L’analphabétisme coûte cher à l’économie du Québec

F0b134fb1ff04bc01fb4dd7b97ea6838

Le Québec doit miser sur la formation

En plus de faire mal au portefeuille des gens touchés, l’analphabétisme prive l’économie du Québec de 4,9 milliards $, selon une étude du Fonds de solidarité FTQ et de la Fondation pour l’alphabétisation.


« Un jour, j’envoie mon fils dans une usine pour comprendre mes problèmes de qualité. Il me rappelle au bout de trois heures et me dit : “Ils [les travailleurs] ne sont pas capables de lire les instructions” », relate Robert Doyon, président et fondateur du plus gros fabricant de portes et fenêtres au pays, Groupe Atis.


L’expérience de M. Doyon montre à quel point l’analphabétisme ne nuit pas seulement financièrement aux personnes qui en souffrent, mais reste un défi de taille pour les employeurs, comme le Groupe Atis, ayant un chiffre d’affaires de 200 millions $ par année et 1400 employés au pays, dont plus de 1000 ici.


Rattraper l’Ontario


Pour égaler l’Ontario, le Québec devra s’assurer que 352 000 travailleurs de plus soient capables de comprendre des textes complexes avec beaucoup d’informations. Ce qui représente près de 8% des Québécois sur le marché du travail qui en compte 4,5 millions en janvier 2018.


Avec cette nouvelle force vive de travailleurs, le Québec injecterait 2,1 milliards $ en revenus supplémentaires. Son PIB gonflerait de 4,9 milliards $, soit de 1,4 %, soutient l’étude. Sans parler des 50 000 emplois créés, notamment dans le secteur manufacturier très touché.


Plus de 306 367 travailleurs gagneraient plus d’argent et 45 983 prestataires de programmes sociaux se trouveraient un travail, relate l’étude.


Québec et Ottawa économiseraient 328 millions $ en réduisant les prestations d’assurance-emploi et d’assistance-emploi, relate l’analyse.


Joint par Le Journal, l’auteur de l’étude, Pierre Langlois, affirme qu’il y a un coût réel à avoir un profil de compétences sous la moyenne canadienne et des pays de l’OCDE.


Quitter le Québec


« Une entreprise qui n’est pas en mesure d’embaucher localement pourrait décider d’aller se localiser ailleurs, où elle trouvera une main-d’œuvre pour répondre à ses enjeux de production. C’est grave », prévient-il.


M. Langlois note que le décrochage scolaire et l’érosion des compétences chez les adultes expliquent la faiblesse de la littératie des Québécois.


Un enjeu hautement préoccupant pour le président de la Fondation pour l’alphabétisation, André Huberdeau. « À l’ère de la quatrième révolution industrielle, il est grand temps que l’ensemble des acteurs qui contribuent à la création d’un Québec plus riche s’engage à outiller les travailleurs et les futurs travailleurs à l’acquisition et à l’amélioration des compétences de base », conclut-il.