La banalité du djihad

Chronique de Djemila Benhabib

Les deux tourtereaux Sabrine Djermane et El Mahdi Jamali, à peine âgés de 18 ans, ont unis leur amour non pas pour fonder une famille mais pour se mettre au service d’un projet fou et totalement liberticide : détruire la démocratie.

Mais qu'est-ce qui peut expliquer l’effarante attitude de ce jeune couple ? Étaient-ils animés d’un romantisme naïf ? Sont-ils des adolescents en quête d’aventures ? Ont-ils nourri une volonté de venir en aide à leurs « frères » et « sœurs » en religion ?

Ces deux-là ne sont pas des paumés. Ils avaient tout pour espérer construire un avenir prometteur. Sabrine Djermane étudiait en soins infirmiers et son compagnon en sciences de la nature. A priori, je ne vois pas très bien ce qu’ils pouvaient reprocher à notre société qui justifierait leur activisme djihadiste. Et pourtant, ils cherchaient mordicus à la détruire. Alors quoi ?

Ces deux-là étaient prêts à tout. « Si on ne peut pas aller là-bas, on va le faire ici. », évoquaient-ils. Pourtant ils ne sont guère des exclus, encore moins des laissés-pour-compte ou des récidivistes. Aurait-il fallu presque rien pour les convaincre d’un autre destin ? Pourquoi ont-ils choisi de devenir des cowboys tueurs? La ligne entre les deux est si mince. Tac, et ça bascule ! Clic, et c’est l’État islamique. On sait, au moins, depuis la banalité du mal, concept si cher à Hannah Arendt, que d’humains ordinaires nous pouvons passer dans la catégorie des pires criminels.

Ce profil de jeunes des classes moyennes nous montre bien que les raisons de la radicalisation ne se trouvent pas toujours dans l’exclusion, l’abandon et la pauvreté. C’est peut-être là la conclusion la plus dérangeante, du moins pour certains, du décryptage de ces nouveaux profils. Rassurons-nous, éteindre, en soi et dans les autres, la part solaire de l'humain n’est pas une affaire de pauvres. De plus, la vie de Sabrine Djermane et El Mahdi Jamali ne semble pas être un désert affectif. Raison de plus.

Il faut reconnaître que l’offre de l’autre côté est emballante. Les techniques de recrutement et de propagande des groupes djihadistes sont faites sur mesure pour « nos jeunes » et témoignent d'une véritable recherche esthétique et de mise en marché. Oui, le djihad se vend. Et il se vend bien à part ça. Car les djihadistes savent qu'ils disposent d'un vivier important en Occident; alors ils mettent le paquet.

Cette offre a une résonance toute particulière dans des sociétés occidentales de plus en plus éclatées, consuméristes, où les idées collectives sont devenues si peu de choses. L’heure est à la comptabilité. Aux colonnes. Aux chiffres. Aux moyennes. À l’austérité. Paradoxalement, l'« offre islamiste » est communautaire et idéologique. Ce qui me frappe dans notre société c’est notre résignation à ne pas comprendre cela.

Une tête vide ne fera jamais que sonner creux. Sommes-nous en retard d’une guerre?


