Le lundi 16 décembre 2024 demeurera une journée historique dans l’histoire parlementaire canadienne. Dans une lettre ouverte publiée sur les réseaux sociaux et adressée au premier ministre Justin Trudeau, la vice-première ministre et ministre des Finances, Chrystia Freeland, annonce la démission de ses fonctions quelques heures avant le dépôt d'un énoncé économique à la Chambre des communes. Dans sa missive, elle explique que sa décision est motivée entre autres par des désaccords profonds sur la direction économique du pays. Elle y écrit notamment: «Au cours des dernières semaines, nous nous trouvions en désaccord sur la meilleure voie à suivre pour le Canada.» À ce sujet, les dernières mesures de Trudeau à l’égard du congé de TPS pendant deux mois a été de toute évidence la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. J’ajouterais à ce scénario l’ombre de l’économiste et banquier canadien, Mark Carney, ancien gouverneur de la Banque du Canada de 2008 à 2013 et gouverneur de la Banque d’Angleterre de 2013 à 2020 pour qui Justin Trudeau éprouve à n’en pas douter une prédilection quasi viscérale pour le poste de ministre des Finances.
C’est un fait bien connu, le premier ministre Trudeau nage en pleine controverse à l’égard de son leadership, des voix de plus en plus nombreuses s’élevant à l’intérieur même de son caucus. Il lui fallait trouver une personne responsable de ce chaos dans lequel il se trouvait, et il a choisi de sacrifier Chrystia Freeland et ainsi de libérer la place pour son ami Mark Carney qui, pour le moment, brille par son absence dans la crise que vit le parti Libéral du Canada.
Depuis quelques semaines, il était évident que la discorde s’était installée entre le premier ministre et sa ministre des Finances, particulièrement à l’égard du déficit que Mme Freeland s’était engagée à maintenir à 40 milliards de dollars et qui grimpait à quelque 62 milliards de dollars dans les prévisions actuelles, des mesures supplémentaires qu'elle a qualifiées d’«astuces politiques coûteuses» incompatibles avec la situation financière actuelle.
Chrystia Freeland incarne une soldate fidèle. Or il est évident qu’elle avait perdu la confiance de son patron. Dans sa lettre, elle justifie son choix de quitter le Cabinet en affirmant que «Pour être efficace, un ministre doit parler au nom du premier ministre et avec toute sa confiance. En prenant votre décision, vous avez clairement indiqué que je ne possède plus cette confiance de façon crédible.» En revanche, elle annonce qu’elle demeure au sein du caucus et qu’elle a l’intention de se présenter dans son comté de University-Rosedale comme candidate libérale lors du prochain scrutin. Une histoire à suivre…
Henri Marineau, Québec
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