Piège ou option souverainiste pour le Québec?

Le pire de la crise et des scandales : une civière sur le dos du malade.

Depuis plusieurs années, le Québec s’engouffre de plus en plus dans une sorte de giratoire. Ingouvernable! On dirait que des «girouettes» en sont au gouvernail. On avance, on recule, on tourne en rond, aucune décision qui tienne exceptée celle de ne rien bousculer.

Tribune libre

Ça sent partout le moisi. Même au centre Bell, le syndrome de pourri sait transformer les plus belles victoires en ludiques cauchemars. On s’indigne de voir des voyous mettre du feu à la fête, mais rien à y faire, on s’en accommode! La police et les assurances règlent la note, se dit-on. C’est qui l’argentier de la Police, c’est qui l’argentier des assureurs? Les travailleurs.
Depuis plusieurs années, le Québec s’engouffre de plus en plus dans une sorte de giratoire. Ingouvernable! On dirait que des «girouettes» en sont au gouvernail. On avance, on recule, on tourne en rond, aucune décision qui tienne exceptée celle de ne rien bousculer. Pendant des années, le Québec investit toute sa foi dans la Santé. Je dis bien «foi». Le domaine est une forêt de dogmes. D’aucuns n’y voient qu’un problème de financements, et croient qu’avec le dieu dollar des murs de bétons feront bouger les civières. L’argent du béton, de la quincaillerie et des salaires est nécessaire. La culture organisationnelle et l’éducation sanitaire, le sont beaucoup plus. Important donc de lorgner du coté de la culture, des habitudes, des attitudes, des perceptions du mieux être individuel ou collectif.
Malgré toute une montagne d’efforts et de discours, la santé va toujours mal, c’est du moins la perception que les Québécois en avons. Qu’en est-il au juste? Nul ne saurait dire. Le fait est que l’attente est longue, que des erreurs ne sont pas rares, que des médecins traitent en urgence des grippés qui peuvent guérir seuls chez eux. Je me souviens avoir passé en début de cette année 7 heures d’attente à l’urgence, pour me faire dire que j’étais classé code 4 et que je ne pouvais m’en aller sans voir le médecin. Tout le monde le sait, excepté ceux qui sont dans l’action, notre système est malade de l’intérieur, et le dire semble porter préjudice au brave personnel concerné. Or, ce n’est pas eux le problème, plutôt le système. Tout justifie une consultation, une longue consultation, ou une consultation spécialisée! Comment en sommes-nous rendus là, et comment en sortir? Ni les patients, ni les agents du système de la santé, seuls, ne sauraient trouver l’issue. Des malades qui portent leurs civières, c’est autant exaspérant que désespérant.
La crise d’efficacité et d’incapacité de se soigner n’est pas confinée à la santé. Nos routes, nos écoles, nos usines, nos temples, etc., s’écroulent. Des fissures et des frictions se multiplient, et résistent au colmatage par commissions somnifères. Les derniers de nos joyaux, l’Identité, la Démocratie, la Famille et la Justice, sont pris dans le tourbillon. Quand la désignation des juges n’est plus du domaine sacré, ou quand ça en a l’air, c’est toutes les libertés qui s’enrhument.
Tout arrive presque en même temps. Mais à chaque fois, les médias, les contribuables et les élus concoctent des solutions ponctuelles au cas par cas, selon les tendances d’une majorité instable structurellement. Des patches de solutions ne peuvent soutenir la cohésion. Ce qu’il nous faut au Québec, ce ne sont pas des grèves, encore moins des lois. Ce ne sont pas non plus des états généraux de partis, plutôt des États généraux de la société. Le Québec d’aujourd’hui n’est pas né de la terre. Il est l’œuvre d’une révolution tranquille visionnaire. L’œuvre a fait son chemin. Elle nous a comblés de succès, et nous en sommes majoritairement héritiers. Ses ouvriers ne sont plus, ou sont à l’âge de la retraite. La relève dort, envouté par l’illusion du progrès. «Tout vas bien, tout est sous contrôle, nous sommes les meilleurs», psalmodions-nous au fond de nous. Mais rien ne va plus. Les médias s’emploient à nous le marteler, à nous le rentrer dans la caboche. Ca pogne vite. Nous sommes les meilleurs, et rien ne va. La leçon est bien mémorisée. Le bug, c’est l’énigmatique incapacité de rebondir. Je nous invite à y réfléchir. Si hier la révolution tranquille a puisé son alimentation des valeurs chrétiennes et des sermons du dimanche au temple ou à l’auditorium universitaire, que sont devenus ces alma mater de notre heureux destin? Qui a pris le relais?
Le pire des crises de notre société n’est pas à venir. Il est à l’origine du giratoire. Nos médias ont usurpé le trône de la gouvernance et de l’éducation des masses. Peu de médias font du bon travail, mais sont comme des pharmacies bourrées de médicaments mais sans pharmacien ni médecin pour administrer les prescriptions. Beaucoup de médias produisent du poison, et touchent la majorité de la population. Le sensationnel, la publicité au service de l’abrutissement constituent leur ligne éditoriale! Quelles productions sont les plus consommées, et quelle contribution apportent-elles au maintien du mieux être et de l’harmonie sociale? Sacré, ils sont intouchables. Ils critiquent tout, surfent sur des rumeurs, des demies vérités et des tragédies au jour le jour, mais personne ne peut les critiquer, au risque de recevoir leurs foudres.
Pas même les bons médias, ou les médias spécialisés, encore moins les élus.
Autant ils divaguent, voguant d’une actualité sensationnelle à une autre, nous sommes dispersés. Globalement, il me parait que nous sommes 20% à gauche, 20% à droite, 20% au centre droit et au centre gauche. Mais la configuration change, tel sur du sable mouvant, à chaque tempête. Comme il y a trop de tempêtes, nous ne savons plus qui nous sommes, ni avec qui nous sommes. Ainsi notre modèle de démocratie est dysfonctionnel, il est à revamper.
Il y a place à un examen de conscience et à un diagnostique approfondi du rôle et des pouvoirs des médias, des élus, des citoyens, des juges et des corporations. Aussi, devons-nous revisiter la superstructure des projets de société portés par les politiciens, qui encadre l’esprit et l’exercice des libertés.
Il faut s’y pencher sérieusement. Croire ou faire semblant de croire que les médias servent notre démocratie, c’est en soi une maladie qu’ensemble nous devons soigner. Quand la société craque de partout, obstinément, les médias ne peuvent en être ni indifférents, ni innocents. Évidemment, le défi qui s’impose est celui d’un diagnostique de l’ensemble des composantes systémiques de notre société.

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François Munyabagisha79 articles

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Psycho-pédagogue et économiste, diplômé de l'UQTR
(1990). Au Rwanda en 94, témoin occulaire de la tragédie de «génocides»,

depuis consultant indépendant, observateur avisé et libre penseur.





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