PROCÈS DUFFY

Des souvenirs aux frais des contribuables

Mike Duffy se servait de son budget discrétionnaire comme d’un guichet automatique pour payer des dépenses non admissibles

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Le choix de Harper

Dès sa nomination au Sénat, Mike Duffy s’est mis à utiliser son budget discrétionnaire comme bon lui semblait, notamment pour accorder des contrats à un ancien collègue, les bonifiant même à la fin de l’année fiscale. Le sénateur utilisait en outre cette caisse occulte comme un guichet automatique pour se faire rembourser des dépenses que le Sénat lui aurait refusées, comme les agrandissementsde photographies de sa famille… ou de l’ex-première dame des États-Unis, Barbara Bush.

Le procureur de la couronne, Jason Neubauer, a passé la journée de lundi à éplucher les contrats octroyés aux deux compagnies de Gerald Donohue, un proche de M. Duffy. En quatre ans, Mike Duffy lui a versé 65 000 $, en plaidant au Sénat que ses firmes-paravents lui fournissaient des services de rédaction de discours et de conseils stratégiques.

Or, M. Donohue a plutôt payé, entre autres, près de 1700 $ en deux ans pour faire agrandir et encadrer des photographies. Le procureur Neubauer a invité la témoin Sonia Makhlouf, qui travaille aux ressources humaines du Sénat, à se prononcer sur de telles dépenses. Mme Makhlouf, qui approuvait l’octroi de contrats aux frais du budget discrétionnaire des sénateurs, aurait-elle autorisé l’impression de photographies de Barbara Bush ou de la famille d’un sénateur ? « Ce n’est pas le genre de services que nous approuvons. Ce doit être dans le contexte de quelque chose lié aux affaires du Sénat », a rétorqué Mme Makhlouf.

Parmi les centaines de pages de preuvesdéposées en cour figurent une vingtaine de factures de « Jiffy Photo » payées par les deux compagnies de M. Donohue, Maple Ridge Media et Ottawa ICF. M. Duffy a indiqué à son agenda, aussi déposé en cour, le 2 novembre 2010 : « Envoyer photos à Barbara Bush. »

Un budget flexible

En parcourant les contrats accordés à M. Donohue, attendu en cour cette semaine, le procureur Neubauer a par ailleurs argué que le sénateur les adaptait selon les fonds sénatoriaux qu’il lui restait.

À titre d’exemple, en 2010-2011, Mike Duffy a d’abord octroyé un contrat de 20 000 $ à Maple Ridge Media. En plein été, il a toutefois été prévenu qu’il manquerait d’argent. Le sénateur a donc annulé un contrat de 10 000 $ à une autre compagnie, Spry Consulting, pour rediriger les fonds vers celle de M. Donohue. Au mois d’octobre, M. Duffy s’inquiète du fait que son budget a « diminué considérablement » et il modifie le contrat de 20 000 $ de Maple Ridge Media pour le réduire à 10 000 $. Puis, le 20 mars 2010, à trois semaines de la fin de l’année fiscale, a pris soin de préciser le procureur, M. Duffy bonifie le contrat à 14 000 $. « Je voulais qu’ils m’aident dans un projet sur le vieillissement de la population canadienne, mais j’attendais de leur donner le contrat parce que je croyais qu’il ne me restait plus de fonds pour l’année financière en cours », a expliqué M. Duffy au Sénat.

L’année suivante, le sénateur a annulé le contrat annuel de 12 000 $ de M. Donohue, faute de fonds, pour le bonifier à 13 560 $ à la fin de l’année 2011.

La Couronne reproche en outre à M. Duffy de s’être fait rembourser des services qu’aurait refusé de payer le Sénat, comme ceux d’une maquilleuse ou d’un entraîneur personnel. Mme Makhlouf n’aurait pas permis de tels contrats. « J’approuve les demandes pour des services de recherche, de rédaction de discours, des services administratifs », a-t-elle affirmé. Quant à des bonis de 500 $ pour une employée ou une bénévole — desquels M. Duffy est aussi accusé —, « nous n’approuvons pas les demandes de contrats pour des cadeaux » a indiqué Mme Makhlouf.


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