Il y a de quoi en perdre son latin, et les analystes américains n’y comprennent plus rien. L’OTAN se renforce de jour en jour et se rapproche mètre par mètre des frontières russes. Les provocations de Washington s’intensifient, les insultes et les diffamations dirigées contre la Russie pleuvent quotidiennement, mais rien n’y fait. Moscou reste stoïque. Et encore, cela pourrait s’expliquer par la patience des Russes. Mais quand le Kremlin réagit par le sourire, ouvre les bras comme pour inviter l’OTAN à encore plus d’agressivité, plus d’accusations absurdes, les analystes américains, qui s’attendaient en toute logique à des réactions hostiles, ne comprennent plus. Du coup, ils pressentent un danger véritable, bien plus grand que la simple réaction attendue, et autrement plus sérieux que leurs fables d’une prétendue menace russe. Le danger leur semble d’autant plus menaçant qu’ils n’en saisissent pas la nature. RI
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Foreign Policy met en garde contre tout rapprochement avec la Russie qui » terrorise les membres de l’Otan » et qui » permet à Poutine de se rallier peu à peu les pays de l’Alliance ».
Dans une longue analyse, Foreign Policy perçoit à travers les tentatives de rapprochement du président élu américain, Donald Trump envers la Russie, de très grands risques d’affaiblissement pour l’Alliance atlantique, propre à fournir à Poutine l’occasion de réchauffer ses liens avec les pays de l’Otan.
L’article revient sur les propos récents d’Andreï Kelin, le directeur de la coopération européenne du ministère russe des Affaires étrangères qui a plaidé pour » une normalisation avec l’Otan ».
« Ce virage russe est étonnant. Suivant la logique qui a été celle de la Russie ces dernières années, ce responsable russe aurait dû accuser l’Otan de se rapprocher des frontières russes. Or M. Kelin s’est répandu en éloge à l’endroit de l’Alliance tout en affirmant que le fait d’en faire partie est « logique ». Car » une adhésion à l’Otan assure les intérêts politiques des membres et économise les dépenses militaires ».
Pour Foreign Policy, il y a là » un changement de cap majeur dans la politique étrangère de la Russie » alors qu’il y a deux mois le ministre russe de la Défense avait promis de venger l’extension de l’Otan vers les frontières russes. » Le dégel russo-otanien s’enracine sans nul doute dans l’élection de Trump. La Russie a fait ce qu’elle a voulu : l’annexion de la Crimée, l’attaque patente et latente contre l’Ukraine, les menaces nucléaires, la mauvaise relation avec l’Otan ont nettement détérioré les liens avec Moscou. Et pourtant, Trump continue à effectuer son virage pro-russe au risque de se mettre sur le dos les milieux politiques américains. »
Pendant sa campagne électorale, Trump avait toutefois promis de couper des fonds destinés à l’Otan et a même conditionné la poursuite de ses coopérations avec l’Alliance. Il est même allé jusqu’à faire l’éloge de Poutine, « un dirigeant plus grand qu’Obama pour son peuple ». Le refus de Poutine de passer aux représailles suite à l’expulsion des diplomates russes des États-Unis a autrement suscité l’admiration de Trump. Une fois élu Trump a tenté de rassurer les partenaires de Washington au sein de l’Otan et le secrétaire général de l’Otan a rejoint ces efforts pour tenter de faire ramener la confiance au sein de l’Alliance.
Mais les alliés de Washington au sein de l’Otan ont peur et de plus en plus car la Russie semble trop « confiante ». Les propos du russe Kelin pourrait être la première tentative de la Russie pour tâter le terrain et faire une idée de ce qui va être la situation après l’investiture de Trump.
» Les propos de Kelin sont bien calculés. A quelques semaines de l’entrée en fonction du nouveau locataire de la Maison Blanche, la Russie a commencé à semer la discorde au sein de l’Alliance », ajoute la même source.
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