Le fédéralisme canadien sur le point d’être remis sérieusement en question

Le « party » est terminé !

L’Alberta et la Saskatchewan pourraient bien être les premières provinces à se retirer de la fédération

A228a83b18a2912895e6d301070c6eb5

Au rythme où vont les choses, les Québécois pourraient fort bien se réveiller un jour seuls à tenir le grand seau du Canada... vide !

Le nez collé sur leurs petites réalités quotidiennes, fortement encouragés en cela par une presse paresseuse et complice du pouvoir en place, les Québécois sont rares à s’être rendu compte du cul-de-sac économique dans lequel le Canada s’est enfermé depuis le référendum de 1995. Croyant éviter le pire en optant pour le statu quo constitutionnel, ils ont fait aveuglément confiance aux fédéralistes, convaincus par la propagande que ces derniers étaient plus aptes à assurer leur prospérité.

Pourtant, s’ils s’étaient donné la peine d’y regarder à deux fois, ils auraient constaté que le Canada, autant sous la gouverne des Libéraux que des Conservateurs, étaient en 1993 et 1994 dans une situation si mauvaise que des grandes institutions comme le FMI ou l’OCDE avaient senti le besoin de tirer la sonnette d’alarme et d’avertir qu’il courait droit à la faillite s’il ne reprenait pas rapidement le contrôle de ses finances publiques.

[Ceux qui ont un peu de mémoire ->http://plus.lapresse.ca/screens/df84d2bc-267e-4dea-986f-138590a9ea05%7C_0.html
]
se souviendront que ces alertes avaient fini par convaincre le ministre fédéral des Finances d’alors, le Libéral Paul Martin, de resserrer vigoureusement les cordons de la bourse en sabrant dans les transferts aux provinces pour la santé, l'éducation post-secondaire et l'aide sociale, ce qu’il fera dès 1994 et de nouveau en 1997, suivant en cela l’exemple initial du gouvernement Conservateur de Brian Mulroney qui avait précédé les Libéraux au pouvoir. Harper fera de même en 2011.

Mais, outre de se faire essentiellement sur le dos des provinces, l’amélioration de la situation financière du Canada allait avoir, avec l’augmentation de la valeur du dollar canadien qui s’ensuivit, des conséquences particulièrement néfastes pour la compétitivité du secteur manufacturier qui était donc déjà très affaibli lorsque survint le choc de 2007.

Le résultat, nous le constatons aujourd’hui : l’Ontario, autrefois riche de ses activités manufacturières au point d’être la vache à lait du fédéralisme, figure désormais parmi les récipiendaires de « paiements de péréquation qui permettent aux gouvernements provinciaux moins prospères de fournir à leurs résidents des services publics sensiblement comparables à ceux d'autres provinces, à des taux d'imposition sensiblement comparables ».

Non seulement l’Ontario se retrouvait-elle dans le camp des provinces pauvres, mais le Canada retombait-il dans une situation de dépendance à l’endroit de ses richesses naturelles pour assurer sa prospérité, comme cela avait été le cas jusqu’au début des années 1960, avant que l’industrialisation rapide de l’Ontario ne lui permette d’échapper à la succession rapide de cycles d’expansion/récession si communs aux pays qui en dépendent.

Pour inconfortable qu’elle soit, cette situation peut-être vivable tant et aussi longtemps que la croissance économique est au rendez-vous et que la demande pour ces ressources se maintient. Mais ce n’est justement plus le cas. Le pétrole, puisque c’est de cette ressource qu’il s’agit principalement, est une source d’énergie en fin de cycle. Non seulement les sources alternatives se multiplient-elles, mais l’utilisation du pétrole est-elle à l’origine de problèmes environnementaux si importants par leur ampleur qu’ils menacent dans un horizon pas trop lointain l’équilibre de la planète et la survie de l’espèce humaine, comme en témoignent les nombreux dérèglements climatiques dont nous subissons déjà les effets.

Et comme si cela ne suffisait pas, il se trouve que la plus grande part du pétrole canadien est d’origine bitumineuse, le plus polluant qui soit tant aux stades de l’exploration, de la production, du transport que du raffinage à cause de sa forte teneur en soufre, en plus d’avoir le coût de production le plus élevé.

Les États-Unis, pourtant peu regardants en la matière, se sont appuyés sur l’argument de l’environnement pour refuser la construction sur leur territoire du pipeline Keystone XL qui aurait désenclavé le pétrole albertain en en permettant le transport jusqu’aux raffineries du Golfe du Mexique.

Tout récemment, en décembre, ils ont levé le moratoire interdisant depuis le début des années 1980 l’exportation de pétrole américain et ont libéré leurs réserves stratégiques, ce qui a eu pour effet presque immédiat de faire fondre à tout près de zéro le différentiel entre le WTI (brut de référence américain) et le Brent (brut de référence européen) alors qu’il avait atteint jusqu’à vingt $ ces dernières années.

L’élimination de ce différentiel, si elle devait perdurer, aurait pour effet de reporter et peut-être même d’annuler la construction du pipeline Énergie Est car le principal argument économique qui en justifiait la nécessité était justement l’existence de ce différentiel qui se trouvait à pénaliser les provinces de l’Est, soumises au prix du Brent.

On comprend donc le choc énorme que représente, pour l’économie canadienne et la capacité de redistribution du gouvernement fédéral, l’effondrement du prix du pétrole, passé au cours des derniers dix-huit mois de 105,86 $ US pour le WTI à 34$ US au moment où ces lignes sont écrites .

On comprend assez facilement que l’économie des provinces productrices, Alberta, Saskatchewan et Terre-Neuve, soit touchée. Mais il faut être familier avec l’économie de l’énergie pour évaluer toutes les répercussions d’une telle chute dans toute l’économie canadienne, répercussions qui vont se faire ressentir avec un délai d’environ dix-huit mois selon le modèle des dominos. Autrement dit, nous ne ressentons maintenant que les tout premiers effets de la crise, et nous savons déjà que cette crise sera de longue durée. Le FMI et l’AIE ont tous deux confirmé au cours des derniers mois qu'elle pourrait durer plus de cinq ans !

S’agissant de pétrole, il est essentiel de comprendre que cette industrie est aussi gourmande en capitaux qu’elle est frugale en main-d’œuvre. Entre le moment où des explorations sont lancées et celui où le pétrole trouvé se retrouve dans votre voiture, il peut s’écouler de 20 à 25 ans. Qui plus est, les coûts d’exploration, de mise en production, de transport et de raffinage sont très élevés et exigent la mise en place d’une infrastructure très lourde. Il faut financer tout cela à coups de centaines de milliards par entreprise.

Lorsque l’industrie est en phase d’investissement, les retombées sont énormes, dans le secteur bancaire, l’immobilier commercial et résidentiel, le commerce de détail, etc. Mais lorsqu’elle est en phase de contraction, surtout si elle est aussi prononcée que l’actuelle, la saignée devient franchement douloureuse et peut même être mortelle, jusqu’au sens littéral du terme, comme en fait foi cette augmentation de 30 % des suicides en Alberta au cours de la dernière année.

Au cours de l’année qui s’amorce, l’Ouest connaîtra la pire vague de faillites personnelles et commerciales de son histoire et l’effondrement de son marché immobilier, avec des conséquences catastrophiques qui se feront ressentir partout au Canada. Les autorités le savent, mais se sont bien gardées d’en parler sauf de manière bien indirecte, comme l’a fait le gouverneur de la Banque du Canada peu avant Noël en annonçant la possibilité qu’elle baisse son taux d’escompte sous zéro, donc en territoire négatif, dans les prochains mois, du jamais vu dans toute notre histoire.

C’est dans ce contexte que La Presse, ou ce qu’il en reste, nous apprend aujourd’hui que le gouvernement fédéral s’attend à des tensions prochaines avec les provinces sur le financement des services de santé dans un contexte de vieillissement de la population lorsque la demande augmente et que la croissance économique ralentit, et où les plus jeunes sont dans l’Ouest et les plus vieux dans l’Est du pays.

La situation économique actuelle risque fort de précipiter les événements, et il y a gros à parier qu’on parlera également de péréquation, comme l’a laissé entendre le premier ministre de la Saskatchewan d’abord au mois d’août dernier pour souligner l’injustice d’une formule qui force les provinces productrices à contribuer au programme pendant trois ans alors qu’elles n’ont plus les revenus pour le faire,et de nouveau peu avant Noël pour demander que le fédéral retourne l’argent perçu dans les provinces productrices lorsqu’elles ne tirent plus de revenus de la production.

