INDÉPENDANCE POLITIQUE DU QUÉBEC 428

«L’indépendance du Québec n’est pas une fin. C’est un début» Jules Falardeau (1)

« Il est très difficile de démarrer une révolution. (2)» (Larbi Ben M’hidi)

Chronique de Bruno Deshaies

De cet article de Jules Falardeau, je retiens que sa description de l’homme Pierre Karl Péladeau peut être fascinante. Les qualités et les défauts sont l’apanage de tout individu. Les traits de caractère peuvent être plus forts pour la personne lorsqu’elle se lance en politique. Malgré tout, Jules Falardeau a dressé un portrait équilibré et sympathique de l’homme. Finalement, je le cite : «Donc voilà, je choisis de l’appuyer. C’est dit.»

Ce qui me préoccupe le plus concerne l’indépendance complète du Québec. Est-ce que la fin n’est que début ? Est-ce qu’il veut dire que sera un début lorsque la fin sera réellement atteinte? Si elle n’est pas une fin mais qu’elle est un début, que dois-je comprendre ? Dois-je comprendre qu’on se retrouve dans la réforme des institutions? La lutte nationale n’est pas commencée que nous serions au début de la paix! C’est contradictoire et incohérent.

Dans le dictionnaire Trésor de la langue français informatisée (TLFi),je trouve au mot «FIN» la définition qui suit:

B.− But qui constitue le terme de quelque chose.

1. Ce à quoi tend un projet, une action accomplie de façon délibérée, but que l'on vise, objectif que l'on se fixe.

La situation actuelle peut constituer le début de la fin; elle ne peut être en soi la fin. Car la situation anticipée, espérée, désirée et souhaitable doit être la finalité, l’objectif, la vision. Autrement, c’est un non-sens. La FIN est ce vers quoi les Québécois-Français tendent de parvenir collectivement. Le combat n’est pas encore entrepris dans l’optique indépendantiste. De plus, la division des forces indépendantistes est telle que son apparition n’est pas évidente à court terme. On peut se gargariser avec de grands mots et de beaux discours éculés qu’il sera impossible d’y arriver sans que les indépendantistes créent une forte unité québécoise. Le ton plaintif est une caractéristique du comportement politique des Québécois («pas de chicane»). Tout un contraste avec les ambitions de Monsieur Pierre Karl Péladeau! La levée de boucliers contre ce péquiste unique ne diminuera pas demain matin.


«…le concept d’indépendance d’une nation ne fait pas de différence d’âges, de rôles sociaux ou de conditions de vie.»

Pour tous les indépendantistes, jeunes, moins jeunes, plus vieux ou du troisième âge, ou encore que nous soyons un travailleur, une caissière, une enseignante, un chauffeur d’autobus, un universitaire, un écrivain, un jongleur, une politicienne ou un politicien, un comédien, un sans emploi, un avocat, un économiste et tutti quanti, enfin le concept d’indépendance d’une nation ne fait pas de différence d’âges, de rôles sociaux ou de conditions de vie.

Cela dit, ne pourrions-nous pas commencer par clarifier la nature de la FIN VISÉE ? Se comprendre entre nous constitue le plus gros obstacle des souverainistes. Je ne dis pas indépendantistes parce que les souverainistes sont majoritairement des partisans du concept d’union fédérale dont il est très difficile de voir précisément ce qu’ils veulent dire. Est-ce vraiment la souveraineté, oui ou non, d’égal à égal, séparé ou non du Canada…, alouette !

Les souverainistes jonglent surtout avec le concept d’État-Nation(s) qu’ils assimilent allègrement avec le concept de nation au sens intégral (soit la nation indépendante). Ce flou conceptuel persiste parmi les nationalistes québécois depuis au moins 50 ans dans son esprit autonomiste.

Or, si dans tous les groupes d’âges et toutes les catégories de fonctions dans la société québécoise, les Québécois et les Québécoises parvenaient à s’entendre sur la nature réelle du concept de souveraineté et de l’État souverain, nous serions beaucoup plus près de la FIN que nous pouvons l’imaginer en ce moment. C’est de cette FIN qu’il faudrait rêver sérieusement.

