L’aspirant chef du Parti libéral Pierre Moreau remet en cause la pertinence du cégep dans le système d’éducation québécois. L’idée ne fait toutefois pas l’unanimité auprès des autres candidats qui ont débattu d’éducation et de relève devant quelques centaines de militants au cégep Maisonneuve à Montréal, dimanche.
« Il faut […] ouvrir le débat sur la pertinence des cégeps ; on est la seule province au Canada qui avons un système de cégep et on est celle qui est prise avec les chiffres qui sont accablants en matière de diplomation », a lancé Pierre Moreau, citant une étude récente des HEC qui indique que le taux de diplomation universitaire québécois est de quatre points inférieur à celui de l’Ontario et de deux points inférieur à la moyenne canadienne.
Philippe Couillard n’a pas mis de temps à réagir, fermant catégoriquement la porte à cette idée. « Moi, je pense que c’est un outil de développement économique pour nos régions. » En point de presse, l’ancien ministre de la Santé est revenu sur l’histoire des cégeps, affirmant que cela avait été « un des instruments les plus utiles pour augmenter la scolarisation des Québécois ».
Pierre Moreau est revenu à la charge, accusant son adversaire de refuser les débats. « Ce que Philippe [Couillard] vient de nous dire, c’est que le PLQ va se fermer à l’idée de se poser la question sur la pertinence des cégeps parce que lui conclut que c’était un bon système. La course au leadership, c’est l’occasion de faire des débats. Et pour faire des débats, il faut poser des questions. »
L’économiste du groupe, Raymond Bachand, est resté en marge sur ce thème, plus intéressé par la question des frais universitaires. « Les étudiants doivent faire leur juste part […] Il est clair qu’à partir du moment où on demande une contribution aux contribuables, aux citoyens qui payent des taxes importantes pour 400 millions de plus, il faut au moins qu’on demande la même chose aux étudiants. » Il en a profité pour décocher quelques flèches à celui qui semblait être son principal adversaire, Philippe Couillard, qui évoquait l’indexation comme étant un point de départ. « Indexer, ce n’est pas suffisant. C’est une question de justice sociale. »
Lorsque ce dernier a rappelé que deux universités québécoises se retrouvaient dans le top 100 mondial, Raymond Bachand y est allé d’une attaque plus directe. « Philippe, je trouve que ça n’a pas de bon sens ce que tu dis ! Ça fait dix ans que tout le monde s’entend [pour dire] que les universités sont sous-financées. »
Crise étudiante
Questionnés par l’animatrice Dominique Poirier sur la façon dont ils auraient géré la crise étudiante au printemps dernier, les trois aspirants chefs ont pris une petite distance par rapport à la gestion de Jean Charest. Raymond Bachand a soutenu qu’il « aurait fait les choses différemment » et qu’il se serait impliqué personnellement. Il considère néanmoins que la loi 78 a « assuré l’année scolaire de nos enfants et fait arrêter la violence d’un coup sec. »
Pierre Moreau a concédé que le gouvernement « aurait pu écouter davantage » les jeunes pour les inviter à « faire partie de la solution ».
De son côté, Philippe Couillard, qui n’était pas au gouvernement lors de la crise, dit avoir suivi le débat « d’un oeil de citoyen ». Il s’est dit d’accord avec la partie de la loi 78 qui assurait la protection de l’accès aux cours, précisant que la partie concernant « l’encadrement des manifestations était superflue ». Selon lui, « l’option d’un forum est une bonne idée » et, s’il faut discuter avec toutes les factions du mouvement étudiant, il ne faut pourtant « pas chercher l’unanimité avec toutes ».
Allégations et commission Charbonneau
Les trois candidats ont tenté de minimiser l’impact des allégations de corruption et des révélations de la commission Charbonneau sur la confiance des électeurs et des militants. « Il faut éviter de se lancer dans un débat où des allégations deviennent un fait avéré, deviennent un jugement », a résumé Pierre Moreau qui affirme que c’est « le devoir du chef du PLQ que de se tenir debout » pour défendre « la grande institution » qu’est le Parti libéral.
Raymond Bachand a évoqué l’idée que la commission Charbonneau aurait « peut-être » dû être mise en place six mois plus tôt. De son côté, Philippe Couillard a ouvert la porte à l’idée de doter le PLQ d’un code d’éthique qui toucherait non seulement les élus, mais tous les membres de la permanence.
Ce premier de cinq débats s’est déroulé dans une ambiance assez sympathique, les candidats voulant mettre la table pour les prochains débats qui risquent d’être plus corsés, comme l’a constaté Philippe Couillard en point de presse. « C’est difficile à dire [comment les prochains débats vont évoluer], cela va dépendre de ce qui va ressortir de la commission Charbonneau. Plus les révélations vont toucher notre parti, plus le sujet va être mis de l’avant. La commission reprend ses travaux le 21 janvier, alors ça aura un impact sur les trois derniers débats de la course. »
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