À la clé de ces discussions, il y aura des milliards, et le gouvernement fédéral sera en très mauvaise posture. Éventuellement toutes les provinces auront à se poser la question de savoir si le fédéralisme demeure rentable pour elles, et le risque est désormais élevé qu’elles soient plusieurs à conclure que non, notamment l’Alberta pour les raisons qu’expose brillamment cette courte vidéo américaine intitulée The end of Canada ? et sous-titrée The greatest secession crisis in the next decade may well be in Canada -- and it won't be Quebec :

Bien entendu, le Québec n’échappera pas à ce questionnement et c’est certainement ce qu’avait en tête Pierre Karl Péladeau dans lorsqu’il commentait un excellent article de Konrad Yakabuski paru dans le Globe and Mail juste avant la fin de l’année :

Tension

Le grand quotidien canadien annonce des jours sombres pour le Canada à la lueur de la baisse drastique des cours du pétrole depuis les derniers mois.

À la concorde relative, le système fédéral fera place à la revendication de plus en plus méchante (nasty) entre les différents intérêts contradictoires qui existent entre les provinces et le gouvernement fédéral alimenté financièrement par les citoyens et les territoires qui existent au Canada.

Nous verrons bien comment le premier ministre Libéral Couillard saura conjuguer l'incompatible, lui qui est devenu un expert en génuflexion devant les fédéraux.
Dans un élan de clairvoyance, peut-être sera-t-il en mesure de comprendre que nous serions mieux à même de dépenser nous-mêmes les 50 000 000 000 $ que nous envoyons à Ottawa chaque année afin de pouvoir véritablement nous développer économiquement.

J'avoue être dubitatif !

Il n’est pas le seul.

Vigile est convaincu depuis déjà quelques années que le Canada est engagé sur la voie de la dislocation, comme l’indique très clairement le titre d’un article d’abord paru il y a trois ans, le 1er février 2013, Le processus de dislocation de la fédération canadienne est sur le point de connaître une accélération rapide, dans lequel je décrivais déjà la dynamique qui l’annonçait, puis dans un second article paru quelques semaines plus tard et intitulé Avez-vous dit « pétrole » ou « pétrin » ? dans lequel j’expliquais le rôle d’accélérant que jouerait le pétrole dans cette dislocation vu les risques associés à une trop forte dépendance économique aux matières premières.

La seule question à laquelle nous n’avons toujours pas de réponse est celle de savoir combien de temps encore les Québécois continueront de croire que leur avenir économique est mieux assuré à l’intérieur de la fédération canadienne plutôt qu’en leurs mains propres. Au rythme où vont les choses, ils pourraient fort bien se réveiller un jour seuls à tenir le grand seau du Canada... vide !


Laissez un commentaire



14 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    11 janvier 2016

    Pierre Fortin:''Nous faut-il redouter que Phillipe Couillard ajoute les malheurs de l’Alberta à ses arguments en faveur d’Énergie Est. On verra...
    En tout PKP y pense:
    11-01-2016
    ''Le chef péquiste Pierre Karl Péladeau qualifie de «collusion légale» l’embauche par TransCanada d’un lobbyiste fortement associé aux libéraux de Philippe Couillard. ''
    «Plutôt que de défendre les intérêts du Québec, des Québécois et de notre territoire, Philippe Couillard et ses amis libéraux défendent les intérêts des actionnaires de Trans Canada et des provinces de l’Ouest», affirme-t-il.
    http://quebec.huffingtonpost.ca/2016/01/11/pkp-denonce-lembauche-dun-militant-liberal-par-transcanada_n_8954708.html

  • Archives de Vigile Répondre

    10 janvier 2016

    Nous faut-il redouter que Phillipe Couillard ajoute les malheurs de l'Alberta à ses arguments en faveur d'Énergie Est. On verra.
    Il serait honteux et outrancier qu'il en vienne à prétendre que l'avenir du Canada dépend désormais du Québec!