Laissez un commentaire



6 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    31 mai 2015

    Qu'attend Québec solidaire pour se désolidariser d'Adil Chakaoui plutot que de continuer a jouer le jeu des dénonciations bidons de Charkaoui?
    Québec solidaire se réjouit de la victoire d’Adil Charkaoui
    http://www.quebecsolidaire.net/quebec-solidaire-se-rejouit-de-la-victoire-dadil-charkaoui/
    Vous avez raison sur la banalité du djihad et l'offre djihadiste
    Mais derriere la filiere djihadiste du Québec se profile un homme qui a une certaine sympathie pour ne pas dire une sympathie certaine de Québec Solidaire qui est toujours d'accord avec les dénonciations de Charkaoui et qui ne réagit meme pas a l'Assemblée Nationale quand le sujet est soulever et je vous ferez grace des commentaires de certain membres de QS qui on défendu Charkaoui et que l'on peut lire sur le web a propos de cet individu
    La nébuleuse québécoise du djihadisme
    Une toile d'araignée
    http://www.lapresse.ca/actualites/201505/30/01-4873918-la-nebuleuse-quebecoise-du-djihadisme.php
    Encore le centre Assahaba
    C'est au centre islamique Assahaba, qui est présidé par le prédicateur Adil Charkaoui et que fréquentent un millier de fidèles, que le groupe aurait reçu le mode d'emploi pour se rendre en Syrie, selon ce que des jeunes et leurs familles ont dit à la police. Au moins six d'entre eux fréquentaient le centre.
    Pour ne pas éveiller les soupçons des autorités, les 10 jeunes, qui ne se connaissaient pas tous mais qui avaient des amis communs au sein du groupe, avaient acheté des billets pour l'Italie avec une escale à Istanbul. Ils avaient aussi en main des billets de retour de l'Italie vers Montréal. Le plan était de descendre en Turquie et de ne jamais revenir. Selon nos informations, ce sont des personnes rencontrées au centre Assahaba qui leur auraient suggéré cette stratégie. Une des jeunes filles avait d'ailleurs dit à son père qu'elle partait se marier en Italie pour justifier son départ.
    Mais la toile est beaucoup plus grande. Notre enquête a révélé des liens entre le groupe parti en janvier et Merouane Ghalmi, ce Montréalais qui a accepté récemment de se soumettre à de sévères conditions, dont celle de porter un bracelet GPS parce que les autorités craignaient qu'il ne commette un acte terroriste.
    Nos sources ont aussi confirmé que quelques-uns des sept jeunes disparus en janvier et certains membres du groupe des 10 Québécois interceptés il y a deux semaines se connaissaient. En remontant encore la piste, on arrive jusqu'à un adolescent de 15 ans arrêté en novembre après avoir commis un vol dont le fruit devait servir à acheter un billet d'avion vers le djihad. Lui-même correspondait avec Martin Couture-Rouleau, auteur de l'attentat de Saint-Jean-sur-Richelieu.
    Les pieces du puzzle Charkaoui qui relie son centre d'endoctrinement islamique Assahaba a la filiere djihadiste québécoise se mettent en place un a un
    Québec Solidaire seras -il encore une fois et comme toujours solidaire avec les dénonciations de Charkaoui qui ne tarderont pas a se faire entendre suite a cette article de GABRIELLE DUCHAINE, VINCENT LAROUCHE sur la nébuleuse québécoise du djihadisme ?

  • Archives de Vigile Répondre

    27 mai 2015

    Mme Ayyan Hirsi Ali, ex musulmane Somalienne, est venu donné une conférence a Toronto en 2011 et elle explique la différence entre la culture Occidentale, qui est la culture de la vie et la culture islamique qui est la culture de la mort (vie éternelle dans l'au delà).
    Pourquoi, un musulman instruit, comme on l'a vu ici au Québec qui préparait un attentat sur Vial Rail, ou ceux qui préparaient un attentat au parlement d'Ottawa en 2006, etc.. peuvent commettre des attentats?
    C'est justement pour leurs croyances de la vie après leur mort!!!
    L'islam n'est pas une Religion, mais un système de croyances.
    Beaucoup de nos contemporains ont du mal à concevoir à quel point l'islam diffère de ce que les occidentaux imaginent être une religion.
    De manière généralisée, l'ignorance de ce qu'est l'islam, ignorance entretenue au prix de grands efforts par de nombreuses organisations, amène l'occidental moyen à considérer comme un fait évident que "l'islam est une religion comme les autres".... Erreur.
    Une grande et admirable figure de la lutte anti-jihad, elle même ancienne musulmane, nous explique sa vision de ce qu'est l'islam.
    Passionnant et édifiant !
    Sous titré en Français.
    http://verite-valeurs-democratie.over-blog.com/article-ayaan-hirsi-ali-nous-parle-de-l-islam-65984433.html

