Après trente-six ans de pratique médicale, je vous quitte, Dr Barrette.
Je refuse de continuer à travailler dans votre système que vous avez détruit et qui coule comme le Titanic. Je ne veux plus être complice des soins de santé devenus dangereux avec votre réforme.
Vos méthodes d’affrontement au prix d’une complicité dynamique me révoltent et nous ramènent dans un système totalitaire où vous imposez et disposez de tout, sans aucune considération humaine, au prix de la santé de plusieurs.
Chez les professionnels de la santé, suicide, dépression, divorce et appel aux services d’aide psychologique sont devenus à un niveau alarmant. Une infirmière qui se fait imposer du temps supplémentaire après huit heures de travail ne peut pas se dévouer à 100 % à ses patients; vous voulez que les médecins travaillent 75 heures par semaine pour avoir votre ratio du nombre de patients vus par semaine. Situation loufoque, Dr Barette... Le code de déontologie interdit de pratiquer la médecine si notre cerveau n’est pas à 100 %, vous le savez...
Quand j’ai commencé à pratiquer, il y a 36 ans, on accordait 90 % de notre temps aux soins des patients et 10 % au médico-administratif. Maintenant, le ratio est de 50 % pour l’un et pour l’autre! J’apporte du travail à ma maison pour 20 heures par semaine, je téléphone aux patients pour des résultats environ 10 heures par semaine.
Une consultation qui durait 15 minutes est rendue à 35, et vous voulez une consultation de 10 minutes et six patients à l’heure! Quelle aberration et quelle ignorance de votre part!
On voit bien que vous faites partie du problème et non de la solution!
Même en médecine privée, je subis les contrecoups de vos réformes.
Comme une arme de destruction massive, M. Barrette, vous êtes en train de détruire la médecine familiale au Québec. Les étudiants fuient cette discipline et vous nuisez au recrutement.
Je quitte votre «Titanic».
- Dr Gilles Vincent, médecin