Dion l’indécis

Chronique de Louis Lapointe


Avez-vous vu Perceval le Gallois, un film réalisé à la fin des années 70
par Éric Rohmer et dont le rôle-titre était interprété par Fabrice Luchini?
Vous me voyez venir? Donc, notre Stéphane Dion, c'est Perceval. Avouez
qu'il a ce petit côté fendant qui le rapproche tant des rôles interprétés
par Luchini! Un petit malingre, très naïf et arrogant, souhaitant ardemment
devenir chevalier de la Table ronde et qui, malgré toutes ses mésaventures
et contre toute attente, réalise son rêve.

Le roi Arthur l'envoie donc à la recherche du Saint Graal. Arrivé chez le
Roi pêcheur, même si par trois fois il voit passer le Graal, il demeure
indécis. Vous allez me dire, si ça avait été Lancelot ou Gauvin, les choses
se seraient certainement déroulées différemment. Mais là est le hic, il
fallait un coeur pur pour voir le Graal, ce que n'avait pas Lancelot qui
faisait des guili-guili avec Guenièvre, l’épouse du Roi Arthur, pendant que
Gauvin était rongé par la jalousie parce qu'il voulait être à la place de
Lancelot.
Le même genre de rapport triangulaire qu'entretenaient Bob Rae et Michael
Ignatieff avec le pouvoir au sein du PLC et qui a permis à Dion, chevalier
au cœur pur et champion de la clarté, de se rapprocher du Saint Graal.
Tellement pur et obsédé par la clarté, que c'était jamais assez clair pour
lui. Pas capable de se décider.
Fidèle à la légende de Perceval, sans broncher, les troupes du chevalier
Dion se sont donc défilées par trois fois au cours des derniers jours,
laissant passer le budget, l’engagement des troupes canadiennes en
Afghanistan jusqu’en 2011 et abandonnant leur motion sur les régimes
épargnes études aux bons soins du ministre des Finances, Jim Flaherty.
Raison officielle : Stéphane Dion ne veut pas défaire le gouvernement parce
qu’il préfère gagner quatre élections partielles plutôt qu’une seule
élection générale. Il sait compter notre Stéphane!
Le très preux chevalier Coderre a même ajouté que c’est parce que les
conservateurs auraient préféré aller en élections générales plutôt que de
risquer de perdre les élections partielles que les Libéraux se sont
stratégiquement écrasés.
Avouez qu’avec ce genre de raisonnement tordu, la réputation de looser des
troupes de Stéphane Dion risque de coller longtemps à la peau du PLC qui
n’est pas prêt de reprendre du poil de la bête de sitôt, ni au Canada, ni
au Québec, tant les députés de ce parti semblent heureux dans le rôle
d’opposition officielle du gouvernement minoritaire de Stephen Harper.
Mais le Canada est un pays des paradoxes. Contre toute attente, il
pourrait bien un jour ou l’autre élire un premier ministre capable de
réaliser fortuitement l’indépendance du Québec. Ainsi, malgré tout ce qu’on
peut dire de lui, Stéphane Dion demeure le meilleur allié objectif des
indépendantistes québécois. À l’image de Perceval, si un jour il devient
premier ministre du Canada, il pourrait devenir une véritable bougie
d’allumage et laisser passer une troisième et fructueuse tentative du
Québec d’accéder à l’indépendance. Il faudra donc être prêt à saisir cette
opportunité!

Louis Lapointe
Brossard
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L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fondation.





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