  • Archives de Vigile Répondre

    9 janvier 2016

    Oui mais pourtant,Couillard fait son possible:
    TransCanada embauche un influent libéral
    Patrice Ryan agit comme lobbyiste pour le pipeline Énergie Est
    http://www.ledevoir.com/environnement/actualites-sur-l-environnement/459805/transcanada-embauche-un-influent-liberal

  • Jean-Claude Pomerleau Répondre

    9 janvier 2016

    Alberta : ça va mal à la shop.
    The Death Of The Canadian Oil Dream, A Firsthand Account
    Submitted by Tyler Durden on 01/08/2016
    (...)
    In short, Alberta is at the center of Canada’s oil patch and has suffered mightily in the wake of crude's seemingly inexorable decline.
    Going into last year, Alberta expected its economy to grow at a nearly 3% clip. That forecast was reduced to 0.6% in March and further to -0.6% in the latest fiscal update. Oil and gas investment has fallen by a third while rig activity has been cut in half.
    The fallout is dramatic. Food bank usage in Alberta is up sharply and so, unfortunately, is property crime in places like Calgary where vacancy rates in the downtown area are at their highest levels since 2010. Suicide rates are on the rise as well while the outlook for unemployment continues to darken with each passing month of “lower for longer” oil prices.
    Below, find excerpts from an excellent account of the malaise penned by Jason ‎Markusoff who writes about Alberta, lives in Calgary, and has spent 12 years reporting for the city's largest newspapers.
    http://www.zerohedge.com/news/2016-01-08/death-canadian-oil-dream-firsthand-account
    En complément :
    "The Death Of The Alberta Dream," by Jason Markusoff as originally published at Macleans
    ...
    La contribution de l'Alberta à la péréquation cette année est établi sur la base d'un baril à 100 $, alors qu'il est à moins de 20 $. Le Québec est perçu comme le principal bénéficiaire. De quoi faire réagir dans cette province qui voit son économie s'effondrer.
    JCPomerleau

  • Archives de Vigile Répondre

    8 janvier 2016

    Que le Canada se disloque progressivement et dérive vers l'insignifiance, cela ne me tire pas la moindre larme. Cette situation de fait ne rendra que plus clair le choix des québécois face à leur avenir collectif.
    Un seul avenir prometteur: l'indépendance du Québec!!!

  • Jean-Claude Pomerleau Répondre

    8 janvier 2016


    Le pétrole bitumineux se vends avec un gros escompte :
    Canadian heavy crude oil collapse below $20 - a record low!!


    Current prices are “below shut-in levels,” said Tim Pickering, founder and chief investment officer of Auspice Capital Advisors Ltd. in Calgary. There’s no incentive to ship Canadian crude to the U.S. Gulf Coast and producers may start annual maintenance sooner than planned, he said. “We’re the last barrel produced and we’re the first barrel shut in.”
    http://www.zerohedge.com/news/2016-01-08/if-you-are-oil-bull-dont-look-these-2-charts
    JCPomerleau

  • Jean-Claude Pomerleau Répondre

    8 janvier 2016

    Un article de fond, très bien étayée avec une série de tableaux, sur les raisons qui tirent le prix du barils vers ... 10 $ us :
    2016: Oil Limits & The End Of The Debt Supercycle
    http://www.zerohedge.com/news/2016-01-07/2016-oil-limits-end-debt-supercycle
    Regardez bien le tableau (figure 3 ). Le prix du pétrole sur une longue période en dollars constant (réf : 2014).
    !980 : Au moment où Trudeau impose à l'Alberta le Plan National de l'Énergie (NEP) le prix du barils est 35 $ (100 $ constant de 2014).
    Le prix s'effondre à 10 $ en 1982 (20 $ constant de 2014) qui entraîne le désastre financier en Alberta ,qui sera attribué au NEP. Donc à Trudeau.
    En 2008, le prix est revenu à plus de 100 $.
    Monté en puissance de l'Alberta et la Saskatchewan. Lors de l'élection fédérale (2008) les deux PM de ces provinces vont mettre l'unité du pays en jeu pour défendre leurs intérêts énergétique face à Stéphane Dion et son Tournant vert. Les réactions des chefs successifs du Parti Libéral du Canada :
    http://vigile.quebec/Stephane-Dion-le-grand-pourfendeur
    JCPomerleau

