La peur

"Cependant, la peur qui pousse les péquistes est d'un autre ordre. C'est le sentiment qui hante les Canadiens français depuis 1759. La peur de disparaître." Manifestement, Pratte n'est pas péquiste, il ne craint pas de disparaître, lui qui s'exprime si bien, lui qui pense déjà dans la langue de Richler...

Réunis en fin de semaine, les militants du Parti québécois se sont montrés très favorables à une approche vigoureuse pour protéger et promouvoir la langue française. C'en est fini, a dit hier la chef du parti, Pauline Marois, de la «peur d'affirmer nos valeurs, d'imposer le français, d'enseigner notre histoire».
Cependant, la peur qui pousse les péquistes est d'un autre ordre. C'est le sentiment qui hante les Canadiens français depuis 1759. La peur de disparaître.
Cette crainte a poussé les Québécois à agir de toutes sortes de manières pour survivre et se développer comme nation originale en Amérique. Elle stimule le courage, la créativité, la vigilance. Malheureusement, elle frise parfois la paranoïa.
C'est ainsi que Mme Marois a parlé de la nécessité de «stopper l'érosion du français à Montréal». Or, cette érosion est une vue de l'esprit. Dans l'île de Montréal, le très léger déclin de la part des personnes qui parlent le plus souvent français à la maison (55,6% en 1996, 54,2% en 2006) ne s'explique pas par une montée de l'anglais (25,6% à 25,2%) mais par la hausse des autres langues (18,8% à 20,6%), phénomène normal en période de forte immigration.
«Ne pas pouvoir acheter un bagel en français, ça m'énerve», a dit le président du PQ, Jonathan Valois. L'anecdote illustre une situation regrettable que trop de Montrélais ont vécue au fil des ans; mais on ne peut y voir une preuve d'érosion du français. Autrefois, c'est dans les grands magasins du centre-ville qu'on était servi en anglais, pas seulement dans les petits commerces ethniques du boulevard Saint-Laurent.
La majorité des participants a approuvé l'idée d'imposer la loi 101 au niveau collégial. Le PQ avait rejeté cette hypothèse en 2002; pourquoi y revenir? La situation, dit-on, se serait détérioriée. Les allophones éduqués en français au secondaire s'en iraient de plus en plus dans des cégeps anglophones, voguant dès lors vers une assimilation certaine à la langue de Richler.
Pourtant, les statistiques ne montrent pas de dégradation à ce chapitre. En 2002, 43% des allophones ayant étudié en français au secondaire passaient à l'anglais au collégial. Cette proportion a diminué depuis pour passer à 40%.
Sur la base de données publiées la semaine dernière, les péquistes envisagent maintenant d'étendre l'application de la loi 101 aux garderies. On en rirait s'ils n'étaient pas sérieux comme des papes. Jusqu'où irons-nous dans le vain espoir de calmer cette peur ancestrale?
Mme Marois a sagement refusé de prendre position sur les idées mises de l'avant par ses militants, disant vouloir «prendre le temps de les évaluer». Une telle évaluation s'impose, en effet. En ce domaine, les mesures draconiennes génèrent souvent autant d'effets pervers que de bénéfices.

Featured e9ce29e1df8a56a11b26e68ffd733781

André Pratte878 articles

  • 317 107

[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé