Le ministre des Transports, François Bonnardel, a tenté de minimiser, cette semaine, un reportage de notre Bureau d’enquête qui révélait que ça va encore mal au ministère des Transports, cinq ans après la commission Charbonneau. Lors d’une entrevue lundi pour se défendre sur les ondes de LCN, le ministre a tenu des propos qui méritent d’être rectifiés.
Les enquêteurs
CE QU’A DIT LE MINISTRE
« Ce que l’article ne dit pas, c’est que nous avons 19 personnes dédiées aux enquêtes, aux audits. Donc 13 aux audits, 6 aux enquêtes. »
LES FAITS
Notre reportage fait la lumière sur le département des enquêtes du MTQ, et non sur le département des audits.
Notre reportage précisait bel et bien que la division des audits n’avait pas été affectée par la purge.
De plus, le ministre laisse entendre que le département des enquêtes compte six personnes. Dans les faits, une seule personne y travaillait en 2020.
Quatre postes sont vacants depuis plus d’un an et un est en processus de dotation, comme nous l’écrivions lundi.
Le ministre semble aussi confondre les rôles des auditeurs et des enquêteurs du MTQ.
Les auditeurs font de la vérification de performance du ministère, notamment pour ce qui touche au respect des budgets.
Les enquêteurs, lorsque le ministère en embauchait, intervenaient à la suite de plaintes liées à la collusion et à la corruption.
Ils pouvaient interroger les suspects, analyser des courriels des employés du MTQ et même réaliser de la filature à l’aide d’une voiture banalisée. Ils se déplaçaient partout au Québec dans les directions régionales.
L’AMP
CE QU’A DIT LE MINISTRE
« Ce que [le reportage] ne dit pas non plus, c’est que depuis l’adoption de la Loi sur l’autorité des marchés publics, l’AMP est au ministère des Transports, pour trois ans. »
LES FAITS
Notre reportage mentionnait bel et bien que l’AMP agit en soutien au MTQ.
Mais son rôle est restreint. Cette organisation vérifie la nature des contrats et des appels d’offres, mais ne réalise aucune enquête sur le terrain.
Un ex-cadre du MTQ qui a tenu à garder l’anonymat a souligné à notre Bureau d’enquête que : « Ce n’est pas vrai que l’AMP peut intervenir dans tous les dossiers. »
Le climat de travail toxique
CE QU’A DIT LE MINISTRE
« Je resterai prudent dans mes commentaires, parce que c’est devant la commission de la fonction publique. Ils nous ont fait part de certaines problématiques qu’ils avaient avec certains gestionnaires au ministère. »
LES FAITS
La situation est bel et bien préoccupante. Quatre plaintes pour harcèlement psychologique présumé seront entendues devant la Commission de la fonction publique. Même un ex-sous-ministre, Marc Lacroix, pourrait devoir témoigner.
La collusion
CE QU’A DIT LE MINISTRE
« L’article semble laisser entendre qu’on a baissé les bras face à la collusion, face aux enquêtes dans les dernières années, ce qui est complètement faux. »
LES FAITS
Une enquêteuse que nous citons remet en doute le désir du MTQ à débusquer la collusion. Nous n’avons toutefois pas écrit que le ministère avait baissé les bras. L’article fait état d’un climat de travail qui semble difficile, du départ de plusieurs enquêteurs et de la sous-traitance des activités de surveillance à des firmes privées qui font craindre le retour à la collusion.
Nous avons demandé une réaction du ministre, lundi. Nous n’avons obtenu aucune réponse à notre demande, mais il a tout de même fait des sorties publiques dans d’autres médias.
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