La CAQ, un parti en danger

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L'option cul-de-sac de Legault

Le lent déclin de la Coalition avenir Québec (CAQ) s’est poursuivi lundi, lors des élections partielles dans Chaveau et Jean-Talon.
La CAQ a non seulement perdu son château fort de Chauveau, dans la banlieue nord de Québec, elle a reculé dans les suffrages. Les appuis à la formation de François Legault ont chuté de 18 % dans Chauveau et de 7 % dans Jean-Talon (qui englobe Sainte-Foy, Sillery et Cap-Rouge).
C’est une sanction importante, même si le taux de participation invite à la prudence dans l’analyse des résultats. Le taux de participation était de 43 % dans Chauveau et de 44 % dans Jean-Talon. C’est une baisse d’environ 45 % par rapport aux élections générales de 2012.
La défaite est particulièrement difficile à avaler dans Chauveau, où Gérard Deltell régnait en maître depuis 2008. Il avait habitué son parti à des victoires par plus de 10 000 voix.
Jocelyne Cazin, une personnalité publique qui bénéficiait d’une enviable réputation en raison de sa longue expérience à la barre de l’émission J.E., à TVA, a cédé énormément de terrain, permettant à la libérale Véronique Tremblay (une autre ex-journaliste de Québecor) de l’emporter par 1 929 voix de majorité. Véronique Tremblay a récolté 41 % des voix, contre 34 % pour Jocelyne Cazin.
C’est un gain considérable pour les libéraux, qui peuvent maintenant espérer conquérir le cœur de la banlieue de Québec, en grande partie réceptive aux coupes dans les services publics. Véronique Tremblay aura du pain sur la planche. Malgré sa victoire, l’appui aux libéraux a chuté de 11 % depuis les dernières élections dans cette circonscription.
Dans Jean-Talon, une circonscription représentée il n’y a pas si longtemps par un certain Yves Bolduc, une défaite libérale aurait été impensable. Sébastien Proulx, une ancienne éminence grise de l’ADQ, l’a emporté par 2 320 voix de majorité sur le candidat du Parti québécois (PQ), Clément Laberge. Proulx a obtenu 42 % des voix, contre 30 % pour son plus proche rival. L’appui au Parti libéral (PLQ) n’a glissé que de 3 % depuis 2012 dans Jean-Talon.
Le PQ n’a rien gagné ni rien perdu dans ces partielles. Dans Chauveau, l’appui au PQ a augmenté légèrement de 3 %, et dans Jean-Talon, Clément Laberge a fait progresser la formation souverainiste de 8 %, toujours par rapport aux résultats 2012. L’équivalent d’un prix de consolation.
De son côté, le PLQ ne s’éternisera pas longtemps sur l’analyse du vote. Les troupes de Philippe Couillard ont remporté les deux sièges en jeu ; c’est tout ce qui compte.
Avec 71 députés à l’Assemblée nationale, le PLQ peut prétendre qu’il a toute la légitimité nécessaire pour poursuivre ses réformes, aussi impopulaires soient-elles. Les libéraux ne rencontreront pas leur opposition la plus sérieuse au salon bleu, mais dans la rue, alors que les syndiqués de la fonction publique feront entendre leur ras-le-bol cet automne.
La CAQ et ses 21 députés restants doivent maintenant réfléchir à leur avenir. Sur le marché des idées, elle est en déclin. Les libéraux sont caquistes dans leur volonté d’assainir les finances publiques, les péquistes sont caquistes dans leur défense de l’identité québécoise. La CAQ n’a plus le monopole des idées de centre droit, ce corridor étroit où s’entassent maintenant beaucoup trop de politiciens.
Que reste-t-il pour la CAQ, une formation promise à une marginalisation accrue dans les prochaines années, en raison de la diminution de son poids politique ? Qui voudra s’associer à ce parti, qui perd ses meilleures têtes les unes après les autres ?
La CAQ est un parti en danger. Si son chef, François Legault, décide un jour qu’il en a marre de jouer les troisièmes rôles et qu’il claque la porte, le parti ne s’en remettra jamais.


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