Le Trésor québécois pourrait économiser jusqu'à 2 milliards de dollars au cours des 20 prochaines années grâce à la victoire remportée par Hydro-Québec contre des petits producteurs d'électricité, affirme la Fondation Rivières.
Comme le rapportait La Presse Affaires vendredi dernier, Hydro pourra renégocier unilatéralement les tarifs conclus au début des années 90 avec une soixantaine de producteurs privés. La société d'État souhaite réduire de moitié le prix qu'elle paie pour acheter leur électricité, qui s'établit aujourd'hui à 8,6 cents/kWh.
Même si le tarif final sera déterminé en arbitrage, la Fondation Rivières estime que les contribuables peuvent déjà espérer économiser environ 2 milliards pour les 64 contrats d'approvisionnement répertoriés.
«Le calcul d'un juste prix doit prendre en considération que les coûts de construction de ces centrales avant 1995 ont été amortis et que les producteurs n'ont essentiellement qu'à assumer les coûts d'exploitation, a indiqué l'organisme lundi matin. On sait déjà qu'Hydro-Québec n'a pas besoin des 393 mégawatts de puissance totale provenant de ces 64 centrales.»
Selon la Fondation Rivières, le «juste tarif» qui devrait être payé aux petits producteurs oscille entre 1,8 et 3,5 cents/kWh.
«La population n'a pas à assumer de telles pertes et subir une hausse de facture, soutient l'organisme. Un prix supérieur consenti constituerait autant de profits injustifiés aux producteurs, souvent d'origine étrangère, alors que le gouvernement réduit ses budgets dans ses services en période dite d'austérité.»
La Fondation Rivière demande en outre le non-renouvellement des contrats des petites centrales qui nuisent à l'environnement, en causant par exemple des inondations ou des assèchements de rivières.
Les producteurs outrés
L'Association québécoise de la production d'énergie renouvelable (AQPER), qui représente les petits fournisseurs privés, estime que la position défendue par la Fondation Rivières n'a «aucun sens».
«Je ne sais pas ce qu'ils font dans la vie ces gens-là, mais dans la cause tarifaire qui est devant la Régie de l'énergie 2016-2017, je vois très bien qu'Hydro-Québec a besoin de 2147 mégawatts au-delà du bloc patrimonial pour passer l'hiver 2016-2017», a souligné Jean-François Samray, PDG de l'AQPER.
«Le plan d'approvisionnement pour la prochaine décennie montre très clairement qu'HQ a d'énormes besoins de puissance», a-t-il poursuivi.
Le porte-parole des petits producteurs qualifie de «paradoxale» la sortie de la Fondation Rivières, un organisme à but non lucratif «dont la mission est d'oeuvrer à la préservation, la restauration et la mise en valeur du caractère naturel des rivières».
«Je trouve ça paradoxal, car si Hydro-Québec n'a pas recours à cette énergie-là et à cette puissance-là, ça veut dire qu'ils vont d'approvisionner sur les marchés avoisinants, et ce qu'ils achètent en hiver, quand tout le monde en a besoin, c'est principalement du charbon et de l'huile qui sert à produire de l'électricité», a fait valoir M. Samray.
L'achat d'électricité auprès des petits producteurs indépendants coûte bon an mal an entre 250 et 275 millions à Hydro-Québec.
La semaine dernière, la société d'État s'est dite «satisfaite» de la décision rendue par le tribunal d'arbitrage, qui devrait lui permettre de décréter unilatéralement les nouveaux tarifs.
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