Le poids des mots

Québec 2007 - Parti Québécois



En lançant sa campagne électorale mercredi, le chef du Parti québécois, André Boisclair, a évité de parler d’un référendum, préférant l’expression «consultation populaire». Au Québec, l’affaire est presque passée inaperçue, mais le Globe & Mail, le «journal national du Canada», en fait sa manchette ce matin. Beaucoup de bruit pour rien?
Puisqu’il s’agit de convaincre, la politique est affaire de mots. Le choix des mots n’est donc jamais banal. Or, il est fascinant de constater combien les mots choisis par les souverainistes ont évolué au cours des années.
Tenez, prenez seulement ce vocable, «souverainiste». En 1961, Marcel Chaput écrivait «Pourquoi je suis séparatiste». Aujourd’hui, parler des souverainistes comme de séparatistes, c’est les insulter, faire une campagne de peur. Pourtant, pour l’essentiel, le projet est le même. Seuls les mots ont changé, de séparatiste à indépendantiste à souverainiste.
L’indépendance est devenue souveraineté-association, puis souveraineté-partenariat. Dans la dernière mouture du programme du PQ, on parle d’avantage de «faire le pays».
Alors, si M. Boisclair a parlé de «consultation populaire» plutôt que de référendum, ce n’est certainement pas innocent. Et cela a évidemment un lien avec le fait que, selon le plus récent sondage Crop-La Presse, 67% des Québécois ne souhaitent pas la tenue d’un référendum au cours du prochain mandat du gouvernement du Québec. Avoir comme élément central de son programme quelque-chose dont les deux tiers des électeurs ne veulent pas, c’est risqué!
Pour les fédéralistes, dont je suis, cette façon des souverainistes de jouer avec les mots pour rendre leur option moins apeurante est choquante. Donner à son projet fondamental des noms toujours plus doux, n’est-ce pas du camouflage pur et simple?
Mais bon, les souverainistes parmi nos lecteurs diront que je suis biaisé.
Toutefois, même eux ne ressentent-ils pas un certain malaise? Car enfin, si les Québécois optaient avec enthousiasme pour l’idée de faire du Québec un pays indépendant, séparé du Canada (c’est bien ça le projet, non?), y aurait-il besoin de trouver à chaque décennie de nouveaux mots pour le dire?
Fédéralistes, souverainistes, autonomistes, dites-moi ce que vous en pensez.

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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