Grand raout eurosceptique et identitaire autour de Salvini à Milan

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Vers une grande coalition nationaliste au Parlement européen regroupant le RN, la Lega, l'AfD, le FPÖ, etc.


En ce dernier week-end de campagne des européennes, le ministre de l'Intérieur italien et chef de file des partis souverainistes et eurocritiques a invité onze formations à Milan. Les députés RN pourraient former le deuxième contingent à Bruxelles.


Marine Le Pen rejoint le 18 mai son allié Matteo Salvini à Milan, avec dix autres partis, pour un sommet souverainiste et identitaire de «l'alternance» à l'Union européenne. Le Hongrois Viktor Orban n'a en revanche pas répondu à l'appel.



Salvini ne lâche pas !



«Ceux qui se taisent sont complices. Ecrivons l'histoire ensemble !», peut-on lire ces derniers jours sur des affiches placardées dans la métropole lombarde. Le ministre de l'Intérieur et homme fort du gouvernement italien a également fait la promotion de ce grand raout nationaliste sur ses réseaux sociaux.


De son côté, la présidente du Rassemblement national a qualifié «d'historique» cette réunion de «tous les partis nationaux d'Europe». Et a apporté son soutien à Matteo Salvini, en compagnie de sa tête de liste Jordan Bardella, alors que le responsable politique italien est la cible, en Italie et en Europe, de nombreuses critiques. Un message accompagné du désormais célèbre mot-dièse «Salvini ne lâche pas !».


«L'Europe n'est forte que de nations fortes», a plaidé la patronne du RN, qui prône comme Matteo Salvini une «Europe des nations et des coopérations» au lieu du «bunker» de l'Union européenne fédéraliste. Douze partis souverainistes se réuniront place du Dôme dans la ville natale de Matteo Salvini, dont la moitié représentés par leurs chefs.


L'ambition d'un «super groupe» au Parlement européen


Celui-ci avait lancé un appel le 8 avril à unir les «forces patriotiques et conservatrices» en vue d'une Europe avec «moins d'immigration» et s'attaquant «au terrorisme et à l'islamisation». Il est parvenu à convaincre l'AfD, pourtant en désaccord avec le protectionnisme du RN, et à débaucher deux petits partis scandinaves du groupe conservateur CRE, le Parti du peuple danois, et les Vrais Finlandais.


 

Marine Le Pen a, elle, sillonné l'Europe pour soutenir d'autres petites formations alliées qui n'ont pas encore d'élus (Volya, SPD, Sme Rodina, Ekre). Selon les derniers sondages d'intentions de vote, la Ligue devrait entrer en force au Parlement européen, avec 26 eurodéputés, soit 20 de plus qu'actuellement, aux côtés du RN (20 élus projetés) et de l'AfD allemande (11 élus projetés).


 

Leur ambition est de constituer un «super groupe» à partir du groupe Europe des nations et des libertés (ENL) au Parlement européen, où siègent déjà le RN, la Ligue, le FPÖ autrichien ou le Vlaams Belang flamand. L'enjeu est de devenir la troisième force au Parlement de Strasbourg, une place que convoitent aussi les libéraux de l'ALDE, où pourraient siéger les élus français pro-Macron.


Brilleront par leur absence à Milan le Premier ministre national-conservateur hongrois Viktor Orban, qui a promis à Matteo Salvini d'engager une «coopération» après les élections mais refuse toute «alliance» avec Marine Le Pen, ainsi que le PiS polonais, malgré un déplacement de Matteo Salvini à Varsovie en janvier.


«Le supergroupe, il existera avec ou sans monsieur Orban, même si ça aurait une cohérence», s'est défendue Marine Le Pen. Elle compte sur l'expérience au pouvoir de ses alliés en Europe pour convaincre en France de sa capacité à gouverner sans semer le «chaos», qu'elle attribue au président Emmanuel Macron après la crise des Gilets jaunes. «Nous représentons une alternance» à l'Union européenne a-t-elle répété, alors que la campagne va entrer dans sa dernière semaine.


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