Le chat est sorti de la toge!

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Un juge sans jugement et une ministre à faire honte





Nombreux sont ceux qui se demandaient quel énergumène avait bien pu porter plainte contre un avocat qui réclamait auprès d’une juge que le jugement qu’elle avait rendu en anglais soit traduit en français.


Le chat est finalement sorti de la toge! Il n’y a pas un seul énergumène, il y en a deux. Et ils occupent des postes importants dans notre système judiciaire.


Celui qui a déclenché toute l’affaire est le juge en chef de la Cour supérieure François Rolland, qui s’est dit étonné de la teneur et du ton de la demande de l’avocat, Frédéric Allali. Le juge en chef de la Cour supérieure est donc étonné qu’un avocat demande qu’un jugement soit disponible en français au Québec en 2015!


Ce qui est franchement étonnant c’est que le juge ne comprenne pas qu’il est anormal que la justice ne soit pas rendue en français au Québec. Il faut s’étonner également que François Rolland occupe d’aussi importantes fonctions en faisant preuve d’aussi peu de jugement.


L’autre énergumène, c’est le syndic adjoint du Barreau du Québec, Jean-Michel Montbriand (remarquez l’ironie de son nom!), qui s’empresse de déposer une plainte en déontologie contre l’avocat devant le Conseil de discipline du Barreau, l’accusant d’avoir fait «défaut de soutenir l’autorité des tribunaux». Ce «brillant» juriste se rend-il compte qu’il affaiblit «l’autorité du système judiciaire» en le déconsidérant aux yeux des Québécois?


Que fait le Barreau ?


Le Barreau ne peut jouer à Ponce Pilate et prétendre qu’il faut attendre que «son» comité de discipline se penche sur le cas. Le syndic doit infirmer la décision absurde de son adjoint afin de redonner un minimum de crédibilité au Barreau dans ce dossier.


Faut-il rappeler aux dirigeants du Barreau qu’ils ont le devoir de rendre la justice accessible à tous? Se pourrait-il qu’une condition incontournable soit de rendre les jugements en français ou de publier obligatoirement une version française s’ils sont rendus en anglais?


Le Bâtonnier du Barreau comprendra-t-il que son rôle n’est pas de «mettre des bâtons dans les roues de la justice», mais de faire en sorte que non seulement les citoyens impliqués dans une cause puissent comprendre parfaitement les jugements, mais qu’également l’ensemble de la population ait accès à ces jugements? N’y a-t-il pas une dimension éducative liée à notre système judiciaire?


L’ineffable ministre de la Justice du Québec


Jusqu’à ce jour, Stéphanie Vallée, ministre québécoise de la Justice, ne faisait pas partie de ce groupe de ministres qui se mettent régulièrement les pieds dans les plats. C’était fort probablement parce qu’elle n’en avait pas encore eu l’occasion!


L’occasion s’est donc présentée et elle ne l’a pas ratée. Loin de s’offusquer de la situation, la ministre a déclaré que «les juges ont la possibilité de rendre le jugement en français ou en anglais».


Doit-on lui rappeler que c’est Robert Bourassa, premier ministre libéral, qui a fait du français la langue officielle du Québec? Sait-elle que nous sommes au Québec, pas en Islande?


La justice doit-elle être obligatoirement rendue en français, quelle que soit la langue maternelle du juge?




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