Dion rappelle Trudeau à l'ordre

Justin Trudeau a d'ailleurs émis, en milieu de journée lundi, une longue précision où il affirme d'abord que ses propos ont été mal interprétés.

JT entre dans le club des mal-cités...

Isabelle Rodrigue - À peine une semaine après son élection comme candidat libéral à la prochaine élection, Justin Trudeau a mis son chef dans l'embarras, obligeant Stéphane Dion à le rappeler à l'ordre.
Lors d'un discours prononcé vendredi devant des enseignants du Nouveau-Brunswick, la recrue vedette des libéraux a déclaré qu'il était peut-être temps de revoir la séparation des commissions scolaires linguistiques, un modèle coûteux qui entraîne les divisions.
«Ça divise les gens et leur impose des étiquettes», a-t-il déclaré, jugeant aussi que cette division entre écoles francophones et anglophones ne serait pas rentable.
Lundi, devant la controverse, M. Trudeau a émis une déclaration, revenant sur ses propos et s'en excusant.
Au Nouveau-Brunswick, comme dans bien des provinces au Canada, le droit des minorités francophones à des écoles distinctes s'est gagné bien souvent en cour, jusqu'en Cour suprême dans certains cas. L'accès à des écoles en français fait donc partie des acquis que les minorités francophones tiennent grandement (sic).
C'est ce qu'a rappelé le président de la Fédération nationale des conseils scolaires francophones, Ernest Thibodeau.
«M. Trudeau ne peut questionner la raison d'être des conseils scolaires et le principe de la dualité sans remettre en question les fondements même du Canada. Aux yeux des conseils scolaires, la gestion scolaire n'est pas une vache sacrée mais bien un outil indispensable pour assurer la survie et le développement de la francophonie canadienne», a fait valoir M. Thibodeau, dans un communiqué de presse, qualifiant les propos du libéral «d'insultants».
Devant cette situation pour le moins confortable (sic), le chef libéral s'est distancé des propos controversés de sa recrue.
«C'est très important de garder les institutions qui ont permis à nos communautés de garder leur langue et de vivre en français. Et donc, nous allons les défendre, toujours», a soutenu M. Dion.
Bon joueur, il n'a cependant pas voulu condamner M. Trudeau, qui fait ses armes en politique a-t-il noté.
«Il arrive à tout le monde de faire des déclarations qu'on a à clarifier par la suite, et il ne faudrait pas le juger à tout jamais pour une déclaration», a poursuivi M. Dion.
Le député libéral Denis Coderre estime lui aussi que M. Trudeau «est en apprentissage» et qu'il «en a manqué une».
Justin Trudeau a d'ailleurs émis, en milieu de journée lundi, une longue précision où il affirme d'abord que ses propos ont été mal interprétés.
«Si j'ai offensé les Acadiens et les francophones vivant en situation minoritaire, je tiens à m'en excuser publiquement», écrit celui qui sera candidat libéral dans la circonscription montréalaise de Papineau.
Dans les quatre paragraphes qui suivent, M. Trudeau refait sa profession de foi envers les systèmes scolaires francophones et le bilinguisme.
C'est toutefois un peu trop tard, les partis d'oppositions ne manquant pas l'occasion de casser un peu de sucre sur le dos de la vedette libérale.
«Il patine sur de la glace très mince», a illustré le néo-démocrate Yvon Godin, député d'Acadie-Bathurst.
«Il ne comprend pas la communauté francophone du Canada (...) C'est comme ça qu'on a pu garder notre français au Nouveau-Brunswick», a ajouté M. Godin.
Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a jugé «arrogants» les commentaires de Justin Trudeau.
«C'est méconnaître ou mépriser le combat des francophones, francocanadiens ou Acadiens, qui pendant tellement longtemps ont lutté pour avoir leurs écoles parce que leurs écoles unifiées faisaient en sorte d'assimiler les gens», a dénoncé pour sa part M. Duceppe.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé