L’immigration comblera-t-elle la pénurie de main-d’œuvre?

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L'immigration n'est pas une solution miracle : loin de là, c'est un coût pour la société


Le gouvernement Legault vient de franchir la rampe de ses 100 jours. Pour un nouveau parti qui accède au pouvoir, pour la première fois, avec une équipe composée essentiellement de nouveaux visages, l’atterrissage s’est plutôt fait sans heurts.


Avant même de prendre officiellement ses fonctions de premier ministre, François Legaut avait participé au Sommet de la Francophonie à Erevan, un parcours diplomatique sans fautes.


La brève session parlementaire d’avant les Fêtes a permis aux ministres et députés de se familiariser avec leurs dossiers, mais le vrai travail commence.


Le gouvernement mise sur ses trois priorités : l’économie, l’éducation et la santé. Plusieurs marrons sont déjà au feu, mais plusieurs rajustements sont nécessaires, notamment sur le front de l’immigration et de la laïcité.


Quant à l’environnement et la lutte contre les changements climatiques, le remplacement de la titulaire du dossier s’imposait, mais le défi demeure entier pour le gouvernement.


Ce n’est pas une panacée


Relativement au seuil d’immigration à 40 000 par année, il est sage de le baliser dans le temps. Ainsi, 2019 servira de test pour prendre la mesure de ces enjeux et s’ajuster en conséquence.


Indépendamment des seuils d’immigration, le véritable défi du Québec a toujours été l’intégration et particulièrement l’insertion des nouveaux arrivants au marché du travail.


« Il faut qu’il y ait une réelle adéquation entre les besoins du marché du travail et les gens qu’on accueille », dira le ministre Simon Jolin-Barrette.


En effet, c’est là le chaînon manquant qui a souvent découragé les immigrants et les a poussés à quitter le Québec au profit des autres provinces.


Mais l’immigration n’est pas une panacée. Certes, elle contribue à combler certains types d’emplois, mais il est faux de prétendre que c’est la solution miracle aux 100 000 emplois disponibles au Québec.


Pour une politique d’emploi


Au-delà de la rhétorique partisane, la pénurie de main-d’œuvre est un défi de taille auquel sont confrontées toutes les régions du Québec et dont les impacts se font dramatiquement sentir dans tous les secteurs d’activité.


Elle ne peut se résorber par le seul apport de l’immigration, mais par une politique nationale d’emploi basée sur le développement du capital humain.


Des milliers de jeunes du secondaire et du collégial, qui n’aspirent pas à se rendre à l’université, ne demanderaient pas mieux que d’avoir une formation qualifiante qui déboucherait sur des emplois de qualité.


Or, la formation professionnelle demeure l’enfant pauvre de notre système d’éducation.


Le Québec compte aussi un bassin important de peuples autochtones avec une forte proportion de jeunes. Pourquoi ne pas les former et les intégrer au marché du travail ?


Les stages en entreprises et la formule études-travail ont fait leurs preuves dans certaines entreprises. Il faudrait les rendre plus accessibles.


Le retour au travail de retraités et préretraités qui souhaiteraient demeurer actifs à temps partiel est une autre avenue à explorer.


Quand on a des entreprises en pleine expansion qui ralentissent leur production ou reportent leurs projets d’investissements faute de main-d’œuvre, il y a lieu de s’inquiéter et de mieux agir.