Denis Lessard - (Québec) Une enquête publique sur le financement de l'ensemble des partis politiques ainsi que sur l'industrie de la construction devrait être déclenchée, ont soutenu d'une même voix ce matin, la péquiste Pauline Marois et Amir Khadir, le représentant de Québec Solidaire à l'Assemblée nationale. Les députés indépendants issus de l'ADQ, Eric Caire et Marc Picard se sont joints mercredi matin à un point de presse hors du commun devant le Parlement.
L'ADQ, absente, était la première à réclamer une commission d'enquête sur la construction, a relevé Mme Marois. Le parti de Gérard Deltell sera sûrement d'accord avec la résolution que la coalition entend faire débattre la semaine prochaine à l'Assemblée nationale.
Jusqu'ici, l'opposition réclamait une commission d'enquête sur le financement du Parti libéral, point de convergence de l'attribution des contrats de construction, de l'émission des permis de garderie et de l'attribution des charges de magistrats, souligne Mme Marois. Expliquant le changement de formulation, Mme Marois a soutenu qu'on voulait ainsi éviter de prêter flanc à la critique en mettant à l'abri de l'enquête le financement du PQ et des autres partis.
Pour Amir Khadir, bien des élus libéraux sont aussi mal à l'aise avec «l'atmosphère de corruption, l'air vicié à l'Assemblée nationale». «On en est rendu à avoir honte du mot fier !» a-t-il ironisé, une allusion à la controverse autour des fonds d'investissements régionaux (FIER). Si le premier ministre Charest n'a pas le courage de faire la lumière sur toutes les affaires de corruption mises sur la place publique au cours des derniers mois, «il doit démissionner», a lancé M. Khadir. Par son refus, «il dévalorise sa fonction», a renchéri Mme Marois. Elle s'est défendue vigoureusement d'avoir voulu marquer des points politiques en évoquant la maladie du ministre Claude Béchard qui l'empêcherait de venir appuyer aux votes un gouvernement taxé d'une courte majorité. «M. Charest fait encore dans la diversion... malsaine» a-t-elle répliqué.
En Chambre, Pauline Marois a soutenu que le «Québec est actuellement paralysé par les allégations de corruption. Et le premier ministre ne peut fuir ses responsabilités». Le rapport du Vérificateur de Montréal qui montre que certaines firmes sont favorisées dans l'octroi des contrats par la Ville ajoute à la suspicion.
En réplique, Jean Charest a soutenu que la police s'occupait de ces allégations. «Peu importe la voie suivie, il faut des preuves des faits pour ces opérations, a-t-il rappelé. Quand on lance l'escouade Marteau, c'est ce qu'on fait, on a resserré les lois, cela prend des faits pour pouvoir intervenir là où on doit agir. C'est là le sens de notre action».
Pour le ministre de la Sécurité publique, Jacques Dupuis, bien des gestes ont été posés pour lever le voile sur ses malversations. Des ressources supplémentaires ont été allouées à la Sûreté du Québec. Ce que dit Mme Marois «est une insulte pour les 40 policiers qui travaillent là-dedans à tous les jours. On ne tolère pas les gestes illégaux, les gens qui contournent les règles...» a-t-il lancé.
Lors du point de presse de la coalition, tous les élus arboraient un foulard blanc, «signe de transparence, de pureté», a expliqué Mme Marois. Elle souhaite que les citoyens qui appuient cette démarche fassent la même chose. La décision des élus de porter ce signe distinctif à l'Assemblée nationale a soulevé une controverse. Pour le libéral Jacques Dupuis, c'est signe de la dérive de l'institution au cours des derniers mois. Pour le péquiste Stéphane Bédard, ce geste n'est pas différent que d'arborer un macaron ou une fleur pour des oeuvres de bienfaisance
À contrecoeur, les députés ont rangé leurs foulards après quelques minutes d'argumentation.
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