«Il y a de quoi s'inquiéter : une grave crise économique est à l'horizon»

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Jim Rogers : «Je préfère acheter des roubles que n’importe quelle monnaie aujourd'hui»


Malgré les efforts des principaux producteurs de pétrole pour stabiliser les prix, il pourrait y avoir une autre grave crise économique dans quelques années. L'investisseur Jim Rogers nous livre ses réflexions sur l'avenir de l'économie mondiale.

Les prix du pétrole ont bondi le 5 septembre après la signature d’un accord entre la Russie et l’Arabie saoudite pour travailler à la stabilisation du marché. Les deux pays mettent en place un groupe de travail afin de soutenir les prix, qui se sont effondrés en 2014.

RT : Que peuvent faire ces deux pays pour stabiliser les prix ?

Jim Rogers (J. R.) : Les Saoudiens ont clairement fait comprendre qu’ils ne voulaient pas réduire la production, et, à mon avis, ils ont raison. Je ne suis pas saoudien, je ne peux pas donc leur dire quoi faire. Les Russes veulent réduire la production, mais je ne le ferais pas. Je laisserais le marché s’autoréguler. Cela prend un certain temps, mais les producteurs à charges élevées ferment leurs portes et quittent le business. Vous obligez l'exploration à coût élevé à s'arrêter. Il n’y a pas de recherche. Les budgets de recherche sont réduits de 90 %. Cela signifie qu'en fin de compte il n'y aura pas d'approvisionnement en pétrole et que les prix grimperont en flèche à nouveau. A quoi bon vendre le pétrole à bas prix, si on peut attendre et le vendre plus tard ?

L'Arabie saoudite n'a presque plus d'argent, comme d'autres

RT : On essaie de stabiliser le marché pétrolier. Nombre de pays discutent de la possibilité de geler la production. Mais s'ils le font jusqu'au niveau de l'été, le marché serait toujours inondé et les prix resteraient bas, c'est bien cela ?

J. R. : Oui, c'est ce que j'allais dire. A quoi bon s'inquiéter ? [Mieux vaut] laisser le marché se débrouiller lui-même. Le marché se débrouille lui-même. Les sables bitumineux canadiens ne peuvent pas rapporter de l’argent dès maintenant. La fracturation hydraulique en Amérique non plus. Ceux qui font du forage en profondeur ne peuvent pas rapporter de l'argent. Les budgets s'épuisent. Prenez votre temps, soyez patients.

RT : La Russie a été sévèrement touchée par la chute des prix, mais l'Arabie saoudite semble désormais vouloir revenir à une situation normale. Qu'est-ce qui pousse Riyad à prendre ces mesures à présent ?

J. R. : L'Arabie saoudite n'a presque plus d'argent, comme d'autres. Vous savez peut-être qu'elle a été récemment obligée d‘emprunter d'énormes sommes d’argent. Ils ont un budget gigantesque. Ils ont beaucoup de gens à payer en Arabie saoudite... Mais c'est bien, parce qu'en fin de compte cela oblige le marché à s'adapter. Entre temps, l'Arabie saoudite souffre, le Venezuela, le Nigeria, le Kazakhstan, la Russie, tous en souffrent. Mais ce n'est pas pour toujours.

Le Bahreïn est un intermédiaire pour les Saoudiens, on sait bien qu'il est dans le même lit que les Saoudiens

RT : Certains pensent que la baisse de prix du pétrole est une guerre contre les BRICS. Tous ses membres sont-ils en grande difficulté ?

J. R. : Ce n'est pas une guerre contre les BRICS. Que les prix soient bas est une bonne nouvelle pour la Chine et l'Inde. Il est faux de dire qu’ils sont tous en difficulté.

RT : Le roi du Bahreïn est venu à Moscou pour des négociations avec le président Poutine. Le Bahreïn est un grand producteur du pétrole. Vous-attendez-vous à ce que des accords soient conclus lors de ces négociations ?

J. R. : Non, le Bahreïn n'est pas un grand producteur, ils ont un peu de pétrole, mais il vient à manquer. C'est peut-être un intermédiaire pour les Saoudiens. On sait bien qu'il est dans le même lit que les Saoudiens, donc c'est peut-être cela qu'il fait.

Nous allons tous payer un prix horrible pour l’argent artificiel en provenance des Etats-Unis et d'autres banques centrales

RT : Certains pays essaient aujourd'hui de s'éloigner du pétrodollar. Qu'en pensez-vous ?

J. R. : Achetez des roubles. Moi, j'ai des roubles - je ne cache rien. Pour moi, le rouble a déjà touché le fond ; le pétrole le touche aussi, c'est compliqué, mais je préfère acheter des roubles que n’importe quelle monnaie aujourd'hui.

RT : Beaucoup de gens évoquent une large crise économique qui se profilerait à l’horizon. Est-ce vraisemblable ?

J. R. : Vous devriez être très inquiet. Il va y avoir une crise économique grave dans un ou deux ans. Nous allons tous payer un prix horrible pour l’argent artificiel en provenance des Etats-Unis et d'autres banques centrales. Nous allons tous avoir un énorme problème. Il y a très certainement de quoi s'inquiéter.


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