La charte des droits n'est pas un pacte de suicide

Les chartes des droits ont été adoptées il y a plus de 25 ans, et force est de constater qu’elles ont mal vieilli et qu’on ne peut pas définir notre identité comme nation en fonction de ces instruments.

Laïcité — débat québécois

Cet édito porte sur le projet de loi 94 établissant des balises aux accommodements dans l'Administration publique (lire) en partant de deux chroniques du 30 mars 2010 sur l'interdiction du voile intégral : celle de Lysiane Gagnon dans La Presse sous le titre : [Du bon sens à l'intolérance->26677] et celle de Tarek Fatah dans le National Post sous le titre : [Quebec shows the way->26680].
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La charte des droits n'est pas un pacte de suicide
Il y a quelque chose de profondément ironique à voir une « infidèle », la chroniqueuse Lysiane Gagnon de La Presse, dénoncer l’interdiction du voile intégral proposée par le gouvernement Charest, tandis qu’un homme musulman, Tarek Fatah, se porte quant à lui, dans le National Post, à la défense de cette interdiction.
Les vues de Mme Gagnon sont celles de l’idéologie multiculturaliste, un nihilisme pour qui la charte des droits appelle à tolérer tout et son contraire. Tarek Fatah, de son côté, fait appel aux valeurs fondatrices du Québec et du reste du Canada. Il rappelle que ces valeurs ne sont pas tombées du ciel ; elles nous sont venues de France et d’Angleterre. À ceux qui reprochent l’imposition de ces valeurs comme modèle assimilationniste, Mr Fatah répond que c’est encore bien pire d’importer les valeurs misogynes des monarchies et théocraties tribales telles qu’elles sont institutionnalisées en Arabie saoudite et en Iran. En fait, Mr Fatah fait appel à l’affirmation sans complexe des valeurs occidentales, qui ont vocation universelle, et au rejet du multiculturalisme. Il a bien raison.
Mr Fatah a le mérite de poser les véritables termes du débat autour des accommodements et du multiculturalisme. Par opposition, le gouvernement Charest, qui présente le projet de loi 94 sur les balises aux accommodements dans l’Administration publique comme un « acte fondateur », nous propose le statu quo, alors qu’un débat de fond et un changement de cap s’imposent.
L’idéologie du multiculturalisme, quel que soit le nom qu’on lui donne (interculturalisme, diversité, laïcité ouverte, etc.), est un projet de transformation radicale de la société. Et pourtant, le peuple n’a pas été consulté. Les citoyens s’opposent à ce changement et, contrairement à ce que prétendent nos experts en diversité, ce n’est pas pour protéger nos cabanes à sucre. C’est tout sauf un repli identitaire pathologique. Il s’agit plutôt d’affirmer que les valeurs québécoises, qui sont celles de la civilisation occidentale, sont supérieures et qu’elles doivent s’imposer. Nous avons accueilli, dans notre histoire, de nombreux immigrants et réfugiés qui se sont assimilés et se sont émancipés dans le cadre de nos valeurs de démocratie et de liberté. Qu’on pense, par exemple, aux boat people. Nous sommes un peuple foncièrement accueillant, généreux, tolérant et pacifique. Nous avons changé et nous nous sommes enrichis au contact des nouveaux arrivants, et ceux-ci ont pris racine chez nous en s’adaptant à notre culture sans heurts et sans crise. Et ce, bien avant les chartes des droits.
Les chartes des droits ont été adoptées il y a plus de 25 ans, et force est de constater qu’elles ont mal vieilli et qu’on ne peut pas définir notre identité comme nation en fonction de ces instruments. Les chartes sont devenues des outils de revendications sans fin par des minorités activistes, et la majorité est aujourd'hui perçue comme naturellement de mauvaise foi et tyrannique. Elles sont des facteurs de division et de conflits ; les groupes minoritaires sont placés dans des rapports de forces entre eux et contre la majorité, engagés dans une quête sans fin de revendications de « droits ». Les chartes font de nous des sociétés de surconsommateurs de « droits », dont celui de ne pas s’intégrer et de rejeter la culture occidentale. Les religions et convictions deviennent des prétextes à exprimer n’importe quoi dans le langage d’un droit fondamental, jusqu'aux demandes les plus absurdes et abjectes qui devraient pourtant relever de la simple liberté privée. Il en résulte que la société se trouve contrainte d’accommoder ces demandes même si elles heurtent de plein fouet nos valeurs structurantes. Ce flot nihiliste de « droits » renforce l’individualisme, sape les fondements des chartes, et encourage les individus à se préoccuper uniquement de maximiser leurs intérêts. Le résultat est absolument effarant.
Du jour au lendemain, nous – la majorité – sommes devenus une nation d’oppresseurs qu’il faut transformer, rééduquer et encadrer par une machine bureaucratique autoritaire et tentaculaire. Sans compter que non seulement nos dirigeants manquent d’une vision à long terme quant à l’évolution souhaitée de notre culture, mais encore qu’ils sont les premiers à nous traiter avec un mépris abject. Qu’on pense à la façon dont la ministre Michelle Courchesne a éliminé les congés fériés du calendrier scolaire de l’ensemble des écoles du Québec pour une poignée de votes. Telle est la vision de nos dirigeants.
Il faut changer de cap, et radicalement. Le Québec a besoin de réaffirmer son identité comme nation appartenant à la civilisation occidentale, dont les racines sont gréco-romaines, judéo-chrétiennes et marquées par les Lumières. Point à la ligne. Les chartes des droits sont interprétées d’une manière qui conduit à renier ces valeurs. Il faut prendre les décisions politiques qui s’imposent. Le droit n’a pas pour mission de définir l’identité d’une nation et d’être un germe de bouleversements.
Aujourd’hui, les chartes sont instrumentalisées par les islamistes et elles se retournent contre nous, nous contraignant à «tolérer» des croyances et des valeurs qui sapent nos valeurs fondatrices. Elles font reculer les libertés et déstabilisent la démocratie. Les chartes ne sont pas un pacte de suicide. Il faut les modifier pour les réactualiser en fonction de la situation nouvelle, qui n’existait pas au moment de leur formulation. Si les chartes forment un obstacle au projet politique des Québécois défini en fonction des valeurs fondatrices de notre culture, il faut les amender ou les abroger. Nous le devons à nos enfants.


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