Le phénomène Duceppe

Pour Harper, le BQ est un gérant d'estrade (sans pouvoir) Pour Pratte, le BQ est un spectateur (sans pouvoir) Pratte = Harper...



Au cours du débat des chefs en français, mercredi soir, le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a expliqué pourquoi il s'opposait à la suggestion d'un lecteur, la nationalisation d'une pétrolière par le gouvernement du Canada. «Ça serait un précédent et ça inciterait peut-être Ottawa à essayer de mettre la main sur l'électricité du Québec, et ça, absolument pas!» a déclaré M. Duceppe.
Personne n'a relevé cet étrange commentaire qui révèle une véritable paranoïa antifédérale. Pourquoi diable le gouvernement canadien voudrait-il «mettre la main» sur l'électricité du Québec? Le souhaiterait-il qu'il ne le pourrait pas, les ressources naturelles étant de propriété provinciale, selon la Constitution.

Mais M. Duceppe dit les choses avec une telle assurance, il jouit au Québec d'un tel capital de sympathie, sa vision des relations entre le Québec et le reste du pays est à ce point partagée que ses affirmations sont la plupart du temps acceptées comme vérités d'évangile.
Des imprudents donnaient le Bloc pour mort au début de la campagne électorale. C'était sous-estimer les talents exceptionnels de M. Duceppe. C'était aussi oublier à quel point il s'est bâti au fil des ans une tribune privilégiée. N'ayant jamais gouverné, il n'a pas de bilan à défendre; puisqu'il ne gouvernera jamais, il peut tout promettre et tout critiquer.
Si le gouvernement fédéral prend une décision avantageant le Québec, le Bloc s'en attribue le mérite et exige immédiatement des concessions supplémentaires (voir le dossier de la nation québécoise). Par contre, si Ottawa adopte une politique perçue comme néfaste pour le Québec, M. Duceppe refuse d'y voir quelque preuve de l'impuissance de son parti. Le Bloc gagne sur tous les tableaux.
Le parti fondé par Lucien Bouchard a tellement bien réussi à se définir comme seul défenseur des intérêts du Québec qu'il est devenu périlleux de le critiquer. Quel adversaire, pendant le débat des chefs, aurait osé lancer au chef bloquiste: «Cou'donc, M. Duceppe, vous qui savez comment régler tous les problèmes, vous n'auriez pas le goût de gouverner quelque chose, quelque part, au lieu de critiquer sans cesse?» L'impoli se serait fait répondre qu'il méprise l'électorat québécois.
Cette année, les Québécois se retrouvent pourtant devant des partis de gouvernement susceptibles de leur plaire. Les conservateurs de Stephen Harper ont pris des décisions importantes en faveur du Québec, notamment la reconnaissance de la nation. Néanmoins, beaucoup de gens balaieront du revers de la main ce geste historique au motif que quelques programmes de soutien aux arts ont été annulés.
Stéphane Dion est un leader intelligent, compétent et intègre. Il est de centre gauche, ce qui représente, répète-t-on, les valeurs profondes du Québec. Malgré cela, les électeurs d'ici vont le bouder pour l'unique raison que sa personnalité ne leur plaît pas.
Ne trouvant pas le gouvernement parfait, beaucoup de Québécois vont préférer voter pour un parti qui ne gouvernera pas du tout!
De nos jours, les gens de chez nous, qu'ils soient entrepreneurs, artistes, chercheurs, relèvent des défis à l'échelle de la planète. Rien n'est à leur épreuve: ils construisent, inventent, prennent des risques, négocient sans complexes avec des Américains, des Chinois, des Russes.
Il n'y a qu'un lieu où nous continuons à nous satisfaire du rôle de simples spectateurs: Ottawa.
apratte@lapresse.ca

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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