France: la droite pleure la mort de Philippe Séguin

2010 - nos disparus

Philippe Séguin (à droite) sourit aux propos de Jacques Chirac dont il fut l'un des acteurs du succès de la campagne présidentielle de 1995. Photo: archives Reuters
Agence France-Presse - Orateur brillant mais personnage ombrageux, l'ancien ministre Philippe Séguin, figure de la droite gaulliste en France et adversaire résolu du traité de Maastricht en Europe, est mort dans la nuit de mercredi à jeudi à l'âge de 66 ans.
Premier président de la Cour des comptes depuis 2004, cet ancien ministre des Affaires sociales, ancien député des Vosges, ancien maire d'Epinal, qui présida pendant cinq ans l'Assemblée nationale, est mort d'une crise cardiaque dans son appartement parisien. «Serviteur de l'État» exigeant et «gardien des valeurs républicaines», «doté de beaucoup d'audace» et d'«indépendance d'esprit», «capable de dire non»: l'ensemble de la classe politique, émue à droite comme à gauche, a salué la mémoire de celui que le président Nicolas Sarkozy a qualifié de «grande figure» de la vie nationale.
Stature massive, prenant ou perdant des kilos au fil du stress et des régimes, voix de stentor et barbe intermittente, Philippe Séguin s'était imposé comme un leader de premier plan en prenant la tête en 1992 de la campagne contre le traité européen de Maastricht. Contre une majorité de son camp, il s'était opposé à la monnaie unique et à l'idée de toute perte de souveraineté pour la France.
Il n'avait pas non plus hésité à démissionner de la présidence du parti gaulliste RPR (ancêtre du parti UMP actuellement majoritaire) en pleine campagne des européennes en 1999. Ni à prendre des distances avec l'ancien président Jacques Chirac, dont il fut l'un des acteurs du succès lors de la campagne présidentielle de 1995.
Célèbre pour ses courroux «aussi brusques qu'inattendus», selon les termes du président de l'Assemblée nationale Bernard Accoyer qui a fait part de «l'immense tristesse des parlementaires», il était aussi réputé pour ses talents d'orateur. Sa prestation en septembre 1992 défendant le «non» à Maastricht face à un François Mitterrand malade est restée célèbre en France.
Nicolas Sarkozy a salué «un homme particulièrement attachant», «à l'intelligence rare», «au tempérament chaleureux et généreux», «entier et absolument passionné». «Il n'avait peur de personne, il résistait à tout», a dit l'ancien premier ministre, Jean-Pierre Raffarin.
C'était un «sage» dont «la voix était une référence et une boussole», a réagi de l'autre côté de l'échiquier politique la dirigeante du Parti socialiste Martine Aubry
«Son érudition, son affabilité, ses connaissances personnelles du Maghreb et de la civilisation andalouse font de sa disparition une perte irréparable pour ses amis, en particulier pour les musulmans de France», a réagi pour sa part le recteur de la Mosquée de Paris, Dalil Boubaker.
Philippe Séguin était né à Tunis le 21 avril 1943 dans un milieu modeste avant de rejoindre l'école des élites de l'administration française, l'ENA.
Député pendant 24 ans, il avait renoncé à se représenter aux législatives de 2002 et s'était rangé de la politique un an après sa défaite aux municipales à Paris contre l'actuel maire socialiste Bertrand Delanoë.
Il avait alors réintégré la Cour des comptes pour en devenir le président, c'est à dire chargé de contrôler l'ensemble des budgets publics.
Père de quatre enfants issus de deux mariages, il était aussi un passionné d'histoire et de football, omniprésent dans les stades, pas forcément à la tribune d'honneur.


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