  • Archives de Vigile Répondre

    7 janvier 2016

    Intéressant, le contexte économique est de plus en plus favorable pour les indépendantiste québécois et non-québécois, dans l'ouest surtout. Toutefois il reste que la pricipale raison pour faire l'indépendance du Québec c'est de créer un foyer national pour les canadiens-français et l'économie est tout à fait secondaire. Ainsi l'économie n'était pas du tout le motif principal à la création de l'État d'Israel, ni pour d'autres pays. Pour faire l'indépendance nous devons donc mettre l'accent sur notre culture, notre histoire et la pérennité de notre identité.

  • Archives de Vigile Répondre

    7 janvier 2016


    Bel éditorial Monsieur Le Hir, je me permets une remarque.
    « À la concorde relative, le système fédéral fera place à la revendication de plus en plus méchante (nasty) entre les différents intérêts contradictoires qui existent entre les provinces et le gouvernement fédéral alimenté financièrement par les citoyens et les territoires qui existent au Canada. » — Pierre Karl Péladeau
    Jacques Parizeau disait sensiblement la même chose, que le Canada est trop grand et trop diversifié pour être dirigé par un pouvoir centralisateur.
    Sans compter que le Family compact ne s'est jamais vraiment éteint.

  • Archives de Vigile Répondre

    7 janvier 2016

    Le party est terminé...mais pas l'état canadian!
    Le Canada était engagé dans la voie de la dislocation dans les années 1992-1993, et les Libéraux ont réagi en pigeant dans l'assurance-emploi, en pelletant le déficit d'Ottawa aux provinces, en gardant en place la TPS..etc.
    et le Canada a été économiquement remis sur pied.
    Croire que le prix du baril à 35$ va faire éclater le Canada me semble impossible. L'Alberta a une marge de manoeuvre, Ottawa en a aussi (en remontant la TPS ou en faisant de nouveaux énormes déficits , par exemple). Cela ne veut pas dire qu'il n'y aura pas de soubresauts sociaux, de violence, même, ou de meilleur positionnement des partis séparatistes de l'Ouest, mais au bout du compte, cela ne mettra pas l'unité nationale canadian à mal.
    croire que l'indépendance du Québec se fera à partir des remous de l'Ouest est aussi dangereux parce que cela signifie que l'on a rien à faire au Québec et que l'indépendance va nous arriver tout cuit dans le bec. Rien n'est plus faux!
    J. Binette, MOntréal

  • Marius Morin Répondre

    7 janvier 2016

    Oui, si l’analyse proposée est bonne, PKP doit présenter un plan économique solide, basé sur des investissements réels (et non sur des promesses électorales) pour maintenir et inviter le Québec au travail. Comme vient de le dire Marcel Haché, ne donnons pas une bouée de sauvetage, celle de la peur, aux Libéraux. Ils vont nous gouverner encore pendant des décennies.

