L'avance de Stephen Harper dans les sondages force chacun à s'intéresser de plus près à ses engagements. En matière de fiscalité et de finances publiques, les conservateurs en promettent beaucoup, mais pour financer le tout, il faudra annuler des ententes déjà signées. Ce qui fera mal!
Depuis le début de la campagne électorale, Stephen Harper a réussi l'exploit de faire oublier le fait que son parti est né de la fusion de l'ancien Parti conservateur de Joe Clark et de l'Alliance canadienne de Preston Manning. Il est vrai que le programme du nouveau PCC, adopté au printemps dernier, est venu arrondir les coins, mais il n'en demeure pas moins que les positions conservatrices restent à droite sur l'échiquier politique.
Cela étant, les conservateurs savent qu'on ne gagne pas des élections avec des idées extrémistes au Canada, pas plus en matière fiscale que dans le domaine social. D'où ces promesses de réductions d'impôt qui ne sont ni plus à droite ni plus à gauche que celles des libéraux.
Prenons l'exemple de la réduction de la TPS. Voilà une taxe qualifiée de régressive parce qu'elle touche plus durement les ménages à faible revenu. Rappelons-nous que ce sont les conservateurs qui avaient introduit la TPS, au grand dam des libéraux, qui avaient aussitôt promis de l'abolir. Or, selon une étude commandée par The Globe and Mail, la réduction de la TPS serait légèrement plus avantageuse aux ménages qui gagnent peu que les baisses d'impôt promises par l'équipe libérale. Mais on ne sait pas si un gouvernement conservateur réduirait du même coup le crédit de TPS versé aux ménages à faible revenu, auquel cas cette mesure se révélerait beaucoup moins intéressante pour cette classe de contribuables.
Plusieurs des mesures fiscales annoncées par les conservateurs à ce jour (et la campagne n'est pas terminée !) sont en fait la reprise de promesses libérales ou des variantes de celles-ci. Ainsi, M. Harper affirme qu'il respectera les engagements libéraux envers les municipalités ainsi que la diminution des impôts personnels pour 2005. En revanche, celle qui devait entrer en vigueur en janvier 2006 pourrait être remplacée par la réduction de la TPS.
Dans le même ordre d'idées, les conservateurs maintiendraient la décision de hausser le crédit d'impôt sur les dividendes et de ne pas toucher aux fiducies de revenu. Voilà deux mesures favorables aux plus fortunés qui ont pourtant été adoptées par les libéraux.
Aux aînés, ils promettent de faire passer à 2000 $ l'exemption d'impôt sur les revenus de retraite alors qu'ils s'engagent à verser 1500 $ par enfant de moins de six ans aux familles pour la garde de leur choix. À cela s'ajouterait un crédit d'impôt de 500 $ pour l'inscription des jeunes à des activités sportives et un autre pour l'achat de livres chez les étudiants du postsecondaire. Dans ces derniers cas, les gains seront minimes au regard de la complexité accrue du formulaire d'impôt... mais la simplification des formulaires, voilà un thème qu'on pourrait raviver lors d'une prochaine campagne électorale !
Quant au déséquilibre fiscal dénoncé par les provinces, inutile d'être fin analyste pour prévoir qu'il ne restera plus d'argent dans les coffres pour donner suite à cette promesse. Pire, on doit s'attendre à ce que les conservateurs annulent des ententes déjà signées avec les provinces, par exemple le financement du réseau de garderies et la mise en oeuvre du protocole de Kyoto.
En somme, s'il est juste de prétendre que Stephen Harper n'est pas le diable, il n'est pas moins vrai que nous aurions tort de lui donner le bon Dieu sans confession... et une majorité absolue des sièges à la Chambre des communes.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé