Vous vous levez un matin et vous lisez dans votre journal que le ministère des Transports du Québec va dépenser des millions de dollars pour renouveler ses panneaux routiers le long de nos magnifiques routes à la grandeur du Québec afin que la population qui vieillit puisse bien voir où elle est et où elle s'en va. C'est ainsi qu'on remplacerait 400 000 panneaux existants par 400 000 panneaux dont la fabrication serait confiée à l'entreprise privée. On parle de changement de lettrage surtout afin que la lecture en soit rendue plus facile. C'est l'explication officielle. Je vous le dis, je suis tombée en bas de ma chaise.
Jusqu'en 2008, les pancartes routières étaient la responsabilité totale du ministère des Transports. Madame Jérôme Forget, alors ministre des Finances, qui avait entrepris ce qu'elle appelait une réingénierie de l'État, a choisi de dépouiller les Transports de la fabrication des pancartes. Par contre, le ministère des Transports a gardé la responsabilité de l'installation des mêmes pancartes à travers le Québec. Et ça, mesdames et messieurs, ça fait peur.
Il semble bien qu'il n'est venu à l'esprit de personne en autorité de se demander si c'est bien le lettrage qu'il faut changer sur les panneaux le long des routes ou si ce n'est pas plutôt l'installation elle-même qu'il faut remettre en question. Il suffit de voyager un peu à travers le monde pour constater que le Québec pourrait remporter la médaille d'or du cafouillage dans le domaine de l'orientation routière. Les panneaux, ce n'est pas qu'on ne les voit pas, c'est qu'ils ont le don de tout mêler et de n'offrir qu'un message pas très clair qui n'incite pas à lui faire confiance. Positionnés n'importe comment, ils vous aident surtout à perdre votre route.
Avant de jeter des millions par les fenêtres, on devrait se demander si le fait d'engager un professionnel de l'affichage sur routes, français ou allemand ou même américain, ne nous permettrait pas de garder les panneaux existants en les disposant de façon intelligente.
Avez-vous le goût que le ministère des Transports, qui n'a pas brillé au cours des dernières années par ses solutions dans l'administration publique, nous en passe encore une, refaisant des panneaux plus visibles mais placés dans un désordre tel qu'on ne s'y retrouve jamais?
Les gouvernements sont de mauvais administrateurs d'argent. Les dirigeants de tous les pays du monde parlent «des deux côtés de la bouche». D'un côté, c'est pour expliquer que les gouvernements sont pauvres, qu'ils manquent d'argent pour les services essentiels comme la santé ou l'éducation et qu'il va falloir que le bon peuple se serre la ceinture parce que la crise économique est encore là et que les gouvernements se doivent de donner l'exemple. De l'autre côté de la bouche, ils balancent des millions pour des panneaux routiers pendant qu'ils laissent le Dr Julien se débattre avec un manque d'argent qui pénalise tous les enfants à qui il vient en aide. On lui avait promis 1 million. On a fini par débloquer 100 000 $ pour le bon docteur parce qu'il a porté son dossier devant l'opinion publique. Le reste suivra... peut-être.
À Ottawa, où le premier ministre Harper a grugé sur tous les petits organismes qui venaient en aide aux femmes, qui a coupé dans tous les budgets culturels et qui n'a pas envoyé l'argent promis à Haïti, c'est l'oeil allumé qu'il annonce l'achat de matériel de guerre qui fera de lui un autre dirigeant dangereux du monde.
Le président français, malgré une crise qui fait mal à ses citoyens, a approuvé l'achat d'un avion pour son usage personnel et dont il rêve de faire l'équivalent d'Air Force One pour arriver à être aussi grand qu'Obama. La facture de 240 millions de dollars fait grogner les Français.
Les Américains, eux, ont perdu 8,7 milliards de dollars qui se sont envolés dans la nature. Cette somme est l'argent de la vente du pétrole irakien, somme entièrement affectée par les États-Unis à la reconstruction de l'Irak par le FDI, le Fonds de développement de l'Irak. Hélas! l'argent a disparu. La somme totale était de 9,1 milliards: 8,7 ont disparu sans laisser de traces, donc 96 % qui se sont volatilisés.
Le fonds en question a été administré par les Américains eux-mêmes de 2003 à 2007 puis il a été transféré au gouvernement irakien. Les enquêteurs américains ont jeté le blâme sur le ministère américain de la Défense en dénonçant l'absence d'instructions comptables et des faiblesses dans le contrôle managérial et financier. Ça fait mal. On dit aussi que ce laxisme a rendu les fonds vulnérables à de mauvais usages et à des pertes non détectées.
La seule question qu'on devrait se poser, c'est dans quelle poche sont entreposés les 8,7 milliards de dollars en question? Tout le monde sait qu'on n'en reverra jamais la couleur. L'argent, the money, comme ils disent dans une autre langue, a cette capacité formidable de disparaître sans laisser de traces. Et les gouvernements sont de vrais magiciens quand il s'agit de faire disparaître l'argent.
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