  • Peter Benoit Répondre

    7 janvier 2016

    @ Marcel Haché
    D'accord avec votre commentaire et j'ajouterais ce qui suit:
    1) Le Québec a bénéficié d'une hausse importante des transferts fédéraux, notamment la péréquation, sous Charest. Ceci combiné à la retraite massive des baby-boomers dans les années 2000 a permis de "créer" plusieurs centaines de milliers d'emplois de ce qu'on appelle encore l'effet libéral.
    Évidemment, puisque l'essentiel des baby-boomers ont été remplacés, le chômage ne peut que monter si le taux de croissance du PIB demeure anémique et d'autant plus si l'immigration est en hausse. Quant à la péréquation, les projections du gouvernement Couillard prévoient des réductions importantes dès 2017.
    2) Les Canadiens ont élu Trudeau et vous constaterez que l'essentiel des provinces et des grandes villes canadiennes (dont Montréal) sont gouvernées par des Libéraux. La liste des demandes est longue, soit plusieurs dizaines de milliards de $.
    Combiné avec des revenus en chute libre autant pour les provinces que le fédéral, le Canada va s'enliser dans plusieurs dizaines de milliards de déficit dans les prochaines années. Que fera Trudeau ?
    3) Il y a toujours la rengaine qu'un dollar canadien faible va stimuler les exportations, donc les emplois et la croissance économique. Toutefois, sur un an, le Canada n'a toujours pas récupéré la valeur de ses exportations.
    Mais il y a plus: Les principaux pays exportateurs sont engagés dans une "currency war". Pas plus tard qu'hier, la Chine a recommencé à dévaluer le yuan: Même si le dollar canadien baisse, toutes les autres baissent aussi de sorte que le Canada n'a plus d'avantages compétitifs à ce niveau. Bref, ce qui avait fonctionné lors de la dure récession de 2001-2002 ne fonctionnera pas en 2016.
    4) Ironiquement, avec la baisse du prix du pétrole, il n'y aura plu de province riche au Canada ! À moyen terme, l'Ontario va devoir prendre le relais alors qu'elle n'en a plus la capacité. À long terme, le Québec pourrait même devenir une province riche ! Le scénario est une baisse durable de la péréquation pour le Québec, si chère à nos fédéralistes.
    5) Enfin, le monde a changé et je crois que les Québécois et les gens en général votent en fonction de leur qualité de vie et, en particulier, leur niveau de vie. La preuve est que la chute brutale du prix du pétrole a permis les élections de Rachel Notley en Alberta et Trudeau; ce qui était impensable il n'y a de ça que quelques mois.
    En 2018, les Québécois vont se dire quel est le parti qui permet ou permettra au moins le maintien ou l'amélioration de ma qualité de vie en général d'où la prolifération des programmes électoraux avec cadres financiers à l'appui pour convaincre les électeurs qu'un parti ou un autre est le champion du maintien ou de la hausse de la qualité de vie.
    Le PLQ, si les conditions économiques ne s'améliorent pas, connaîtra le même sort que Harper. Pour le PQ, il s'agira de présenter un programme économique des plus solides pour assurer le maintien de la qualité de vie et du projet d'indépendance pour une hausse de la qualité de vie.

  • Jean-Claude Pomerleau Répondre

    7 janvier 2016

    La géopolitique de l'énergie a des effets disloquant sur la fédération.
    Alberta, la fronde pour évincer le NPD, nouvellement élu, du pouvoir :
    Anger over Notley government leads to growing fringe protests, threats of violence
    (...)
    ... Now, thanks to an arcane reading of the Elections Act, he is convinced he’s found a way to remove Premier Rachel Notley from office legally and democratically well before the end of her first term.
    In that effort he will almost certainly fail. But Clark is the avatar of an angry Alberta. And after a year of economic downturn and political upheaval, the brand of determined populism Clark embodies is on the rise on the fringes of Alberta’s political culture, organizing opposition to Notley and her government via plebiscite, popular protest, weird legal counter-measure — and, in extreme cases, even threats of violence.
    (...)
    http://news.nationalpost.com/news/canada/canadian-politics/jen-gerson-anger-over-notley-government-leads-to-growing-fringe-protests-threats-of-violence
    ...
    La dernière fois que le prix du pétrole s'est effondré avec une telle ampleur , L'Alberta a élu un député « séparatiste » :
    « In 1980, a separatist movement emerged in western Canada that attracted thousands of people to rallies and resulted in the election of a separatist to the Alberta legislature ». :
    https://en.wikipedia.org/wiki/Alberta_separatism#cite_note-2
    La géopolitique de l'énergie a des effet disloquant sur le fédération.
    JCPomerleau

  • Marcel Haché Répondre

    7 janvier 2016

    Si cette analyse a du sens-et je crois qu’elle en a beaucoup, le dollar est à $0,71- pourquoi les indépendantistes donneraient-ils tout à fait gratuitement maintenant la chance à la gang à Couillard de s’en sortir, grâce encore une fois à notre manie du référendum, la plus mauvaise stratégie électorale ?
    Proposer à l’électorat de tenir un référendum, c’est rien de moins que fournir une bouée de sauvetage aux rouges.
    Proposer maintenant d’en fournir la Question, c’est pire : c’est l’équivalent d’une promesse écrite à l’effet de leur fournir la maudite bouée qui les sauvera.
    C’est les enfoncer qu’il faut faire. Pas s’enfoncer nous-mêmes dans la Péquisterie.