L'inexplicable M. Boisclair

La manoeuvre est tout simplement incompréhensible. Suicidaire.

PQ - leadership en jeu - la tourmente



Sa relative bonne performance lors de la campagne électorale avait presque fait oublier cette faille dans la personnalité politique d'André Boisclair: un grave manque de jugement. Cette faille est réapparue, béante, au cours de l'entrevue diffusée hier aux Coulisses du pouvoir, à la télévision de Radio-Canada. La déclaration de guerre que le chef du Parti québécois a lancée à Gilles Duceppe est franchement inexplicable, insensée.
André Boisclair a commencé par appeler les militants souverainistes au «calme». À ce sujet, ses propos étaient justes: les solutions précipitées sont rarement les bonnes, les souverainistes n'ont pas intérêt à trop affaiblir le Bloc, le PQ ferait bien de s'inspirer du Parti libéral qui, lui, lave son linge sale en famille.
Sauf que, après avoir prononcé cet appel au calme, M. Boisclair a laissé tomber une véritable bombe atomique en s'en prenant de front à M. Duceppe. Il l'a accusé, en termes à peine voilés, de manoeuvrer en coulisses pour prendre sa place; lui a conseillé de faire passer les intérêts de la souveraineté avant les siens; l'a invité à rester à Ottawa, sous peine d'affaiblir le mouvement.
M. Boisclair s'en est aussi pris à ceux qui, dans son parti, ont «un double langage malgré les déclarations qu'ils font», notamment à des personnalités qui «n'ont pas été de la course au leadership» (François Legault, sans doute). Alors que le chef du Parti québécois devrait mettre toutes ses énergies à calmer la grogne, il a agi au contraire de façon à multiplier le nombre de ses ennemis.
M. Boisclair a aussi accru la confusion au sein de la population quant à ses convictions. Au lendemain du scrutin du 26 mars, on pensait qu'il préparait une réorientation fondamentale du programme du Parti québécois, réorientation qui paraît en effet nécessaire. Hier, il s'est plutôt fait le champion de l'orthodoxie face à un Gilles Duceppe qui, prétend-il, souhaiterait un retour à l'«affirmation nationale» de Pierre Marc Johnson. Outre son déconcertant manque de jugement, c'est l'autre grande faiblesse de M. Boisclair: un an et demi après son élection à la tête du Parti québécois, on ne sait toujours pas à quelle enseigne il loge.
Autre constat troublant: quand le reporter Pierre Duchesne lui demande d'où il tient ses informations sur les grenouillages du camp Duceppe ou sur les velléités «affirmationnistes» du chef du Bloc, André Boisclair évoque vaguement ce qu'il a «lu dans les journaux». Et c'est sur la seule base de quelques articles que le chef du Parti québécois fonde une telle charge? Ça ne fait pas sérieux.
On comprend des propos de M. Duceppe que son homologue péquiste a annulé une rencontre qui devait avoir lieu entre les deux hommes. Le chef du Bloc ne semblait pas très pressé, hier, de remettre cette réunion à son agenda...
Voici donc le résultat de la sortie de M. Boisclair: au moment où son leadership et le mouvement indépendantiste sont tous deux affaiblis, il se met à dos le politicien souverainiste le plus solide et le plus populaire. Comment a-t-il pu croire une seconde qu'il consoliderait ainsi sa place? Qu'il susciterait l'adhésion au sein de son caucus et de son parti?
La manoeuvre est tout simplement incompréhensible. Suicidaire.

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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