Désir de faire comprendre la fin indépendantiste

Monsieur Péladeau est animé par ce désir de faire comprendre la FIN indépendantiste comme planche de salut pour la société nationale du Québec. Il serait grand temps de lui ouvrir la porte et d’entretenir avec lui la conversation (dans tous les sens du mot), avec civilité, et le désir de réparer l’irréparable de notre histoire de nation annexée en permanence (3).

Sur ce point, je rejoins le propos de Larbi Ben M’hidi :

«Il est très difficile de démarrer une révolution. Il est encore plus difficile de la poursuivre. Le plus difficile de tout c’est de la gagner. Et c’est seulement là que les vraies difficultés commencent.»

Pierre Harvey, Pierre Vadeboncoeur, Yves Martin, Doris Lussier, Pierre Daviau et Gaston Laurion illustrent bien cette «foi» indépendantiste. La direction est connue mais il faut garder le cap de l’indépendance nationale du Québec. Cette position exige obligatoirement une unité collective des volontés individuelles. Il ne faudrait pas avoir peur de faire face aux «vraies difficultés». Elles seront incontournables. L’esquive est inacceptable.

ANNEXE

L’énigme PKP en 11 points
Jules FALARDEAU
dimanche 26 avril 2015

JULES FALARDEAU

Cinéaste, militant et chroniqueur pour le journal Le Québécois
ainsi que pour l'émission de web télé Les Fils de la Liberté.

Son adhésion à l’indépendance

Moi qui chiale tout le temps contre les gens qui refusent de prendre position, Pierre Karl le fait, il risque son entreprise et sans peur. Je ne lui cracherai pas dessus. Donc voilà, je choisis de l’appuyer. C’est dit. Par contre, pour ce qui est du PQ, je vais me garder une petite gêne. Je vais attendre de voir des changements. Du concret. De l’audace. Une vision.

Voilà. C’est une décision que j’ai mûrie. Une décision rationnelle et réfléchie. Et pour ceux qui voudraient voir dans cet appui, une incohérence avec ma pensée habituelle, je réponds ceci : je reste de gauche, je suis le même crotté de gauchiste carré rouge qui a pleuré Hugo Chavez, le même qui était dans les rues en 2012, le même qui appuie les grévistes étudiants et le même qui écrit des chroniques sur la mise en place de l’État policier. Mais je suis indépendantiste. D’abord. Je n’y vois donc que de la cohérence. Je n’accepte pas n’importe quelle ânerie sous prétexte qu’elle est de gauche, de même que je ne rejette pas n’importe quelle idée sous prétexte qu’elle est de droite. J’analyse les idées et les évaluent en fonction d’un objectif premier ; l’indépendance du Québec. Et j’en reconnais plus que jamais l’urgence. Nous devons sortir du Canada au plus vite. Parce que pendant ce temps, on nous met en place un État policier dramatiquement puissant et présent, on démantèle nos acquis sociaux, on détourne la Caisse de dépôt de son mandat, on pille lentement nos ressources naturelles, avec des redevances faméliques et sans vision à long terme, on privatisera tranquillement nos sociétés d’État comme Hydro-Québec ou la SAQ...

L’indépendance du Québec n’est pas une fin. C’est un début. C’est un premier pas vers la liberté. « Il est très difficile de démarrer une révolution. Il est encore plus difficile de la poursuivre. Le plus difficile de tout c’est de la gagner. Et c’est seulement là que les vraies difficultés commencent » -Larbi Ben M’hidi (4) dans le film La bataille d’Alger.

NOTES

(1) Voir l’ANNEXE. Falardeau dixit : «Je suis allé à l’école secondaire dans St-Michel, j’ai donc côtoyé des Québécois et Québécoises de toutes les origines. J’ai des amis qui sont originaires du Mali, d’Algérie, du Maroc, d’Haïti, d’Argentine, de France, de Belgique, du Chili, du Vietnam, etc. Et contrairement à ce qu’on nous fait croire, l’option indépendantiste est relativement vivante chez les enfants de la loi 101, chez les fils et filles d’immigrants. Fin de la parenthèse.»

