Guerre civile à l’université

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Un livre fait la lumière sur le phénomène

Mardi, 20 septembre 2022


Vers la fin du débat télévisé de jeudi, la question de la liberté académique fut abordée. Cela m’a étonné et réjoui.


J’y vois un indice que la gravissime crise que traverse l’université commence à être comprise à l’extérieur de ses murs.


Le thème nous a aussi valu le moment le plus amusant de la soirée : Gabriel Nadeau-Dubois prononçant les mots « nègres blancs d’Amérique » avec la moue de celui qui croque dans un citron.



  • Écoutez l'édito de Joseph Facal à l'émission de Richard Martineau diffusée chaque jour en direct 9 h 48 via QUB radio :



Militantisme


Si vous voulez mieux comprendre ce qui se passe dans nos universités, lisez le livre Les Deux Universités, de mon collègue de l’Université d’Ottawa Robert Leroux, publié aux Éditions du Cerf, qui faisait l’objet d’un lancement samedi soir.


Seul un prof titulaire, au sommet de la hiérarchie, pouvait se permettre ce livre sans trop de risques personnels.


Pourquoi ce titre ? Parce que deux conceptions de l’université se livrent une guerre civile intellectuelle.


Vous avez ceux qui se cramponnent à une conception classique de l’Université : on y cherche la vérité objective, qu’elle plaise ou pas, et on ne fait pas de politique.


Si un prof veut faire de la politique, qu’il en fasse hors de sa salle de classe.


L’autre conception est celle des gens qui pensent qu’il n’y a pas une vérité, que chacun a la sienne, mais que la leur est si importante, si juste, qu’elle mérite d’être imposée à tous.


N’est-il pas contradictoire, direz-vous, de poser que tout est relatif... sauf votre point de vue ?


Oui, et c’est justement parce que ces travaux sont d’un niveau académique si extraordinairement faible que ces gens s’imposent par l’intimidation, la censure, le noyautage des départements et la marginalisation des collègues qui ne pensent pas comme eux.


Leroux multiplie les exemples de travaux académiques qui ne sont rien d’autre que de la promotion d’idéologies et de jugements de valeur.


Ces professeurs, que Nathalie Heinich a qualifiés d’« académo-militants », ont transformé leurs obsessions névrotiques en champs de recherche.


Cela nous vaut les « gender studies », les « fat studies », les « ethnic studies », les « queer studies », les « disabled studies », etc.


Il ne s’agit plus d’étudier pour comprendre, mais de défendre et de promouvoir, toujours en partant de la prémisse que les gens étudiés sont des victimes.


La complicité d’associations étudiantes noyautées et d’administrations intimidées et, de plus en plus, truffées de gens diplômés dans ces filières leur donne une force considérable.


Imaginez quand des jeunes à qui on a ainsi lavé le cerveau pendant des années arrivent sur le marché du travail.



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Carrière


Il suffit de regarder qui reçoit des bourses (et qui n’en reçoit pas), les sujets des thèses, les profils de nouveaux profs embauchés pour comprendre aussi que beaucoup ont flairé le filon payant pour faire carrière.


Le fanatisme idéologique doublé de l’intérêt personnel devient alors un redoutable cocktail.


Dans les sciences sociales, on ne fabrique plus des citoyens, dit Leroux, encore moins des intellectuels, mais des perroquets.


Lisez ce livre. Vous ne le regretterez pas.