En 2016, l'alliance transatlantique des Etats-Unis et de l'Europe sera affaiblie plus qu'elle ne l'aura jamais été dans toute son histoire, soit depuis l'adoption du plan Marshall.
C'est la prévision que fait la société de conseil Eurasia Group et la Fondation Carnegie pour la paix internationale.
Les changements géopolitiques globaux, la faiblesse stratégique des leaders européens, plongés à la fois dans plusieurs crises politiques et économiques, et la politique isolationniste américaine sont autant de facteurs transformant le partenariat historiquement fort des Ancien et Nouveau mondes en une "alliance vide", estiment les experts.
Les dirigeants d'Eurasia Group, les politologues Ian Bremmer et Cliff Kupchan, indiquent qu'à la veille des élections présidentielles aux Etats-Unis la politique extérieure du pays a commencé à jouer un rôle primordial. Néanmoins, l'administration américaine n'a pas trouvé de place, dans son ordre du jour, pour les relations transatlantiques. Avec le temps, cela sèmera des doutes chez les Européens quant au leadership américain, à l'état des relations transatlantiques et aux valeurs communes."Les différends actuels sont bien plus difficiles à surmonter du fait qu'ils reflètent un manque sérieux d'assurance des Européens à l'égard de l'idée de l'Europe unie et des avantages de la globalisation. Cette incertitude coïncide avec un processus dangereux de destruction des relations transatlantiques", indique l'analyste de la Fondation Carnegie Judy Dempsey. Selon elle, on voit mourir l'idée-même autour de laquelle se formait l'Union Européenne: l'ouverture des frontières des pays-membres.
"L'Europe est divisée, vulnérable et mal campée sur ses jambes. Les gouvernements nationaux prennent des directions différentes", lit-on dans le rapport d'Eurasia Group. Cette tendance est bien évidente si l'on prend l'exemple des trois principaux pays européens, la France, l'Allemagne et le Royaume Uni, qui cherchent de nouveaux partenaires partageant leurs intérêts.
Paris s'oriente vers une alliance avec Moscou. Le gouvernement français qualifie le terrorisme de menace la plus grave à l'échelle de tout le continent et, contrairement aux Allemands, aux Britanniques et aux Américains, mène une campagne des plus actives en Syrie. Le président français François Hollande mise sur la Russie comme partenaire le plus important pour atteindre le principal but de l'Europe selon Paris, soit celui de réduire l'afflux des réfugiés en provenance de Syrie vers les frontières européennes. Plus encore, après les actes terroristes dans la capitale française, M.Hollande n'a pas fait appel au soutien de l'Otan, conscient que cela rendrait la coopération avec la Russie quasiment impossible.
Les autorités allemandes quant à elles comprennent que la politique des "portes ouvertes" ne portera ses fruits que lorsqu'elles arriveront à réduire les flots de réfugiés arrivant en UE par la Turquie, dont les actions et les objectifs en Syrie tendent à compliquer la vie européenne.
De son côté, le Royaume-Uni parie sur la Chine pour des raisons économiques: Londres a besoin d'investissements étrangers pour ses projets d'infrastructure. Londres a du mal à financer ces projets en solo en raison d'une politique d'austérité exercée dans ses affaires intérieures.
Les analystes d'Eurasia Group prévoient que cette année tous ces facteurs influeront sur les divergences de l'alliance transatlantique à propos du conflit en Ukraine, considérant que les Européens ont soutenu les sanctions contre la Russie avec moins d'enthousiasme que les Etats-Unis.
"En 2016 les relations transatlantiques ne jouerons plus un rôle clé dans le choix des priorités de la politique européenne et américaine", concluent les experts.
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