(2) Dans le film La bataille d’Alger (documentaire, 2006), Jules Falardeau cite Larbi Ben M’hidi (voir l’ANNEXE). Consulter : La Bataille d’Alger et les «censures». http://www.univ-paris13.fr/benjaminstora/limage/199-la-qbataille-dalgerq-histoire-des-qcensuresq-par-benjamin-stora

(3)Budget fédéral. «L’austérité vient (surtout) de l’ouest. L’essor de la nation passera par une transformation radicale du régime fiscal canadien.» http://www.ledevoir.com/politique/canada/437935/budget-federal-l-austerite-vient-surtout-de-l-ouest «Le partage des compétences est la source principale de ce phénomène. […] Ottawa devrait considérer le transfert de champ fiscal vers le Québec et les provinces, tel que l’a suggéré jadis la Commission sur le déséquilibre fiscal.» Bravo ! Mais on le sait depuis 1867. Le Québec reste prisonnier de l’union fédérale et de l’État fédéral. Cette approche est celle de l’optique fédéraliste. Je suis navré.

(4) Consulter Wikipedia (http://fr.wikipedia.org/wiki/Larbi_Ben_M'hidi)

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Bruno Deshaies209 articles

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BRUNO DESHAIES est né à Montréal. Il est marié et père de trois enfants. Il a demeuré à Québec de nombreuses années, puis il est revenu à Montréal en 2002. Il continue à publier sa chronique sur le site Internet Vigile.net. Il est un spécialiste de la pensée de Maurice Séguin. Vous trouverez son cours sur Les Normes (1961-1962) à l’adresse Internet qui suit : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-1-20 (N. B. Exceptionnellement, la numéro 5 est à l’adresse suivante : http://www.vigile.net/Les-Normes-en-histoire, la16 à l’adresse qui suit : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-15-20,18580 ) et les quatre chroniques supplémentaires : 21 : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-Chronique 22 : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-Chronique,19364 23 : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-Chronique,19509 24 et fin http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-Chronique,19636 ainsi que son Histoire des deux Canadas (1961-62) : Le PREMIER CANADA http://www.vigile.net/Le-premier-Canada-1-5 et le DEUXIÈME CANADA : http://www.vigile.net/Le-deuxieme-Canada-1-29 et un supplément http://www.vigile.net/Le-Canada-actuel-30

REM. : Pour toutes les chroniques numérotées mentionnées supra ainsi : 1-20, 1-5 et 1-29, il suffit de modifier le chiffre 1 par un autre chiffre, par ex. 2, 3, 4, pour qu’elles deviennent 2-20 ou 3-5 ou 4-29, etc. selon le nombre de chroniques jusqu’à la limite de chaque série. Il est obligatoire d’effectuer le changement directement sur l’adresse qui se trouve dans la fenêtre où l’hyperlien apparaît dans l’Internet. Par exemple : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-1-20 Vous devez vous rendre d’abord à la première adresse dans l’Internet (1-20). Ensuite, dans la fenêtre d’adresse Internet, vous modifier directement le chiffre pour accéder à une autre chronique, ainsi http://www.vigile.net/Le-deuxieme-Canada-10-29 La chronique devient (10-29).

Vous pouvez aussi consulter une série de chroniques consacrée à l’enseignement de l’histoire au Québec. Il suffit de se rendre à l’INDEX 1999 à 2004 : http://www.archives.vigile.net/ds-deshaies/index2.html Voir dans liste les chroniques numérotées 90, 128, 130, 155, 158, 160, 176 à 188, 191, 192 et « Le passé devient notre présent » sur la page d’appel de l’INDEX des chroniques de Bruno Deshaies (col. de gauche).

Finalement, il y a une série intitulée « POSITION ». Voir les chroniques numérotées 101, 104, 108 À 111, 119, 132 à 135, 152, 154, 159, 161, 163, 166 et 167.





