François Legault a donné hier le coup d'envoi à la Coalition pour l'avenir du Québec à travers laquelle il souhaite mener une réflexion sur les priorités de l'action gouvernementale. La démarche se veut collective, ouverte à toutes les tendances idéologiques et partisanes. D'emblée, on sent toutefois les résistances.
L'épreuve du réel commence pour François Legault et ses amis. Déjà, la mise au monde du manifeste rendu public hier ne fut pas facile. Après six mois de consultations, de discussions et de tractations, seulement 12 signatures se retrouvent au bas de ce texte qui, en fin de compte, est minimaliste. Un texte de moins de huit pages qui fait l'impasse sur les sujets trop contentieux.
Le refus de plusieurs de s'engager peut s'expliquer par des raisons personnelles. Mais la raison principale se trouve dans la nature de la bête. Celle-ci dit vouloir agir hors des lignes partisanes et vouloir briser la polarisation droite-gauche et souverainiste-fédéraliste. Mais le plan d'action qui ressortira de la réflexion des prochains mois mènera à la formation d'un nouveau parti. La chose n'est pas dite clairement, mais François Legault cache très mal son désir qu'il en soit ainsi.
Difficile dès lors de compter sur l'apport de militants péquistes ou libéraux dont la contribution à la réflexion proposée servirait à nourrir le programme d'un futur adversaire. Si l'Action démocratique a tout à gagner en se rapprochant d'un mouvement dont le but inavoué est de se transformer en une «troisième voie», le Parti libéral comme le Parti québécois auront en revanche raison de se méfier.
Le caractère minimaliste du manifeste traduit par ailleurs la difficulté de créer des consensus sur les sujets difficiles. Sur la question nationale, on prend un raccourci en se reportant à la nécessité de défendre la culture et la langue française qui constituent la singularité de la nation québécoise. Rien sur la défense de la spécificité du Québec au sein de la fédération canadienne. Interrogé hier sur le projet d'Ottawa de créer une autorité des marchés financiers nationale, le coprésident de la coalition, Charles Sirois, a dit ne pas avoir d'opinion. Étonnant!
Cette réponse illustre les limites du choix fait par les instigateurs de la Coalition de construire autour de ce qui les unit plutôt que sur ce qui les divise. C'est ainsi que peu de Québécois seront contre les priorités recensées dans le manifeste. L'éducation, la langue et la culture, les services publics, la prospérité économique sont tous des sujets qui préoccupent les Québécois. Le véritable débat viendra lorsqu'il faudra cibler les actions à entreprendre. À cet égard, le manifeste nous laisse sur notre faim. Que veut-on dire lorsqu'on affirme ne devoir exclure a priori aucune avenue législative ou juridique pour assurer le soutien de la langue française? Cela ira-t-il jusqu'à rendre obligatoire la fréquentation du cégep en français?
Le groupe de François Legault est maintenant de plain-pied dans le débat politique en raison de la finalité à peine cachée qu'il poursuit. Ses adversaires voudront contester immédiatement ses propositions. On sera forcément sur un terrain partisan. Néanmoins, de nouvelles idées et de nouvelles perspectives pourront sortir de ce débat. Cela forcera aussi la réflexion dans les autres partis qui ne peuvent ignorer que les Québécois souhaitent un renouveau de la pensée politique. À cet égard, la Coalition sera utile.
Coalition pour l'avenir du Québec
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé