Énergie éolienne - Daniel Breton sème la zizanie au PQ

Le gouvernement se dissocie de ses propos, mais la ministre Ouellet refuse de faire de même

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L'homme que l'establishment cherche à tout prix à abattre

La ministre des Ressources naturelles, Martine Ouellet, refuse de se dissocier des propos de Daniel Breton, qui a dénoncé les investissements étrangers dans le secteur de l’éolien au Québec. Elle est en complète contradiction avec son cabinet, de même qu’avec la chef de son parti, Pauline Marois.
« Ce matin, il y a une annonce d’éolien de 300 mégawatts dans la région de la Matapédia qui va avoir lieu et je voudrais que vous voyiez la différence entre “être maîtres chez nous” du PQ et “maîtres chez nous” du Parti libéral, a déclaré Daniel Breton mercredi matin, s’arrêtant sec devant les journalistes qui ne lui avaient même pas posé de questions. Ce contrat-là appartient à 50 % à une compagnie pétrolière albertaine, Enbridge, et à 50 % à Énergie de France (EDF). Je comprends qu’il y a des emplois en jeu, c’est important, les emplois, pour cette région-là, mais moi, je veux beaucoup plus que ça, le PQ veut beaucoup plus que ça. Ce qu’on veut, c’est les profits ici et la propriété ici. C’est ça, être “maîtres chez nous”. » Ses propos n’ont pas tardé à faire réagir le député de Matane-Matapédia, Pascal Bérubé, alors que la garde rapprochée de Pauline Marois sermonnait l’ex-ministre de l’Environnement dans le corridor : « M. Breton n’a parlé qu’en son nom, il ne représente pas la position du gouvernement, c’est l’avis de la ministre des Ressources naturelles, c’est mon avis également, a affirmé Pascal Bérubé. Il a exprimé, au mieux, un souhait, mais certainement pas une position du gouvernement du Québec. »
Pauline Marois, qui l’avait d’abord nommé ministre de l’Environnement puis adjoint parlementaire à la première ministre en matière d’électrification des transports, a dû intervenir elle-même pour clarifier la situation en fin de journée, précisant qu’il n’y aurait pas de sanctions : « C’est un point de vue qui lui appartient et c’est un point de vue personnel, ce n’est pas le point de vue du gouvernement. »
Contradictions au cabinet de Ouellet
Questionnée plusieurs fois à savoir si elle se dissociait ou non des propos de son collègue, la ministre Martine Ouellet a refusé de répondre clairement, répétant que le gouvernement avait annoncé un bloc de 800 mégawatts, dont 200 pour Hydro-Québec Production. De façon détournée, elle endosse même les propos de l’ex-ministre de l’Environnement. « C’est une innovation, on a quand même mis 200 mégawatts pour Hydro-Québec Production, donc on pense que c’est un modèle qu’il faut regarder. Donc, c’est la position du gouvernement, puisque c’est l’annonce du gouvernement d’annoncer les 800 mégawatts. »
Pourtant, quelques heures plus tôt, le directeur des affaires publiques d’Énergie de France, Daniel Giguère, a reçu un appel du sous-ministre adjoint au cabinet de Mme Ouellet, l’informant que ce n’était pas la position du gouvernement et que le cabinet s’en dissociait complètement. En entrevue au Devoir, ce dernier dit même avoir parlé à l’attachée de presse de la ministre, Genevière Héon, qui l’a rassuré dans ce sens. Invitée à préciser la position du cabinet, cette dernière s’est contentée de répondre que la ministre avait déjà fait connaître sa position sur le sujet.
Breton persiste et signe
Dans les partis d’opposition, c’était la franche rigolade. François Bonnardel a qualifié Daniel Breton de « vraie farce », affirmant qu’il n’avait « aucune légitimité ». Il est même allé jusqu’à dire que la CAQ songeait à ne pas présenter de candidat dans sa circonscription aux prochaines élections tellement il nuisait au gouvernement Marois. « M. Breton travaille pour redevenir député indépendant », a affirmé pour sa part le libéral Laurent Lessard. Seul Québec solidaire a appuyé Daniel Breton dans ses propos.
Cette pluie de critiques et les remontrances n’ont pas empêché le député de Sainte-Marie–Saint-Jacques de revenir à la charge une deuxième, puis une troisième fois. « Moi, je suis pour que l’éolien se fasse avec propriété et profits principalement au Québec, c’est ce qui est dans notre programme. Je suis en ligne droite avec le programme », affirmait-il en fin d’après-midi. Si Pascal Bérubé s’est dissocié de ses propos, c’est parce que ça concerne directement ses électeurs, ajoute-t-il. « Je peux comprendre, c’est dans sa circonscription, c’est plus délicat. »
À titre d’adjoint parlementaire à la première ministre en matière d’électrification des transports, l’éolien n’est pas de son ressort. Mais ce n’est pas ce qui va l’empêcher de donner son opinion sur le sujet : « Tout ce qui a rapport avec les énergies vertes, je suis le spécialiste là-dedans », a-t-il scandé avant de tourner les talons.


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