui. Ce qui le condamnerait à la disparition. Ce qui laisserait la place à un parti plus jeune, plus radical, plus décidé.
Si le PQ convainc, ses chances d'être élu sont bonnes. Cela dit, le PQ serait alors soumis à une obligation de résultat décisive.
Car un gouvernement péquiste qui échouerait dans ce programme serait condamné sans recours aux limbes politiques. C'en serait bel et bien terminé pour lui car on ne peut pas rouler sur le dos des générations par de simples manoeuvres dilatoires à répétition. Surtout quand on se dit porteur d'un projet d'indépendance nationale.

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Bernard Frappier57 articles

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Fondateur, directeur et animateur de Vigile.net de 1996 à 2012.

Récipiendaire de la médaille Bene Merenti de Patria de la Société Saint-Jean Baptiste de Montréal, 2012.

« Bernard Frappier a réalisé une oeuvre d’une importance capitale dans le destin du Québec. Contre ceux qui voudraient effacer la mémoire de la nation, il a créé Vigile, grand phare et lieu de débat incomparable. » - Bernard Desgagné





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3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    7 mars 2008

    J'appui l'idée d'une élection gagnante à double majorité suivie d'un vote libre à l'Assemblée Nationale sur une déclaration de souveraineté. Le PQ a fait ses preuves à deux reprises qu'il peut bien gouverner, il est inutile de le prouver à nouveau. Aux prochaines élections, le parti devrait signaler aux médias et au monde entier que s'il remporte une majorité de sièges ET une majorité de vote populaire, il soumettra en vote libre à l'Assemblée Nationale un projet de loi déclarant la souveraineté politique du Québec, l'adoption d'une constitution et la création d'une citoyenneté. Avec un public bien informé et une double majorité gagnée, le vote a toute sa validité démocratique. Le Québec s'est apparemment "voté" dans la confédération, pourquoi ne pourrait-il pas se voter dehors? Si le parti ne parvient pas à obtenir une double majorité ou s'il est élu comme gouvernement minoritaire, il devra alors choisir soit de former une coalition avec un autre parti et procéder au vote ou soit de céder le pouvoir au 2ième parti ayant remporté le plus de sièges (en cédant le nombre de siège suffisant pour être un siège en moins en nombre). Ce geste s'il doit arriver sera perçu avec beaucoup de respect de la part du public et des médias, il légitimera encore plus le parti lorsqu'il finira par obtenir sa double majorité à une élection future, démontrera son attachement à ses principes démocratiques, sans dire qu'il évitera au parti de gouverner une province, qui est contraire à sa cause 1ière et qui

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    6 mars 2008

    M. Julien,
    Si les indépendantistes ne s'occupent pas des voyantes qui prédisent 24%, s'ils se serrent les coudes autour du plan qui est sur la table et s'assurent d'appuyer ensemble l'équipe qui doit sentir le peuple derrière elle, nous pourrons nous positionner aux commandes et nous assurer de garder le cap sur le PAYS! Il n'y en a plus de temps pour faire les matamores et agiter les chiffons rouges devant les yeux de l'équipe déjà sur place: Go Habs Go, récclame Carbo! On refera l'équipe au besoin, après!

  • Archives de Vigile Répondre

    6 mars 2008

    Le Plan Larose (1) que Mme Marois a fait sien est le bon: Cette fixation sur la mécanique Référendaire pendant que le Québec recule de manière critique est une connerie stratégique; il faut le mettre de coté et agir maintenant pour donner de la consistance à l'état du Québec. Il n'y a qu'une manière de la faire: Stratégie d'état assumée, actes d'états clairs, comme l'a fait un Jacques Parizeau ( La Révolution tranquille). C'est là que le bât blesse pour le PQ actuel, du coté du leadership de l'équipe qui doit porter ce projet. On semble manqué de culture d'état. Si non on serait en voiture.
    JCPomerleau
    (1) http://www.vigile.net/Geopolitique-101-Pauline-l