  • Archives de Vigile Répondre

    27 mai 2015

    Poursuivez votre réflexion, Djemila, car il demeure plusieurs éléments mystérieux. Ce petit couple ne semblait pas démuni matériellement... un sentiment d'injustice, de pauvreté ou de misère ne serait donc pas prédominant.
    La dimension métaphysique, religieuse ou spirituelle me laisse également sceptique à cet âge débordant de vigueur. Ce n'est pas non plus une haine conceptuelle, ces deux jeunes n'ayant manifestement pas une représentation substantielle de ce qu'ils détestent (capitalisme, démocratie, etc).
    Il faut chercher ailleurs car l'énergie n'est pas canalisée de cette façon. La propagande et l'enrôlement sont vraisemblablement les deux principaux facteurs, mais le problème est alors de préciser le contexte de leur succès. La psychologie de l'adolescence pourrait sans doute aider.

  • Pierre Rouve Répondre

    27 mai 2015

    «... "Cette offre a une résonance toute particulière dans des sociétés occidentales de plus en plus éclatées, consuméristes, où les idées collectives sont devenues si peu de choses. L’heure est à la comptabilité. Aux colonnes. Aux chiffres. Aux moyennes. À l’austérité. Paradoxalement, l’« offre islamiste » est communautaire et idéologique. Ce qui me frappe dans notre société c’est notre résignation à ne pas comprendre cela."»
    Tout est dit .... alors, offrons à la jeunesse autre chose que des centres d'achat, des publicités mensongères, offrons-lui de regarder plus haut, plus loin que son téléphone portable, offrons-lui la richesse de la collectivité, ne réservons plus le sport extra-scolaire aux enfants dont les parents sont assez riches pour le leur payer, ouvrons les université à quiconque est capable d'étudier, en toute gratuité, proposons un monde vraiment meilleur, pas un monde du "toujours plus, toujours davantage, toujours moins cher", qui de toutes manières n'existe pas. Entrons dans le monde réel, celui de l'humanité terrienne, et oublions un peu la "civilisation" dont nous sommes si fiers et qui est, tout simplement, criminelle.
    Ca peut se faire sans aucun religion, sans pression psychologique, sans contrainte sectaire, en toute égalité entre les hommes et les femmes, en embarquant les conquêtes sociales et culturelles des cinquante dernières années en Occident, comme autant de joyaux, et en laissant sur le bord de la route nos errances financières.
    Ca peut se faire si on cesse, à titre de premier pas, de mettre au pouvoir des voleurs, des corrompus, des menteurs, en se disant à chaque instant que ce n'est pas bien grave parce que "si j'étais à leur place, je ferais la même chose"
    Mais qui est prêt pour un tel voyage?

  • Archives de Vigile Répondre

    29 avril 2015

    Oui, le djihad se vend. Et il se vend bien à part ça. Car les djihadistes savent qu’ils disposent d’un vivier important en Occident ; alors ils mettent le paquet.
    L'Islam est contre la démocratie.
    http://gloria.tv/media/Sc48cPNbDiW

  • Archives de Vigile Répondre

    29 avril 2015

    Je sais que les comparaisons sont toujours discutables mais j'ose. A tous les bien-pensants qui se demandent à propos de l'Allemagne Nazi comment est-ce pu être possible, une nation si évoluée de sombrer dans la Barbarie la plus totale? Nous avons la réponse sous nos yeux: la propagande et l'endoctrinement! Imaginez ce que Joseph Goebbels eu pu accomplir s'il avait disposé des outils d'aujourd'hui! Il n y a pas de recette magique pour contrer cela. A partir du moment où quelqu'un croit qu'il y a "quelque chose d'autre" après la mort, on peut lui faire croire n'importe quoi. Pourtant ce sont les croyants qui devraient avoir le fardeau de la preuve. Tant et aussi longtemps qu'on aura pas localisé le paradis dans l'espace, il n'existe pas. Tant et aussi longtemps que Dieu ou tout autre appellation demeurera silencieux, il n'y a aucune raison d'y croire. Que tant de religions diffèrent sur son "message" et aient émergé à des époques où l'ignorance et l'analphabétisme étaient là norme devrait logiquement les discréditer complètement. Comment contrer tout cela, tel est le véritable défi...