La culture générale, c’est la vie

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Revenir à la culture générale

En France, rien n’est plus banal que de voir un homme politique important écrire un livre.


On s’y représente le politicien non seulement comme un gestionnaire, mais comme le porteur d’une vision qui doit, à certains moments dans sa carrière, expliquer sa vision des choses.


C’est un rituel d’initiation pour envoyer le signal qu’on veut peser dans la vie du pays.


Lecture


Cela contribue au charme de la France, un pays où on rêve encore d’être écrivain.


Il n’en est pas de même au Québec, où on se méfie spontanément de ceux qui passent de près ou de loin pour des intellectuels.


Rien n’est plus important que de rester au niveau du plancher des vaches, sans quoi on se fera accuser de péter plus haut que le trou.


Alors quand Sébastien Proulx, le ministre de l’Éducation, prend la peine d’écrire le sien, on prendra l’exercice au sérieux. Il n’est vraiment pas banal.


Je reviendrai dans un prochain texte sur les propositions détaillées de Sébastien Proulx, qui méritent d’être considérées sérieusement.


Mais avant ça, essayons de nous placer dans sa situation. Manifestement, Sébastien Proulx a une vision plutôt classique de l’école. Il n’est pas le premier ministre de l’Éducation à penser ainsi. On s’en réjouira. C’était aussi le cas de Jean Garon et de Michèle Courchesne.


Mais comme chaque fois, le ministre découvre que l’éducation est une grosse machine très difficile à réformer. Alors au moins, il veut clarifier ses intentions et envoyer un message.


Un Québec libre est un Québec qui sait lire et écrire. C’est le titre de l’ouvrage.


On nous dira que cela va de soi.


Mais cela ne va pas de soi dans une société où l’école a été prise en otage pendant longtemps par des idéologues fous. Et cela sans parler des conditions de plus en plus difficiles de l’enseignement.


Par ailleurs, il y a quelques générations à peine, l’éducation était vue comme un luxe à réserver aux surdoués de la paroisse. Globalement, on ne la valorisait pas. Avec la Révolution tranquille, on a cherché à renverser la tendance. Il fallait devenir un peuple instruit. Nous avons réussi. Mais en partie seulement. Nous continuons à nous méfier de la culture.


Au-delà de la maîtrise de la lecture et de l’écriture, Sébastien Proulx se demande quelle devrait être la mission de l’école.


Littérature


Une bonne partie de sa réponse consiste à dire qu’elle devrait transmettre un patrimoine de civilisation qu’on assimile globalement à la culture générale. C’est elle qui permet de se situer dans le monde, de le penser.


Elle est même nécessaire, on l’oublie souvent, pour être un bon travailleur. Elle ouvre l’esprit. L’histoire et la littérature sont source de vie. La géographie aussi.


Sébastien Proulx plaide pour un retour à la culture générale. Qu’il en fasse une cause personnelle.


Il se peut qu’on ne retienne pas d’abord cette partie de l’ouvrage. Elle est essentielle.