Surprise sur prise. C’était le cas de le dire, mercredi.
Une autre, peut-être moins grande pour d’aucun.es, aurait été d’apprendre qu’Alexandre Cloutier était fédéraliste… On peut l’être sans le savoir.
Mais oui, Bernard Drainville a causé la surprise mercredi, heureuse pour certain.es, méchante pour d’autres sans doute. Mais, de toutes parts, il a suscité intérêt, réflexion, analyse, spéculation et commentaires. Généreux ou mesquins.
Depuis, on peut en entendre de toute les couleurs : choix logique, gros bon sens, sacrifice, calcul, mariage de raison, désertion. Voire manigances et « cachotteries »… Pour le « transparent » docteur Barrette, Bernard Drainville aurait des choses à cacher!…
Chacun.e impute donc ainsi à « l’homme de mercredi » les motivations qui auraient sans doute été les siennes dans pareilles circonstances et devant un tel dilemme : continuer ou non de se battre pour perdre.
Selon son dire, Bernard Drainville a pris sa décision suite à une récente réflexion, une réflexion peut-être accélérée, ou cristallisée, par des résultats de sondages ou de pointages et par les réactions hostiles de certains partisans lors du débat de Québec. Ceux-ci lui auraient reproché le fait d’avoir « jeté les gants », bien grands mots, alors qu’il ne faisait que poser ses légitimes questions à chacun.e des candidats de la course, en cherchant à provoquer ce qui est la raison d’être de ces rencontres : le débat. Et bien qu’avec de l’impatience, de l’insistance, de la fermeté, ce qui est normal, il le faisait avec honnêteté et sans hargne, alors que parfois, il est de petits ou grands sourires ou de blessantes allusions voilées qui, mine de rien, porte la hargne bien davantage. Il y a toutes sortes de façons de manquer de « fairplay » – prêtez-moi l’expression. Drainville n’en manque pas. Il joue franc jeu. Pas de détours, pas de séduction, pas d’entourloupettes. Le visage découvert.
Certains analystes ont supposé, comme explication à l’évènement, le refus de Drainville de se retrouver 3e dans la course, derrière le souriant candidat Cloutier, celui de l’ « ouverture » à l’autre et du ras-le-bol de l’identitaire. Peut-être cette explication est-elle plausible; peut-être est-elle même la plus plausible mais non par égoïsme, tout au contraire. Si, devant l’incroyable « exposure » dont bénéficie, dans les médias, ce « candidat préféré des journalistes » comme l’a écrit quelqu’un, devant cet « exposure » pour ne pas dire cet appui au « bel Alexandre » de Lisa Frulla, si devant cette « montée », comme la nomment ces mêmes médias, sondage à l’appui, c’était plutôt pour le bien de son parti que Drainville ait posé son geste ? Pour qu’on cesse de vouloir le vendre, ce parti, en même temps que l’identité québécoise, pour un « plat de lentilles » ? Plausible, tout à fait quant à moi, car ce « soutien » des médias pour Cloutier est étonnant, voire suspect, et l’ancien journaliste en a vu d’autres.
Mais ce qui est indiscutable, c’est que Drainville a bel et bien décidé, puisqu’il veut gagner et être de la partie, de se tourner vers le meneur de cette course, qui ne répondait pas à ses questions à son goût. Il a proposé de le rencontrer, de mesurer avec lui les possibilités de faire équipe pour poursuivre le travail pour l’indépendance du Québec. Ils se sont entendus; PKP a répondu aux questions de Drainville et leur programme se rejoignent : ceux, réalistes, de militants indépendantistes de centre – gauche et droite – qui reflètent davantage le Québec que ne le font la très droite et la très gauche positions. L’indépendance d’abord, dans le respect des Québécois.
On peut bien prêter à Drainville toutes les autres intentions que l’on puisse imaginer, de la plus noble à la plus perfide, mais il a fait ce qui semble le plus sage : se rendre à l’évidence – quelle qu’elle soit – et ajuster ses flûtes. Péladeau et lui feront un tandem enviable. Ils le savent et leurs équipes aussi. Leurs atouts personnels sont différents et très complémentaires. Ils ne feront pas le travail de persuasion avec les mêmes habiletés et les mêmes procédés, voire en privilégiant les mêmes arguments. Mais ces atouts seront décuplés. Et tant mieux si la réunion et la stratégie peuvent barrer la route, non pas de Cloutier mais des « cloutiéristes » comme les baptise Patrick Lagacé*, ceux et celles de tout acabit.…
Reste maintenant à voir la suite…
Nicole Hébert
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé