L'étau se resserre sur Boisclair

La présidente Monique Richard a cependant reconnu hier que la charge d’André Boisclair contre le chef bloquiste Gilles Duceppe a changé la donne.

PQ - leadership en jeu - la tourmente


Denis Lessard, Tommy Chouinard et Joël-Denis Bellavance - La pression sur André Boisclair augmentera de façon spectaculaire dans les prochaines heures. Le chef péquiste, qui voulait repousser à septembre 2008 le test sur son leadership, sera forcé d’accepter une échéance beaucoup plus rapprochée.
Quelques députés péquistes comptent revenir à la charge, dès aujourd’hui, avec leur exigence d’un vote de confiance qui se tiendrait au début de l’automne prochain, a appris La Presse.
L’un d’eux, François Legault, envisageait même hier de formuler publiquement cet ultimatum si le chef péquiste continuait, comme à la dernière réunion du caucus, de faire la sourde oreille. Pour des proches du député de Rousseau, ce dernier compte aller de l’avant pour « proposer une voie afin de sortir de la tempête ». Il
pourrait bien ne pas être seul aujourd’hui.
Jusqu’ici, la direction du PQ avait proposé que le congrès permettant ce vote se tienne en septembre 2008 seulement.
La présidente Monique Richard a cependant reconnu hier que la charge d’André Boisclair contre le chef bloquiste Gilles Duceppe a changé la donne. «Quand on a débattu de la question, on était dans une conjoncture, et maintenant, celle-ci a évolué», a-t-elle affirmé à La Presse.
Monique Richard a confié à quelques collègues qu’elle comptait convoquer rapidement une nouvelle réunion de la direction du parti, et ce, contre la volonté d’André Boisclair.
En soirée hier, on prédisait qu’André Boisclair serait enclin à saisir cette dernière perche, à accepter un vote de confiance plus rapide. Il compte gagner du temps afin de tenter à nouveau de rallier ses troupes. Son adversaire évident, Gilles Duceppe, pourrait être aspiré par la préparation d’élections fédérales après l’été prochain, analyse-t-on.
Le mécontentement est désormais à son comble chez les députés à la suite de la sortie belliqueuse de M. Boisclair à l’endroit de l’autre chef souverainiste.
Après Serge Deslières et Sylvain Pagé, Stéphane Bergeron, ancien bloquiste, réclame lui aussi que le congrès du PQ se tienne beaucoup plus tôt qu’en septembre 2008.
«Il faut sortir de la controverse autour du leadership le plus rapidement possible», a-t-il expliqué.
«Il faut que le parti retombe sur ses pattes le plus rapidement possible, a affirmé Monique Richard. Il faut prendre les bons moyens pour le faire. C’est dans ce sens qu’on va travailler.» Est-ce que ce travail peut se faire avec André Boisclair à la tête du PQ? «On va voir. Ça fait partie des évaluations à faire.» Est-ce que M. Boisclair pourrait remettre sa démission? «On n’en est pas rendu là», a-t-elle répondu.
«S’il avait des choses à dire » à Gilles Duceppe, André Boisclair aurait dû « faire autrement», selon Mme Richard.
M. Boisclair s’est retranché hier avec une poignée de fidèles pour soupeser les appuis qui lui restent. André Boisclair sait désormais qu’une majorité de députés souhaitent son départ. L’appui des militants à sa proposition de congrès en septembre 2008 seulement fond aussi à vue d’œil dans les régions, alors que la Conférence nationale des présidents devra se prononcer le 26 mai sur la date du congrès.
En plus de son chef de cabinet Line Sylvie Perron, André Boisclair était entouré de deux conseillers tout juste rentrés de l’étranger: Éric Bédard, l’un de ses principaux lieutenants et Louis Philippe Bourgeois, organisateur de la dernière campagne.
Le député de Gouin, Nicolas Girard et Nicolas Brisson, responsable de l’organisation désormais, multipliaient les appels en région pour sonder la solidarité des présidents.
Pour sa part, Gilles Duceppe, ne s’est pas entretenu avec André Boisclair depuis que le chef du PQ l’a accusé vendredi de comploter contre lui. Et le chef bloquiste n’est nullement pressé de rétablir les ponts de communications avec celui qui, pas plus tard qu’au mois de mars, était son principal allié au sein du mouvement souverainiste.
M. Duceppe a toutefois demandé à ses députés bloquistes d’intensifier le dialogue avec les autres députés péquistes afin de limiter les pots cassés.
Devant une meute de journalistes, hier, à Ottawa, il a tenté par tous les moyens de mettre fin à la bisbille publique qui a éclaté entre les deux leaders souverainistes. «On ne s’est pas parlé depuis (vendredi). On avait un rendez-vous. Il a été annulé. Donc, je vais attendre. On verra. On verra», a-t-il dit.
Interrogé pour savoir qui doit faire les premiers pas pour réconcilier la famille souverainiste, le chef bloquiste a déclaré : «J’ai dit ce que j’avais à dire en fin de semaine. Je ne ferai pas d’autres commentaires sur cela.» Dimanche, M. Duceppe a lancé un appel à l’unité des souverainistes.
Les députés bloquistes se sont dits très surpris des propos de M. Boisclair, l’accusant notamment d’avoir «perdu le contrôle». Pierre Paquette, qui est maintenant leader parlementaire du Bloc québécois et qui pourrait remplacer M. Duceppe si ce dernier fait le saut en politique provinciale, a affirmé que cette bisbille nuira aux deux partis et laissera des traces dans le mouvement souverainiste. Il a également soutenu que la sortie de M. Boisclair était totalement «injustifiée».
Seule la députée de Longueuil-Pierre-Boucher, Caroline Saint-Hilaire, a offert une note discordante, allant même jusqu’à accréditer la thèse de complot mise en avant par André Boisclair.
«Il n’y a pas de fumée sans feu», a laissé tomber Mme Saint-Hilaire, qui est en colère contre Gilles Duceppe depuis que ce dernier a réorganisé le comité électoral du parti sans la consulter.
La candidate défaite à la course au leadership du Parti québécois, Pauline Marois trouve «triste» ce qui se passe actuellement au sein de la formation souverainiste. «J’espère que le parti va se ressaisir», a-t-elle affirmé à RDI. À la question «ça ne vous tente pas de revenir?» elle a répondu par une question : «Pensez-vous que c’est un bon moment pour revenir…»
- Avec Malorie Beauchemin


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