Il faut diminuer la bureaucratie du système de santé

L’échec des CIUSSS et les CISSS

Une commission d’enquête sur l’attitude des gestionnaires de CHSLD privés et publics doit être instituée.

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Tribune libre

 


Pendant qu’on regarde nos personnes âgées mourir dans les trous à rats de CHSLD, le gouvernement garde le cap en faisant la sourde oreille sur les besoins du terrain. Les infirmières réclament leurs vacances parce qu’elles sont épuisées et le premier ministre en profite pour déblatérer sur elles, parce qu’elles ont manifestées pour se faire entendre. Il devrait savoir qu’elles ne peuvent pas parler ouvertement aux médias sous risque de se faire congédier. Legault se disait déçu de leur attitude. Il pouvait bien les appeler ses anges gardiens! Ça fait des lunes qu’elles réclamaient de l’aide du gouvernement et en arrivant au pouvoir, Legault ne les a pas écoutés. Pendant ce temps, la bande de milliardaires qui ont acheté le cirque du soleil, veulent avoir une subvention et le gouvernement tend tout de suite l’oreille. Fitzgibbon a dit qu’il pourrait leur prêter 272 millions à certaines conditions. C’est drôle de voir la rapidité du gouvernement à réagir, quand il s’agit de « big shots » qui viennent téter le gouvernement pendant qu’ils cachent leurs milliards aux îles Caïmans.


https://www.lapresse.ca/covid-19/202005/19/01-5274190-les-infirmieres-veulent-pouvoir-prendre-des-vacances.php


Pendant ce temps, un des grands responsables de tout ce bordel dans le système de santé continue de visiter les plateaux de télévision où ses propos sont très en demande. Dès son entrée en fonction, le ministre Barrette a décapité toute forme de dissension au sein du réseau de la santé. Les gestionnaires ont été muselés, les données sont devenues inaccessibles et les voix indépendantes, comme celle l’Association québécoise d’établissements de santé et de services sociaux (AQESSS), ont été réduites au silence. Selon les différents syndicats, la réforme Barrette a eu des effets plus que néfastes tant pour les employés que la population. L’abolition de dizaines de postes et la centralisation de nombreux services a complexifié le quotidien des travailleurs du réseau de la santé, entraînant de l’instabilité, beaucoup de temps supplémentaire et de nombreux congés de maladie, allant jusqu’à 25 % du personnel chez les préposés aux bénéficiaires à l’heure actuelle.


La première révolution de Barrette a été un recentrage excessif des services de santé vers le secteur médical seulement. Jamais dans l’histoire de notre système de santé nous n’avons autant et aussi vite effectué des compressions dans les budgets d’établissements, dans les soins à domicile, dans les services de CLSC, dans la santé publique.


Dans les CHSLD, les résidents sont devenus comme du bétail pour certains gestionnaires. Nous avons vu la réalité de leurs coupures pendant cette pandémie. Les vieux mourraient dans les CHSLD complètement déshydratés. Belle humanité!


Dans le secteur privé et également dans le secteur public, les préposés et les infirmières sont traités comme des moins que rien, par des patrons insensibles à leurs demandes, qui ne font que réduire et couper dans les services en surchargeant de travail, ceux qui restent. Ils rationnent les couches et les bains sont donnés une fois de temps en temps, vu la pénurie de préposés qui semblent leur coûter trop chers, malgré qu’ils soient au salaire minimum. 


Comme le rapportait Robert Dutrisac dans la presse, il y a quelques jours, Les CIUSSS et les CISSS sont d’énormes organisations dont la mission n’est pas axée sur le patient et qui répondent avant tout à des impératifs bureaucratiques. Pour ne prendre qu’un exemple parmi d’autres, le CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec compte près de 19 000 employés et 141 installations, dont 4 hôpitaux et 29 CHLSD. Son territoire s’étend sur 47 000 km2, de La Tuque à Drummondville, en passant par Trois-Rivières et Victoriaville. Les services administratifs sont disséminés sur le territoire : les ressources humaines à un endroit, les finances à un autre, le Comité des médecins, dentistes et pharmaciens (CMDP), par la force des choses, à plusieurs endroits à la fois. Les cadres qui relèvent du P-D.G. et que l’on dit fatigués ne cessent de faire la navette entre les installations. Dans cette imposante hiérarchie, on conçoit des normes et des directives, mais on se demande qui sont les gens qui gèrent vraiment, qui font en sorte que ça fonctionne dans l’établissement ou le service et, surtout, qui rendent des comptes.


Lors de sa rencontre avec les P-D.G. de la région de Montréal la semaine dernière, François Legault s’est fait dire que plusieurs CHSLD étaient dirigés à distance sans qu’aucun « patron » ne soit sur les lieux. Les CHSLD, qui à l’origine disposaient de leur propre direction et même d’un conseil d’administration, ne sont souvent plus que des entités dont personne n’est directement responsable. Dans les circonstances, ce n’est pas ajouter à leurs problèmes de ressources humaines.


Dans un CHSLD de Verdun, les gestionnaires de l’endroit ont verrouillé les portes pour empêcher leurs employés de quitter. Moi j’aurais appelé la police. La dernière fois qu’ils ont fait cela, c'était le 9 avril, précise la représentante syndicale, lors du passage du quart de travail du matin à celui du soir. Des infirmières ont été retenues une quinzaine de minutes, mais des préposées aux bénéficiaires ont dû faire du temps supplémentaire forcé. C’est arrivé à deux reprises. On se croirait en régime soviétique.


 https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1693507/confinement-chsld-montreal-infirmieres


Comment se fait-il que le premier ministre et la ministre de la santé ne fasse rien pour remédier à la situation? En agissant aussi radicalement, les gestionnaires se tirent dans le pied. Ils sont en train de provoquer, à petit feu, une pénurie monstre de préposés et d’infirmières. Qui voudra aller travailler dans de tels conditions de travail? 


Une commission d’enquête s’impose sur la maltraitance dans les CHSLD publics et privés et plus précisément sur la gestion douteuse de ces monstres qui ont laissés mourir et qui laissent encore mourir des vieux par déshydratation. Cette commission ne doit pas aboutir à de simples recommandations ou aussi bien ne pas en faire. Si les personnes responsables qui ont pris les mauvaises décisions ne se font pas taper sur les doigts, il ne sert à rien d’en faire une. Les choses doivent changer. Depuis que le gouvernement Legault a été élu, il prône son projet de maisons pour les aînés. Comment appellerons-nous ces maisons avec le même problème de manque de préposés et d’infirmières? DES CHSLD 2.0


Pour ce qui est de Gaétan Barrette, si les médias pouvaient arrêter de courir après lui pour avoir ses opinions, ce serait déjà une bonne manière de lui faire payer pour ce qu’il a fait.   


 


 


 


 


 


 



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