Référence : Le Devoir, édition du 31 juillet 2018
Page B-1 : « Quatre millions de personnes risquent de déchoir de leur nationalité ». (Il ne s’agit pas ici d’une erreur, absolument parlant. Mais le libellé reste quelque peu hasardeux, dirons-nous.)
Suggestion : […] risquent de se voir déchus de leur nationalité.
Ligne repérée dans le portail du format numérique du journal, vers 15:30 (sans doute le texte sera-t-il publié demain, le 1er août, dans sa version imprimée) : « Personne, au gouvernement, n’ait été tenu responsable du fiasco du système de paie ». (Or si cette formulation est recevable dans le corps de l’article, elle devient inexcusable, telle quelle, lorsque présentée en sous-titre.)
C’est récurrent ce type d’erreurs de langue au sein du Devoir.
Y compris les barbarismes de tous ordres (voire, quelques solécismes à l’occasion). Dont celui-ci, franchement endémique : la confusion entre prémices et prémisses. Ou encore, cet autre (à saveur hautement idéologique celui-là) : l'amalgame entre Nation, État, Peuple du Québec, Patrie / Matrie, Collectivité nationale, Pays (ou tout simplement : le Québec) et... le très, très goûté Province (et ses dérivés : provincial...).
Ô Provincia ! Vocable hautement chéri, en effet, par un grand nombre des « écriveurs » de la rue Berri *. Dont le directeur en personne. Rien moins. Le Devoir, la Frenchy version - en subliminal - of The Gazette of Mount Real ???
Cela dit, je n’ignore pas, bien sûr, que l’on sort aujourd’hui gradué de l’Université sans savoir écrire (depuis les écoles de Journalisme, les départements de Communication [sic] et les facultés d’Éducation au premier chef !), avec comme tout instrument du penser une modeste poignée de mots en besace (et dans le désordre, de préférence). Bref, à bas le genre, le nombre, l’orthographe, les accords, la grammaire, la syntaxe - Alouette ! « Moi j’me comprends : C’est tout ce qui importe… ! »
Ce qui explique notamment que l’immense majorité des instituteurs et institutrices de notre époque — ainsi qu’un bon nombre de nos parlementaires, soit dit dans la foulée : Hélas, les Jean-François Lisée ne font pas… école — échoueraient, en notre temps, aux dictées soumises à l’enfant de neuf ou dix ans que je fus, naguère, au sein d’une quelconque école élémentaire publique, sur le territoire d’une petite municipalité québécoise comme il y en a tant sur notre sol national presque quatre fois de la dimension de la France.
Mais il est tout de même dommage (extrême euphémisme pour le coup) que Le Devoir lui-même éprouvât grande difficulté à pallier la difficulté en ses propres pages.
Cela étant, sachez tout de même, devoiriens de tout acabit, que je compatis avec vous au moins autant que je me vois indigné.
* « Si y sont malades pis ignorants / Ils l'ont payé c'tait pas gratuit », écrivait notre grand Piché, désormais par trop silencieux, dans sa propre Rue Berri, en début de 1980. Peut-être, incidemment, conclurait-il aujourd’hui son mot par quelque chose du style : « Ils nous l’font payer maintenant… ».
Jean-Luc Gouin
Capitale nationale, 31 juillet 2018
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