La barre à gauche, toute!

Québec 2007 - Parti Québécois


Il promettait de " recentrer " le Parti québécois. Il voulait " libérer le capital " et réhabiliter l'investissement créateur de richesse. Mais André Boisclair s'est vite fait rattraper par la réalité - le PQ penche toujours un peu à gauche - et il a dû s'y plier. Dans le discours, du moins.
Le rassemblement le plus important de la campagne du Parti québécois était plutôt réussi, hier. Près d'un millier de personnes, dont plusieurs jeunes attirés par Les Respectables, avaient bravé la tempête pour venir entendre le tandem souverainiste Gilles Duceppe et André Boisclair.
Le discours du chef péquiste s'est métamorphosé depuis le début de la campagne. Devant un Mario Dumont qui parle constamment de la famille, des enfants et même, plus récemment, des aînés, son adversaire péquiste a dû mettre au rancart ses envolées sur la mondialisation et le labyrinthe du protocole de Kyoto.
" Tous les souverainistes, tous les progressistes, tous les féministes, tous les environnementalistes, tous les altermondialistes à l'ouvrage pour le 26 mars! " a lancé hier André Boisclair.
Ce virage à gauche n'est pas surprenant. Déjà le jeune chef avait fait grincer des dents avec son discours " new Labor ". Les Marc Laviolette et Pierre Dubuc, membres du SPQ libre, avaient critiqué les engagements de leur parti à réduire à zéro la taxe sur le capital - un clin d'oeil à ceux qui justement en ont, du capital.
Hier, M. Boisclair n'en avait que pour les familles. Il évoquait avec angoisse un Québec aux " écoles riches et écoles pauvres " que ferait apparaître l'ADQ avec l'abolition des commissions scolaires.
Campagne électorale oblige, ces passages de la droite vers la gauche sont fréquents. En 1996, Lucien Bouchard avait passé les syndiqués à la moulinette du déficit zéro et réhabilité les multinationales, invitées à ses sommets économiques. Mais cela ne l'avait pas empêché d'assimiler Jean Charest au " vent froid de la droite ", en 1998. M. Charest était alors présenté comme la réincarnation québécoise de Mike Harris. À la campagne de 2003, les libéraux avaient graduellement mis en sourdine leur " réingénierie " technocratique pour favoriser les baisses d'impôt attendues par les salariés.
Tous les politiciens changent de registre en campagne électorale - même le cérébral Jacques Parizeau y allait en son temps d'engagements biens sentis sur le " Québec cassé en deux ", entre riches et pauvres essentiellement.
Que reste-t-il dans l'imaginaire collectif des engagements de campagne de Bernard Landry en 2003? La semaine de quatre jours et probablement des abattements fiscaux pour les vacances familiales.
En politique, la proximité fait recette.
Aussi, bien que Mario Dumont soit décrit comme un politicien de droite, il parle depuis le déclenchement de sa campagne d'allocation aux enfants, d'ombudsman de l'enfance, d'une commission d'enquête sur le sort réservé aux aînés... On a vu plus percutant comme discours de droite.
Hier, Gilles Duceppe avait donné le ton dans son discours, quelques minutes avant celui d'André Boisclair. Le PQ, martèle-t-il, reste " le seul parti progressiste qui peut gagner ". Sortie obligée pour le chef bloquiste, dont c'était hier le 10e anniversaire à la tête du parti fédéral : il retrouvera aujourd'hui M. Boisclair au défilé de la Saint-Patrick. Il n'y aura pas d'estrade; André Boisclair ne pourra pas, comme il l'a fait hier, bondir sur la scène pour sa douche d'applaudissements avant même d'avoir serré la main à son allié venu d'Ottawa.
Hier, le chef bloquiste a exhorté les troupes à serrer les coudes derrière André Boisclair : " Entre nous, c'est la collaboration, pas la compétition. " Mais il ajoute qu'il faut " du réalisme " quand on lui demande si, comme le dit André Boisclair, un gouvernement péquiste minoritaire peut déclencher un référendum. Il a eu cette formule choc : " Imaginez l'axe Dumont-Harper à l'oeuvre. " L'axe du mal revisité par le chef bloquiste.
Mais Gilles Duceppe n'a pas été chiche hier et a mis son poids derrière Boisclair. Le chef péquiste a pris du galon depuis le débat des chefs. C'était son baptême du feu, a rappelé M. Duceppe, soulignant en passant qu'il avait pour sa part franchi 11 fois l'épreuve
Le bloquiste s'en est tenu à une allocution brève, sans autre visée que de chauffer la salle pour André Boisclair. " Il a montré qu'il avait la stature qu'il fallait pour devenir premier ministre ". (...)


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