Les porte-parole de Québec solidaire et d’Option nationale, Françoise David et Sol Zanetti, accueillent comme une bouffée d’air frais l’appel au « rassemblement » des forces indépendantistes lancé par la députée péquiste de Joliette, Véronique Hivon.
La responsable de l’« équipe de préparation de l’indépendance » du candidat à la direction du Parti québécois Alexandre Cloutier s’est attelée à l’ambitieuse tâche de lancer la « refondation du mouvement indépendantiste ». D’ailleurs, elle cassera la croûte prochainement avec le chef d’ON, Sol Zanetti. « Je suis certaine que nous devrons rapidement agrandir la table pour accueillir les cousins, cousines ! », écrivait Mme Hivon dans une lettre publiée il y a près de dix jours dans Le Devoir.
«“Accueillir les cousins, cousines.” Je savais bien qu’elle parlait de nous », affirme la députée de Gouin, Françoise David, dans un entretien avec Le Devoir. « Je vais répondre à Mme Hivon et à M. Cloutier ce que j’ai toujours dit : Québec solidaire est toujours ouvert au dialogue, aux discussions, en particulier lorsqu’il s’agit de préparer la souveraineté. Ça, c’est certain », ajoute-t-elle.
Démarche inverse
Véronique Hivon souhaite travailler de concert avec les « forces » du mouvement indépendantiste pour trouver desréponses « aux questions légitimes des Québécois » sur le projet de pays du Québec, dont ils auront « dessiné les contours » ensemble. « On ne dit pas aux autres de venir vers nous. On veut aller vers eux », répète-t-elle.
Le chef d’ON, Sol Zanetti, y voit une volonté de jeter les bases d’une « collaboration multipartite » en vue des prochaines élections générales, prévues à l’automne 2018. « C’est la première fois que ça arrive. Pour moi, c’est extrêmement encourageant », dit-il lors d’une entrevue téléphonique avec Le Devoir.
Le discours de Mme Hivon — vue comme la colistière d’Alexandre Cloutier dans la course à la direction du PQ — tranche avec le discours traditionnel du PQ, qui a été caractérisé par les « appels au sabordage » de QS et d’ON : «“Rentrez dans le rang. Venez transformer le parti de l’intérieur.”» «Ça n’a pas dû plaire à tout le monde », fait remarquer M. Zanetti.
Dans l’attitude de Véronique Hivon, « il y a quelque chose de sincère et de rafraîchissant », poursuit la co-porte-parole de QS, Françoise David. « Ce que j’aime beaucoup de cette attitude, c’est qu’elle est très respectueuse de la présence d’autres partis souverainistes. Enfin, une personne quand même en vue à l’intérieur du PQ qui ne dit pas : “Pourquoi vous ne venez pas avec nous ?”»
Tout sauf la fusion
La « grande famille souverainiste » devra inévitablement entamer un dialogue franc au lendemain de la désignation du nouveau chef du PQ, en mai 2015. « Des discussions, il doit y en avoir, il devra y en avoir, quel que soit d’ailleurs le nouveau chef du Parti québécois », soutient l’élue solidaire Françoise David. « Ça peut être plus facile de discuter avec certains qu’avec d’autres… », ajoute-t-elle.
Toute « proposition intéressante » sera étudiée par les membres de QS. Ou presque. Québec solidaire exclut du revers de la main toute « fusion » avec le PQ. « Il n’y a aucune fusion envisageable. Québec solidaire ne fera pas un RIN de lui-même. Oubliez ça ! », lance Mme David, n’opposant toutefois pas une fin de non-recevoir à l’idée d’une coalition des forces indépendantistes. « Pour le moment, je n’ai aucun mandat de dire “oui” à une coalition, quelle qu’elle soit. Si jamais des propositions venaient dans ce sens, quelque chose d’assez solide, on le présenterait avec nos membres. Ce n’est pas moi qui décide. Je voudrais que ce soit bien clair. Je dis à la fois que j’ai de l’ouverture et que je n’ai aucun mandat pour dire oui à quoi que ce soit pour le moment », indique-t-elle au Devoir.
Candidats pour le « oui »
Avec de la « bonne foi » et de la « volonté politique », les partis politiques pourraient se « diviser intelligemment » les circonscriptions en vue du prochain scrutin, afin d’y présenter un seul candidat du camp du « oui », suggère M. Zanetti. Selon lui, à la fois le PQ, QS et ON pourraient en récolter les fruits. « Si les indépendantistes peuvent s’entendre sur un objectif commun d’indépendance de l’État tout en offrant aux citoyens plusieurs plateformes ou plusieurs valeurs de gouvernance différentes, je pense qu’on a une solution gagnante pour avoir le plus d’appuis possible », soutient-il à l’autre bout du fil. « S’il y en a qui refusent ça, il y va y avoir de grosses questions à poser sur leur honnêteté politique », ajoute-t-il.
M. Zanetti demeure persuadé que seul « un engagement clair à faire l’indépendance dans un premier mandat » pourra « réellement réunir » les forces indépendantistes. Pour le moment, seule la députée de Vachon, Martine Ouellet, promet la tenue d’un référendum dans un premier mandat. Pour sa part, Alexandre Cloutier lancerait le processus référendaire, mais seulement si le projet de pays du Québec bénéficie de l’appui écrit d’au moins un million de personnes. « Ce n’est pas clair [ce qui se produira] », note M. Zanetti. Cette divergence de vues ne l’empêchera pas pour autant de discuter avec Véronique Hivon. Pour le moment, il veut « encourager le plus possible » la démarche entreprise par l’alliée d’Alexandre Cloutier. « Je veux que ça se passe. Quand on sera rendus à faire le débat sur la démarche d’accession à l’indépendance qui est crucial, on le fera. [Pour l’heure], on a tous le devoir d’être de bonne foi », conclut-il.
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