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1 commentaire

  • Bruno Deshaies Répondre

    11 mai 2015

    Vendredi, 11 mai 2015 17:35
    «…un projet tout à fait inédit…»
    Dans ma liste des indépendandistes fervents et de longue date, Monsieur Gilles Verrier est l’un de ceux-là. Sa récente Tribune libre ne m’a pas surprise.
    La relance d’une bonne idée (*)
    L’institut sur l’indépendance de PKP
    Après un fiasco et quelques couacs
    Gilles Verrier
    Tribune libre de Vigile, samedi 14 février 2015 409 visites + 5 messages 2015-05-11
    Je cite :
    Indépendant du PQ, l’Institut s’attirerait plus facilement des apports de l’extérieur, profitant des travaux de personnes favorables à l’indépendance mais qui ne sont pas forcément en phase avec l’intendance provinciale vue par le PQ. Ce serait donc la mise en œuvre d’un projet rassembleur centré sur la préparation de l’indépendance, un projet tout à fait inédit qui pourrait rassembler, dans ma vision des choses, quelques centaines de personnes, voire des milliers de participants dans le scénario le plus favorable.
    Monsieur Verrier a été de ceux et celles, en 2003, à promouvoir la création d’une Ligue pour l’indépendance du Québec (LIQ). J’ai personnellement travaillé à cette cause avec lui ainsi qu’avec, Hugo St-Hilaire, Pierre Daviau, Raymond Savard et d’autres personnes. Un site Internet a été créé à ce moment-là (cf. http://pages.infinit.net/liq/ et http://www.vigile.net/archives/ds-actu/docs3a/03-10-9-1.html#9tlhsh). C’est pourquoi, il est tout à fait normal de parler de «La relance d’une bonne idée».
    Avant l’existence de la LIQ, j’ai personnellement signé plusieurs chroniques où j’ai fait la démonstration de la nécessité de créer un tel organisme en dehors du giron de la politique des partis. Le site de la LIQ donne de précieuses orientations. Le plus important, c’est d’en arriver à une meilleure compréhension de l’OPTIQUE INDÉPENDANTISTE. Pourquoi ? Parce qu’il faut d’abord se libérer définitivement des réflexes de l’optique fédéraliste (**). Mais fondamentalement, Il faut apprendre à vouloir commander sa propre vie, posséder son autonomie interne et externe, jouir de la pleine autodétermination politique, avoir le «self-government » complet. (N. B. Depuis la seconde guerre mondiale, le concept est synonyme d'indépendance (cf. Tome 9 du Grand Larousse encyclopédique en dix volumes, 1969.)
    La notion de nation indépendante n’est pas un pis-aller. Au-delà des études sur les travers du fédéralisme, il faut comprendre que les pleins pouvoirs de l’État souverain sont requis pour jouir de l’indépendance politique du Québec. Il s’agit de la nation au sens intégral. Voilà une ambition collective qui peut être stimulante. C’est plus emballant que de se contenter de se plaindre ad nauseam de tous les travers de la «maison de fous» du fédéralisme canadian. Les Québécois connaissent cette ritournelle.
    Faire comprendre les avantages inouïs de l’indépendance politique de l’État québécois
    Les indépendantistes doivent maintenant faire comprendre les avantages inouïs de l’indépendance politique de l’État québécois. L’Institut doit se pencher sérieusement et en priorité sur cette question. Dans un certain sens, Jules Falardeau serait parmi «les jeunes de 15 à 90 ans qui se révoltent» selon l’expression de Maurice Séguin ; en revanche, il y a «les croulants (de 15 à 90 ans) qui acceptent» telle la Coalition pour l’avenir du Québec (CAQ), Québec solidaire (QS) sous de nombreux aspects et les «référendistes» qui ne clarifient pas leurs options (cf. pour l’information générale sur Wikipédia : Course à la chefferie du Parti québécois de 2015). (N’oublier pas la note de fin no 4 pour les élections de 2014.)
    Entre les deux, il y a ceux qui pensent qu’ils peuvent secouer « du jour au lendemain une très vieille tradition qui, depuis cent quarante-huit ans [en 2015] (sans tenir compte du régime préalable de l’Union entre 1840 et 1867), permet à l'immense majorité à accepter comme normale l'annexion. C’est le premier obstacle. » (Cf. Histoire de deux nationalismes au Canada, p. 430). Finalement, les Québécois se retrouvent dans « une province semi-française » et sont devant le « drame des deux impossibles et de l’inévitable survivance (Ibid., 10.2.4.3).»
    En d’autres termes, les Canadiens-Français forment un peuple «coincé» intégré à l’unité politique canadian − d’où une « inévitable survivance dans la médiocrité (c’est-à-dire une insuffisance au plan politique, économique et culturel du fait de l’annexion au sein de l’unité de la nation souveraine canadian ou pancanadienne). Le Québec est donc enclavé dans le Canada. Plus clairement, cet état de fait signifie que « toute privation d’indépendance est synonyme d’oppression » (cf. Les Normes, Chapitre premier, Vie et conditions de vie, division 1.2 et section 1.2.3 au complet et aussi Histoire de deux nationalismes au Canada, p. 26-30, 126-127 et 141 ou Une histoire du Québec. Vision d’un prophète, p. 80-81,169, 176-177 et 203-204).
    Deux types de nationalisme se font face :


    (1) celui du Canada comme unité politique indivisible
    et
    (2) celui du Québec comme collectivité nationale et nation réelle déjà dotée de toutes les conditions suffisantes pour vivre son indépendance complète à l’interne, « maître chez lui », et dans le monde.
    Dans ce contexte précis, l’oppression essentielle et les oppressions accidentelles que subit le Québec ne peuvent qu’alimenter le mécontentement profond des Québécois-Français majoritaires au Québec. La société québécoise se trouve finalement divisée en trois camps irréconciliables : les fédéralistes, les souverainistes et les indépendantistes. En plus, dans le camp des souverainistes et des indépendantistes, l’éventail des options et des opinions est tellement large que l’individualisme l’emporte sur l’urgence de former une alliance commune de toutes les forces souverainistes sur « le concept de l’indépendance d’une collectivité ». Ce sera le défi MAJEUR de monsieur Péladeau, le 15 mai prochain, de former une équipe politique capable de penser dans l’optique indépendantiste. Le «pays» ne pourra pas se faire autrement. La population québécoise s’attend à un discours non-équivoque et stimulant. Bref, elle doit savoir que le Québec a toutes les qualités voulues pour ÊTRE une nation indépendante.
    Cela étant dit, il faudrait un accroissement significatif du degré d’insatisfaction en présence de sa situation actuelle. Ce mécontentement pourrait cimenter un taux plus élevé du nombre de Québécois favorables à un changement fondamental. Le statu quo politique deviendrait insupportable pour une majorité suffisante d’individus dans la société québécoise. Alors, cette « médiocrité » collective vivement ressentie pourrait permettre de « monter vers l’indépendance » tout court. Il y aurait un élan de donné. Or, nous savons aujourd’hui que cette démarche est insuffisante en soi. Nécessairement, il faudra également la volonté de franchir le Rubicond en sachant CE QUE C’EST QUE L’INDÉPENDANCE (***).
    Pour y arriver, les Québécois devront se déprogrammer de leur atavisme politique envers l’idéologie fédéraliste largement répandue dans la population et parmi les instances publiques et le secteur privé de la société civile québécoise. C’est l’un des obstacles majeurs à la réalisation de l’objectif de l’indépendance nationale du Québec. Parvenir à y mettre fin assurerait aux Québécois la possibilité de disséminer le concept de l’indépendance complète du Québec auprès de l’opinion publique.
    Cette voie exige de reconnaître pour l’action les exigences de la tactique. Les chefs indépendantistes, engagés dans l’action, poursuivant cette fin doivent parvenir à infléchir le cours des événements et lutter contre des forces adverses en présence. Leur action s’accompagnera inévitablement d’une certaine propagande.
    Les chefs ne sont pas obligés de tout dire, cependant plus de lucidité permettrait, pourvu que l’on surmonte les tentations de découragement, de concentrer ses efforts dans le domaine du possible, là où l’action permet actuellement des résultats. Par contre, l’appropriation de l’indépendance nationale du Québec va exiger un travail quotidien et intense. À cet égard, nous devons faire confiance à Monsieur Pierre Karl Péladeau et à la direction qu’il donnera à son action et à son équipe avec l’aide de l’Institut de recherche sur l’indépendance. Cette synergie permettra de jumeler l’étude et l’action en vue de maintenir le cap de l’indépendance avec de nouveaux moyens d’action.
    NOTES
    (*) Allusion à la création, en 2003, de la Ligue pour l’indépendance du Québec.
    (**) Il faut remonter à l’UNION des deux Canadas, en 1840, pour pouvoir observer cette tangente qui sera prise par les Canadiens-Français. Elle est à la base de l’interprétation traditionnelle de l’histoire des Canadiens (cf. Bruno Deshaies sur la place de Maurice Séguin dans l’historiographie. Voir aussi : Bruno Deshaies «Maurice Séguin. L’historien visionnaire du Québec contemporainDans Vigile.quebec, Chronique du jeudi 6 avril 2006. Édition révisée de la chronique du jeudi 27 septembre 2001.
    (***) Pierre Daviau, «De la difficile appropriation de l’indépendance (2).» Indépendance du Québec 261. Dans Tribune libre de Vigile, jeudi 12 octobre 2006.